Rechercher
Rechercher

Politique - Crises

« Nous savons ce que nous avons à faire », assurent Diab et Aoun aux représentants du GIS

Le Premier ministre et le président s’engagent à effectuer un audit des comptes de la BDL.


La réunion du GIS à Baabda, autour d’une table élargie où les distances étaient respectées. Photo Dalati et Nohra

Le président Michel Aoun et le Premier ministre, Hassane Diab, ont tous deux appelé hier les membres du Groupe international de soutien au Liban (GIS), réunis à Baabda, à aider le pays à surmonter ses difficultés financières, économiques et sociales, qui sont aggravées par la pandémie du coronavirus.

« Pour faire face à toutes ces épreuves et leurs répercussions, nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de l’assistance internationale des pays amis du Liban », a commencé par déclarer le chef de l’État lors de cette réunion qui s’est ouverte par une minute de silence à la mémoire de l’ambassadrice des Philippines, Bernardita Catalla, qui a succombé au coronavirus la semaine dernière.La réunion rassemblait, en présence des ministres et hauts fonctionnaires concernés, les représentants au Liban des membres du GIS, à savoir l’Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, l’Italie, le Royaume-Uni, la Russie, ainsi que la Ligue arabe, les Nations unies et l’Union européenne. Des représentants de la Banque mondiale étaient également présents. Selon notre chroniqueur politique Philippe Abi Akl, les participants ont indiqué qu’ils transmettraient à leurs gouvernements respectifs les demandes du Liban, sans faire de promesses, et ont insisté sur la nécessité pour le pays de respecter ses engagements de réforme. « Je voudrais souligner que le président Aoun et mon gouvernement avons décidé de procéder à un audit des comptes de la Banque centrale pour tenir notre promesse de transparence et renforcer notre position de négociation en cette période difficile de l’histoire du Liban », a annoncé de son côté Hassane Diab, en échange de l’aide sollicitée par le Liban. Nul doute que cette décision risque d’engager le pays sur un chemin difficile et politiquement orageux.

« Au cœur des mouvements de contestation »

Conscient que le Groupe de soutien avait conditionné au préalable toute aide financière à la formation d’un gouvernement « efficace et crédible » capable de mettre en œuvre des réformes « urgentes », le président Aoun a dressé un portrait sombre de la situation du Liban. Il a aussi rappelé certaines des étapes qui ont poussé le Liban à se déclarer en défaut de paiement et à demander « de bonne foi » (selon Hassane Diab) le rééchelonnement de sa dette extérieure. « Pour réussir son programme de réformes, a encore souligné le chef de l’État, le Liban aura besoin d’un soutien financier extérieur, en particulier de la part des pays amis ainsi que du Groupe international de soutien au Liban ».

Le Liban compte notamment sur les 11 milliards d’aides promis lors de la conférence CEDRE, a indiqué le chef de l’État, appuyé sur ce point par le chef du gouvernement. Onze milliards dont l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, a indiqué qu’ils étaient « toujours disponibles » moyennant les réformes indispensables.

Michel Aoun a insisté sur le poids énorme que représentent les réfugiés syriens avec un coût qui a dépassé les 25 milliards de dollars depuis le début de la guerre en Syrie, selon les institutions internationales. « Malheureusement, aucune solution ne pointe à l’horizon », a-t-il déploré.

Le Premier ministre Diab a, quant à lui, promis que son gouvernement, « formé au cœur des mouvements populaires de contestation », allait agir pour « relancer la croissance » et faire baisser le chômage, « assainir les finances publiques », réduire la dette du pays et agir en faveur des déposants face à la crise des liquidités.

« Notre gouvernement apporte la dernière touche à son plan économique, a affirmé le Premier ministre. Nous savons ce que nous avons à faire, et nous avons la volonté de le faire », a-t-il assuré, en précisant ensuite que « 57 % de nos plans de réforme sont prêts et ont été transmis au Parlement ». Le chef du gouvernement devait se faire reprendre diplomatiquement par les ambassadeurs présents qui, lors de leurs prises de parole, ont fait comprendre aux hauts responsables qu’ils veulent toucher du doigt la réalité des réformes engagées.


