Des manifestants ont organisé des sits-in samedi, notamment à Tripoli, Saïda et Baalbeck, afin de protester contre l'augmentation des prix des biens de consommation et la hausse du taux du dollar américain face à la monnaie nationale, qui s'échange à plus de 3 000 livres libanaises sur le marché parallèle ces derniers jours. Ce mouvement de contestation a également pour objectif de marquer le sixième mois de la révolution du 17 octobre.
A Tripoli, l'un des fiefs de ce mouvement, des contestataires se sont rassemblés place al-Nour pour protester contre la flambée du dollar, l'aggravation des conditions de vie et l'augmentation des prix des denrées alimentaires, réclamant des comptes auprès des "commerçants véreux" et la restitution de l'argent volé, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
A Saïda, la grande localité du Liban-Sud, d'autres activistes se sont rassemblés place Élia avant d'organiser une marche dans les rues de la ville au cours de laquelle ils ont dénoncé la hausse des prix des denrées alimentaires, notamment des fruits et légumes à une semaine du début du mois de jeûne de ramadan. "Nous voulons manger, nous voulons vivre, nous ne voulons pas être confinés", ont scandé les manifestants qui portaient des masques pour se protéger du nouveau coronavirus.
A Baalbeck, dans la Békaa, un des représentants des manifestants a accusé les autorités de vouloir "confisquer le rêve de la révolution, qui est le rêve des jeunes", alors que six mois sont passés depuis le lancement de la révolution du 17 octobre contre la classe dirigeante. "Nous sommes aujourd'hui en pleine période d'effondrement économique et financier du pays", a-t-il déclaré. "La révolution n'est pas finie en dépit de la mobilisation générale (pour juguler la pandémie), et elle sera relancée jusqu'à ce qu'un changement total soit obtenu", a ajouté ce manifestant. Il a encore souligné que "la situation socio-économique et financière n'est plus supportable".
Dans la même région, des manifestants ont coupé la route reliant les localités de Taalabaya et Saadnayel, selon notre correspondante dans la Békaa Sarah Abdallah. Le député de Zahlé, César Maalouf (Forces libanaises), qui tentait de se rendre à Chtaura, a dû rebrousser chemin sous la pression des contestataires.
Le mouvement de contestation libanais a marqué le pas ces deux derniers mois, alors que le pays est confiné pour lutter contre la pandémie de Covid-19, qui a touché 672 personnes dans le pays et fait 21 morts selon un dernier bilan. Pour alléger les effets de cette crise sur les populations les plus défavorisées, le gouvernement a commencé à distribuer une aide financière de 400.000 livres libanaises à certaines catégories de personnes, notamment les conducteurs de taxis, les familles les plus pauvres et les victimes de mines antipersonnel.
Dans ce contexte, une dizaine de chauffeurs de bus ont organisé un sit-in dans la matinée sur la route principale de Choueifate, une localité au sud de Beyrouth, afin de réclamer la reprise du travail "en respectant des conditions spécifiques" afin de pouvoir gagner leur vie.
Malgré la proclamation de la mobilisation générale, et alors que les répercussions de la crise économique et financière se font de plus en plus ressentir surtout parmi les populations les plus démunies, des dizaines de personnes avaient manifesté vendredi à Tripoli et à Taalabaya, dans la Békaa.
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19 h 09, le 19 avril 2020