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Moyen-Orient - Pandémie

Un ramadan confiné sous le signe du coronavirus

L’ONU mobilise pour accélérer la production d’un vaccin.

Vue aérienne de l’esplanade de la grande mosquée de La Mecque désertée. Bandar Aldandani /AFP

Des centaines de millions de musulmans ont entamé hier un mois de ramadan placé sous le signe du confinement face à la pandémie de coronavirus, que les Nations unies espèrent combattre en accélérant la production d’un vaccin qui serait accessible à tous.

L’esplanade de la grande mosquée de La Mecque désertée, des lieux de culte fermés : après les Pâques chrétiennes et juive, une grande partie du monde musulman est entré dans un mois de jeûne sans prières collectives ni repas partagés.

Un des piliers de l’islam, le mois de jeûne, durant lequel les croyants doivent notamment s’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil, est traditionnellement une période de partage, de rassemblements et de convivialité. C’est aussi un mois de prière et de piété religieuse au cours duquel les musulmans convergent en grand nombre vers les mosquées, surtout la nuit.

Coronavirus oblige, le repas de rupture du jeûne (iftar), après le coucher du soleil, se prendra donc seul à la maison, alors que c’est normalement l’occasion de se réunir autour de grandes tablées au sein de la famille élargie ou entre amis. La prière du soir, qu’il est de coutume d’aller faire à la mosquée après le repas, se fera également à domicile.

Au Moyen-Orient, en Afrique de Nord ou en Asie, une grande partie des pays musulmans ont fermé les mosquées et interdit les rassemblements nocturnes. Des restrictions soutenues, dans la plupart des cas, par les autorités religieuses. Et qui s’appliquent par ailleurs pleinement aux communautés musulmanes vivant en Europe, toujours en partie sous un strict confinement. En Asie cependant, des dignitaires religieux ont refusé de respecter ces restrictions : au Bangladesh, au Pakistan ou dans la région indonésienne conservatrice d’Aceh, où des milliers de fidèles ont assisté à la prière du soir jeudi dans la plus grande mosquée de la capitale, Banda Aceh.

Le roi Salmane d’Arabie saoudite, dont le pays abrite les deux lieux les plus saints de l’islam, s’est dit « affligé » par la situation, mais a insisté sur la « protection de la vie et de la santé des peuples ».

Sur un autre plan, l’ONU et son organe en charge de la santé, l’OMS, ont présenté hier une initiative mondiale pour la production de remèdes contre la pandémie, qui a fait plus de 190 000 morts et mis la planète à l’arrêt.

Alors que plus de la moitié de l’humanité est confinée, l’OMS a prévenu que seule la découverte d’un vaccin ou d’un traitement efficace permettrait de juguler la pandémie. Et cela prendra « longtemps », a souligné son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Vaccin « pour tous, partout »

Face à l’urgence sanitaire, une course mondiale s’est engagée entre laboratoires pour trouver le produit adéquat, avec à la clé la perspective de dividendes considérables. Une demi-douzaine d’essais cliniques ont été lancés, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne. Mais l’enjeu est d’obtenir un vaccin et un traitement « qui soient abordables, sûrs, efficaces » et surtout disponibles « pour tous, partout », a souligné hier le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, mettant en garde contre une solution qui ne bénéficierait qu’à « une moitié du monde ».

Mais ni la Chine ni les États-Unis, aujourd’hui épicentre de la pandémie avec plus de 50 000 décès, ne se sont associés à la présentation de cette initiative. Celle-ci mobilise plusieurs pays d’Europe, le continent le plus frappé avec 116 000 morts.

Face au risque de chacun pour soi, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce ont mis en garde hier contre la tentation de prendre des mesures protectionnistes sur des biens-clés comme les médicaments.

Sex-shops ouverts au Dakota

Côté européen, les 27 peinent également à s’entendre entre eux : jeudi, ils ont remis à la mi-mai l’élaboration d’un plan de relance commun, alors que le FMI prévoit pour 2020 une récession d’au moins 7,1 % dans l’UE.