(Lire aussi : Pourquoi la restructuration du secteur bancaire libanais est inévitable)


« Un défi sans précédent »

Le représentant de l’ONU au Liban, Jan Kubis, a ainsi indiqué que la réunion avait pour objectif de déterminer « dans quels domaines prioritaires le Liban a besoin d’une mobilisation accrue du soutien et d’assistance nécessaires pour surmonter cette période de crise existentielle, désormais fortement aggravée par le coronavirus », considéré comme « un défi sans précédent pour le pays ». « Les Nations unies se félicitent des mesures prises jusqu’à présent par le Liban pour s’attaquer à la crise du coronavirus », a-t-il ajouté, appelant le gouvernement « à offrir le même niveau de services à tous les patients, indépendamment de leur statut juridique et de leur nationalité ».

Le représentant des Nations unies a souligné que « l’ONU avec la Banque mondiale et d’autres partenaires internationaux travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement sur le filet de sécurité sociale ».Pour sa part, le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a asséné à ses auditeurs des prévisions alarmantes pour 2020 : une croissance négative de plus de 10 % ; une dette publique excédant les 170 % du PIB ; un taux de chômage dépassant les 40 % ; un taux de pauvreté situé à 45 ou 50 %, avec plus de 20 % de la population vivant en dessous du seuil de grande pauvreté ; de graves crises bancaires et monétaires avec la raréfaction des devises fortes, une détérioration du taux de change de la livre, qui a perdu ces derniers mois plus de 50 % de sa valeur, un épuisement des réserves de la Banque du Liban en devises étrangères et enfin une hausse des taux d’inflation, qui se rapprochera de 25 %.

Foucher : CEDRE toujours d’actualité

L’ambassadeur de France, Bruno Foucher, cité par l’ANI, a, de son côté, salué le « gouvernement libanais et le ministre de la Santé en particulier » pour leur gestion de la crise sanitaire au Liban. Au sujet de la crise économique et financière, le diplomate a relevé que les aides réclamées par le Liban, notamment auprès du FMI, interviennent alors que plus de 90 États dans le monde sont en train de solliciter cette institution.

S’exprimant pour ses collègues présents, M. Foucher a demandé, toujours selon l’ANI,« la restructuration de la dette et du secteur bancaire, l’application des réformes nécessaires, l’adoption de mesures financières courageuses, ainsi que des réformes sur le plan des finances publiques, de l’électricité et du système judiciaire ».

« Les résolutions de la conférence CEDRE sont toujours d’actualité, a encore dit l’ambassadeur de France, avec quelque 80 grands projets d’investissement. Il est temps d’en fixer les priorités ainsi que leurs mécanismes de contrôle afin de les faire passer sans délai à la phase exécutoire ».

Pour sa part, le représentant de l’UE, Ralph Tarraf a affirmé que « l’Union européenne reste l’un des plus grands contributeurs du Liban, notamment dans le domaine médical », révélant que l’UE a alloué la semaine dernière au Liban une enveloppe de 168 millions d’euros destinée aux secteurs social, éducatif et autres, « en espérant que cette aide contribuera à la consolidation d’un système social durable ». Concernant l’aide financière et économique allouée au Liban, M. Tarraf a souligné que la communauté européenne agit à travers la Banque européenne d’investissement et réitéré son engagement envers les décisions prises lors de la conférence CEDRE. Il a souligné que l’Union européenne « s’est engagée à soutenir le gouvernement libanais dans ses efforts pour adopter des réformes structurelles de base », à l’appui de « la bonne gouvernance, l’indépendance du pouvoir judiciaire et toutes les réformes pour les mettre en œuvre comme annoncé ».



