Tard dimanche soir, une copie d’une circulaire de la Banque du Liban a commencé à circuler et à être relayée par les médias. Le texte, incomplet (le numéro de la circulaire intermédiaire ainsi que la signature du gouverneur Riad Salamé n’y figurent pas, et le texte est daté du lundi 27 avril) fixe à 3.200 livres pour un dollar le taux maximum que les changeurs seront autorisés à pratiquer pour vendre des devises, sous peine de sanctions prévues par le Code de la monnaie et du crédit. Le document exige de plus des acteurs de la profession qu’ils appliquent les taux qui seront ensuite publiés par la Banque du Liban. Pour rappel, la parité officielle de 1.507,5 livres en vigueur depuis 1997 est toujours artificiellement maintenue pour certaines opérations bancaires.
Il s’agit de la deuxième circulaire de ce type que la BDL publierait depuis le début de l’année, si toutefois la mesure est confirmée lundi par ses services, qui n’étaient pas joignables au moment où le texte a commencé à circuler. En mars, la Banque centrale avait demandé aux agents de change de limiter le taux auquel ils peuvent acheter des dollars à un niveau 30 % plus élevé que celui appliqué entre la BDL et les banques. Une mesure que les changeurs agréés s’étaient engagés à appliquer mais qui ne semble pas avoir été suivie d’effets sur le terrain, de nombreux professionnels suivant généralement un taux attribué au marché noir qui se négociait autour de 4.000 livres pour un dollar durant le week-end écoulé, selon une source bancaire.
La publication de cette circulaire intervient enfin dans un contexte tendu. Le pays s’enfonce de plus en plus dans une violente crise économique et financière dont les effets ont commencé à se manifester l’été dernier et qui a progressivement fait s’envoler le taux livre/dollar chez les changeurs. Les mesures de confinement adoptées par le gouvernement le 15 mars pour lutter contre le Covid-19 ont naturellement contribué à dégrader une situation déjà très compliquée pour des Libanais soumis à de drastiques restrictions bancaires informelles et toujours illégales.
Enfin la dernière réunion du Conseil des ministres a fait éclater au grand jour les tensions entre le gouvernement de Hassane Diab - formé en janvier et qui doit négocier une restructuration de la dette publique libanaise avec les créanciers du pays - et le gouverneur de la BDL, en fonction depuis les années 1990.
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commentaires (5)
Et si on veut ses propres $??? On fait comment???
Sybille S. Hneine
17 h 09, le 27 avril 2020