Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, s'est étonné dimanche de la campagne de déstabilisation visant le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, mis en cause vendredi par le Premier ministre Hassane Diab dans la chute vertigineuse de la livre libanaise face au dollar.
"Alors que nous attendions du Premier ministre qu'il annonce son plan de réforme, nous avons été surpris par le jugement définitif prononcé contre le gouverneur de la BDL sans qu'il ait pu se défendre", a déclaré Mgr Raï dans son homélie dominicale à Bkerké. "Ce type d'attaque contre la dignité du gouverneur de la Banque du Liban et d'une institution, qui n'avait pas connu de pareil depuis sa fondation sous le mandant de Fouad Chéhab, est inacceptable", a-t-il ajouté. "Qui profite de la déstabilisation de la gouvernance de la BDL ? Seuls les profiteurs le savent. Mais nous autres en connaissons les conséquences funestes, le sapement de la confiance des Libanais et des pays étrangers dans les composantes de notre Etat constitutionnel", a-t-il estimé.
De son côté, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a affirmé que la BDL n'était pas seule responsable de la situation économique du pays. "La banque centrale a une grande responsabilité dans les pertes qu'elle subit et le manque de transparence des chiffres, mais il est déraisonnable de dire que la BDL est seule responsable. Le Parlement et le gouvernement sont également responsables d'avoir laissé faire ces erreurs sans les corriger", a-t-il déclaré.
Pour sa part, la ministre du Travail, Lamia Yammine, affiliée aux Marada de Sleiman Frangié, a affirmé qu'un fonctionnaire ayant échoué dans sa mission devrait être remplacé, alors qu'elle était interrogée sur une éventuelle démission du gouverneur de la Banque du Liban.
Plusieurs formations politiques souhaiteraient évincer Riad Salamé, selon des médias locaux, alors que d'autres, à l'instar de l'ancien Premier ministre Saad Hariri, souhaitent son maintien.
Ces derniers jours, la livre libanaise avait atteint les 3700 livres pour un dollar chez certains agents de change, loin de son taux officiel de 1507,5. Ce décrochage de la livre intervient alors que la BDL vient de publier plusieurs circulaires qui posent, sans l’expliciter, les bases d’un nouveau régime de change. Deux de ces textes permettent aux déposants de retirer tout ou partie de leurs dépôts en dollars de leur compte en banque, en livres et au taux du marché, et un troisième institue une unité chargée de fixer un taux de change applicable pour ces transactions. Un quatrième texte autorise les agences spécialisées dans les transferts d’argent à payer les montants envoyés à leurs clients au Liban en livres, peu importe la devise dans laquelle ils ont été initialement effectués.
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commentaires (16)
Il est temps au Liban que les hommes de religion se mettent de côté :Que Mgr Rai s’occupe de sa paroisse. Dès que le compte de Mr Salamé est réglé il serait temps que le gouvernement mette le nez dans les comptes de tous les Wakf sans exception: Il n’est pas normal que toutes ces institutions religieuses gagnent des centaines de million de dollars sans payer des impôts sur leurs profits et sur leur patrimoine. Je présume que les différents Wakf à eux seuls pourraient payer le déficit du Liban. Que Mgr Rai ainsi que tous les autres chefs d’institutions religieuses collaborent au lieu de défendre l’indéfendable. Mr Salamé connaît certainement le secret de tous ces trésors cachés.
Ferneini Gabriel
20 h 39, le 26 avril 2020