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Société - contestation

Violences nocturnes au lendemain des affrontements de Tripoli et Saïda

Les affrontements de la nuit de mardi à mercredi ont fait 81 blessés dans les rangs de l’armée.


Une femme nettoie l’intérieur d’une banque dont la devanture a été saccagée dans la nuit de mardi à mercredi à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

La tension est remontée d'un cran hier soir à Tripoli qui a été le théâtre de nouveaux affrontements entre manifestants et militaires, alors que la rue est restée plutôt calme dans la journée au lendemain de manifestations ayant tourné à l’émeute dans la capitale du Liban-Nord mais aussi à Saïda, capitale du Sud, et ayant fait 81 blessés dans les rangs de l’armée. Parallèlement, les protestations ont repris en soirée, notamment devant le siège de la Banque du Liban à Beyrouth et les branches de la BDL à Saïda et Nabatiyé, contre la dégradation de la situation socioéconomique, l'inflation et la dévaluation galopante de la livre libanaise.

À Tripoli, de violents affrontements ont eu lieu entre des manifestants et des militaires au rond-point de Mina. Les protestataires ont jeté des pierres et des pétards sur les soldats qui ont riposté en lançant des bombes lacrymogènes et en tirant des balles en caoutchouc pour les disperser. Les manifestants ont coupé la route à l’aide de pneus enflammés, réclamant que les personnes arrêtées la veille soient libérées, que les fonds pillés soient rendus et que des élections législatives anticipées aient lieu. Des contestataires ont également coupe la route à l’aide de pneus enflammés au niveau de la place al-Nour. Une patrouille des services de renseignement a en outre arrêté R.J., accusé d'actes de vandalisme dans la ville.

A Saïda, tout comme la veille, les manifestants ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles contre le bâtiment de la BDL et ont saccagé des agences bancaires dans la rue des banques. La situation restait tendue peu avant minuit alors que l’armée poursuivait les contestataires dans une tentative de les disperser.  À Choueifate, des cocktails Molotov ont été lancés sur la branche de la Byblos Bank en soirée.

La journée avait toutefois été plutôt calme, et seuls quelques dizaines de manifestants s’étaient rassemblés sur l’autoroute côtière, au niveau de Zouk Mosbeh, au son de chants patriotiques et révolutionnaires, et tenté de bloquer la circulation, avant d’en être empêchés par les forces de l’ordre.

Banques incendiées et distributeurs saccagés
Lors des émeutes survenues dans la nuit de mardi à mercredi sur la place el-Nour, à Tripoli, 50 soldats ont été blessés, dont 6 officiers. L’armée a arrêté 19 personnes, accusées selon elle d’avoir lancé des pierres et des pétards en direction des forces armées, de s’être livrées à des actes de vandalisme ou encore d’avoir incendié des établissements bancaires ou des distributeurs automatiques de billets. Une personne qui avait tiré en direction des protestataires, faisant un blessé parmi eux, a en outre été arrêtée, rapporte l’armée. Sur la place Bohsas, à Tripoli, deux soldats ont été blessés par des jets de pierres et un véhicule militaire a été endommagé.

C’est un scénario similaire qui a eu lieu à Saïda mardi soir également et pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation. Des protestataires rassemblés devant la branche locale de la Banque du Liban (BDL) ont jeté des cocktails Molotov sur le bâtiment, avant d’être pourchassés par l’armée. Ils se sont ensuite rendus sur la rue des Banques où ils ont saccagé les devantures de dix établissements bancaires et une quinzaine de distributeurs de billets. Quatre soldats ont été blessés, dont un officier et trois véhicules militaires ont subi des dommages. Sur l’autoroute côtière, au niveau de Naamé, au sud de Beyrouth, l’armée, déployée en plusieurs points, souligne en outre avoir été visée par des jets de pierres, qui ont fait 21 blessés parmi les soldats mardi soir. « C’est la première fois qu’il y a autant de violences à Saïda entre manifestants et armée. Les militaires ont poursuivi les protestataires dans les ruelles de la ville. Les affrontements ont duré plusieurs heures », raconte un habitant qui confie que la population était sous le choc mercredi matin en découvrant l’ampleur des dégâts.

Dans une déclaration à notre correspondant à Saïda Mountasser Abdallah, Oussama Saad, député de Saïda et chef de l’Organisation populaire nassérienne (OPN), a mis en garde contre une « explosion sociale chaotique et sans aucun frein ». « L’État assumera la responsabilité de toute violence qui se produira, car les autorités n’ont pas pris les mesures nécessaires pour régler la situation », estime M. Saad. « Ce qui s’est passé (mardi soir) trouve sa justification dans la dégradation de la situation financière des Libanais qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Sans oublier la flambée du dollar qui a porté le coup de grâce aux salaires et l’avidité des commerçants », ajoute le député qui se dit par ailleurs « contre la violence » et qui appelle à des « manifestations pacifiques ». « Il ne suffit pas que le gouvernement accuse certaines parties politiques. La population sait que les autorités sont tenues de régler la situation sans jeter la responsabilité sur les autres. Les gens veulent tout simplement pouvoir subvenir à leurs besoins », ajoute Oussama Saad. Le député a pris part à un sit-in pacifique organisé par quelque 300 de ses partisans sur la place de l’Étoile, dans le centre de Saïda. « À bas le système politique corrompu », « Le pouvoir est au peuple », proclamaient certaines banderoles, alors que les manifestants scandaient : « À cause de la faim, le changement est nécessaire », « Saïda soulève-toi ! ».

La tension est remontée d'un cran hier soir à Tripoli qui a été le théâtre de nouveaux affrontements entre manifestants et militaires, alors que la rue est restée plutôt calme dans la journée au lendemain de manifestations ayant tourné à l’émeute dans la capitale du Liban-Nord mais aussi à Saïda, capitale du Sud, et ayant fait 81 blessés dans les rangs de l’armée....

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