Le chef du Courant patriotique libre et ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le 26 novembre 2019 à Budapest. Photo AFP / Attila KISBENEDEK
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a affirmé dimanche que la responsabilité de la pire crise économique et financière que traverse le pays depuis 30 ans incombe à une "organisation" mue par une "logique politique corrompue" ayant mis la main sur les leviers économiques et financiers du pays, en référence au "haririsme".
"Nous sommes face à une mentalité politique malade qui a non seulement entravé les projets sérieux pour le pays, mais aussi pillé le pays depuis les années 90 et mis en place des politiques monétaires, financières et économiques qui ont appauvri l'Etat et les Libanais", a déclaré M. Bassil lors d'une allocution télévisée. "Ils restent encore attachés à cela, refusant que le système et les hommes changent. Cette mentalité a créé une logique politique corrompue", a-t-il ajouté,
Soulignant que "certains sont prêts à couler le pays pour que le système ne change pas", le chef du CPL s'en est pris à "ceux qui ont menacé d'une guerre et parlé de coup d'Etat lorsque le gouvernement a commencé à chercher où était passé l'argent qu'ils ont pillé et transféré à l'étranger".
"Les responsables de ces pertes abyssales sont les corrompus, les voleurs, les profiteurs cupides, les banques, leurs propriétaires, leurs actionnaires, la Banque du Liban et les responsables au sein de l'Etat qui ont conduit ces politiques", a-t-il ajouté, mettant néanmoins en garde contre "toute volonté de détruire le système bancaire ou d'en prendre le contrôle pour des raisons politiques". Dans une version intermédiaire du plan de redressement du Liban préparé par le gouvernement, était évoqué le niveau devenu "inquiétant" des réserves en devises de la BDL et un bilan marqué par des pertes nettes de 54,9 milliards de dollars.
(Lire aussi : Le gouvernement va mandater trois sociétés pour auditer la BDL)
"Déraisonnable de dire que la BDL est seule responsable"
Vendredi, le Premier ministre s'en est pris avec virulence au gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, pour son manque de transparence et l’effondrement monétaire en cours, alors que la valeur de la livre libanaise poursuit sa chute libre par rapport au dollar. A l’issue du Conseil des ministres, M. Diab a pointé du doigt "une faille au sein de la Banque centrale et dans ses stratégies" et indiqué qu’un cabinet d’audit international, demandé notamment par le Groupe international de soutien (GIS) allait vérifier les comptes de la BDL et des banques.
Ces critiques ont fait réagir l'ancien Premier ministre Saad Hariri, ainsi que d'autres personnalités sunnites.
"La banque centrale a une grande responsabilité dans les pertes qu'elle subit et le manque de transparence des chiffres, mais il est déraisonnable de dire que la BDL est seule responsable. Le Parlement et le gouvernement sont également responsables d'avoir laissé faire ces erreurs sans les corriger", a ajouté M. Bassil.
Insistant sur l'importance d'examiner les comptes "de ceux ayant exercé des responsabilités publiques", le chef du CPL a indiqué que sa formation allait présenter une proposition de loi obligeant les actionnaires des banques et les responsables publics à rapatrier leurs fonds transférés à l'étranger dépassant les 50 000 dollars".Par ailleurs, le gendre du chef de l'Etat, Michel Aoun, a appelé le gouvernement à adopter le plus rapidement possible son plan de réformes.
"Président de l'ombre"
"Hassane Diab a recopié mot pour mot les propos de Gebran Bassil. On voit aujourd'hui qui écrit ce que le chef du gouvernement pense", a écrit le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, qualifiant M. Bassil de "président de l'ombre".
Dans un communiqué, le Courant du Futur a affirmé que ce qui est "le plus ironique dans les propos de M. Bassil c'est son appel aux Libanais de le prendre comme exemple de transparence, d'intégrité et de bonne performance". "Le jeune homme refuse d'apprendre de toutes les expériences amères et se comporte toujours comme s'il est au centre des idées créatives autour desquelles s'articulent les politiques publiques du pays".La formation politique se demande dans ce cadre sur quoi se base M. Bassil : "Le gaspillage dans le secteur de l'électricité ? Le boycott des institutions constitutionnelles pour garantir la présidence à son beau-père ? Boycotter les nominations et les conseils d'administration dans les institutions vitales pour maintenir le contrôle dessus ? Mettre le programme d'investissement et de développement économique de la conférence de Paris (CEDRE) en quarantaine politique pendant deux ans ? Considérer l'exploration pétrolière comme un droit exclusif, présidentiel, partisan et personnel ? (...)".
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IL EN EST LE PREMIER !
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 53, le 27 avril 2020