Outre-Atlantique, la Chambre des représentants américaine a adopté un nouveau plan d’aide aux petites et moyennes entreprises et aux hôpitaux d’un montant de 480 milliards de dollars, qui s’ajoutent au plan de relance historique de 2 200 milliards approuvé fin mars.

Selon le décompte de l’Université Johns Hopkins jeudi soir, les États-Unis ont enregistré l’un des pires bilans de la maladie sur une journée avec 3 176 décès. Malgré ce constat, cinq États n’y ont pas décrété de confinement, comme le Dakota du Sud, où bars, cabines UV et sex-shops restent ouverts. « Nous sommes un commerce essentiel », sourit Kate, la gérante de l’échoppe Dick & Jane’s Naughty Spot.

Plusieurs autres États, tels le Texas, le Vermont ou la Géorgie, ont décidé de se lancer sur la voie du déconfinement en autorisant certains commerces à rouvrir.

En Europe aussi, certains pays allègent leurs restrictions, tandis que d’autres, comme l’Italie et la France, s’y préparent. L’Espagne, troisième pays le plus touché après les États-Unis et l’Italie (25 549 morts), a annoncé hier son plus faible bilan quotidien depuis un mois, avec 367 décès, pour un total de 22 524 morts. La France a enregistré hier 389 décès en 24 heures, le plus bas de la semaine, pour un total de 22 245 morts.

Berlin anticipe une seconde vague

Mais l’OMS a appelé à ne pas relâcher les efforts, alors que la menace d’une seconde vague mortelle reste entière. Dans cette perspective, l’Allemagne, déjà considérée comme un des grands pays européens ayant le mieux géré la crise, a décidé de prendre une nouvelle fois les devants. Bien que disposant de 13 000 lits en soins intensifs libres sur 32 000 au total, elle augmente encore ses capacités, notamment à Berlin où un hôpital de 1 000 lits est en cours de construction par l’armée.

Il existe un « danger fondamental » que les infections redémarrent « si l’ensemble des mesures restrictives sont supprimées de manière précoce », a rappelé mardi Lars Schaade, un responsable de l’institut Robert Koch, chargé du contrôle des maladies.

De son côté, le président américain Donald Trump a affirmé hier que ses propos sur de possibles injections de désinfectant pour lutter contre le coronavirus étaient « sarcastiques ». « Je posais une question de façon sarcastique aux journalistes », a-t-il affirmé, interrogé dans le bureau Ovale sur ses propos qui ont suscité un véritable tollé.

Selon une étude présentée jeudi à la Maison-Blanche, le coronavirus s’affaiblit dans une atmosphère chaude et humide. Mais les pays dits chauds ne sont pas épargnés, notamment en Afrique.

Maigre consolation : la pandémie permet à de jeunes toxicomanes sud-africains d’être accueillis dans des structures spécialisées pour y être sevrés. À cause du confinement, « la drogue n’était pas tout de suite disponible dans la rue », témoigne l’un d’eux, Graham Krugur, à Pretoria.

Enfin, l’Iran, pays le plus touché par la pandémie de coronavirus au Moyen-Orient, n’est plus « dans le rouge », a estimé hier le ministère iranien de la Santé, annonçant 93 décès supplémentaires des suites de la maladie. Au total, 5 574 personnes sont mortes du coronavirus en Iran, et le nombre d’infections s’élève désormais à 88 194 cas, dont 1 168 enregistrés au cours des dernières 24 heures, a indiqué Kianouche Jahanpour, porte-parole du ministère de la Santé.

Source : AFP

Des centaines de millions de musulmans ont entamé hier un mois de ramadan placé sous le signe du confinement face à la pandémie de coronavirus, que les Nations unies espèrent combattre en accélérant la production d’un vaccin qui serait accessible à tous.L’esplanade de la grande mosquée de La Mecque désertée, des lieux de culte fermés : après les Pâques chrétiennes et...

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