Lire aussi
Morgan Stanley commente la présentation du gouvernement aux créanciers

Coronavirus au Liban : seuls les retraits de « dollars frais » sont désormais possibles

Le président Michel Aoun et le Premier ministre, Hassane Diab, ont tous deux appelé hier les membres du Groupe international de soutien au Liban (GIS), réunis à Baabda, à aider le pays à surmonter ses difficultés financières, économiques et sociales, qui sont aggravées par la pandémie du coronavirus. « Pour faire face à toutes ces épreuves et leurs répercussions,...

commentaires (15)

vraiment? ils savent ce qu’ils ont à faire? Et bien ce qu’ils savent ne nous plait absolument pas car à part se rendre visite les uns aux autres pour recevoir les ordres et les contre-ordres, ils sont aussi nuls l’un comme l’autre et leurs projets dont ils sont sûrs de savoir où ils vont nous mènent droit dans le mur. Alors soit ils changent de cap soit on sera obligé de leur montrer de force la porte de la sortie et de leur lieu de pouvoir et de la crise globale puisque véritablement ils ne savent que raconter de mensonges pour gagner du temps et nous faire perdre le notre. Alors qu’attendent ils? Les ordres ne sont ils pas assez clairs ou ne leur parviennent ils pas clairement des ténèbres?

Sissi zayyat

17 h 54, le 07 avril 2020

Tous les commentaires

Commentaires (15)

  • vraiment? ils savent ce qu’ils ont à faire? Et bien ce qu’ils savent ne nous plait absolument pas car à part se rendre visite les uns aux autres pour recevoir les ordres et les contre-ordres, ils sont aussi nuls l’un comme l’autre et leurs projets dont ils sont sûrs de savoir où ils vont nous mènent droit dans le mur. Alors soit ils changent de cap soit on sera obligé de leur montrer de force la porte de la sortie et de leur lieu de pouvoir et de la crise globale puisque véritablement ils ne savent que raconter de mensonges pour gagner du temps et nous faire perdre le notre. Alors qu’attendent ils? Les ordres ne sont ils pas assez clairs ou ne leur parviennent ils pas clairement des ténèbres?

    Sissi zayyat

    17 h 54, le 07 avril 2020

  • Heureusement qu'ils "savent ce qu'ils ont à faire", mais qu'est ce que ce serait s'ils ne savaient pas !!! Mdr :-))))))

    Christine KHALIL

    15 h 54, le 07 avril 2020

  • "...Nous savons ce que nous avons à faire..." l'arrogance et la vantardise habituelle de certains nuls qui ont été propulsés à la tête de ce malheureux pays, grâce à des gens tout aussi nuls, mais toujours forts en gueule et dotés d'un courage patriotique sans faille...à des mètres sous terre et par écran télévisé interposé ! Et qui s'imaginent que le monde entier est peuplé de gens prêts à gober les plus grosses couleuvres...et de débourser les fameux milliards promis jadis...avant les problèmes qui ont envahi notre pauvre Liban.. Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 09, le 07 avril 2020

  • Excellente nouvelle: « Nous savons ce que nous avons à faire », assurent Diab et Aoun "...la bonne nouvelle dans tout ça? Eh bien là au moins ils n'ont pas prétendu qu'ils pourraient apprendre au monde comment gérer les crises comme l'avait fait l'Etranger, Bassil, dans sa fameuse interview. Ils n'ont pas déclaré le secret de leur Savoir Phénomal et Garanti. Mais les malins donateurs savent bien que le secret est barbu, lunetté et très connu dans les milieux télévisés... Mais chuuuuuuut, on garde ça entre nous et nos masques!

    Wlek Sanferlou

    13 h 41, le 07 avril 2020

  • J’admire la patience des représentants du GIS d’écouter patiemment les débilités de nos technocrates. Vous pensez vraiment qu’il y a encore une seule personne sur cette terre qui croit en vos paroles et promesses creuses. Mesdames et Messieurs les technocrates, rentrez chez vous et étalez votre science devant vos voisins, peut être réussirez vous à les épater. La population n’attend plus rien de vous notamment après votre décision plus qu’ambiguë de poursuivre les travaux du barrage

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 25, le 07 avril 2020

  • "NOUS SAVONS CE QUE NOUS DEVONS FAIRE" disent ils BETEMENT ET fierement. UNE DECLARATION DESESPERANTE POUR LES PAYS DU GIS. "NOUS VOULONS FAIRE MAIS ON NE NOUS LAISSE PAS TRAVAILLER "" ! CE SERA TRES BIENTOT LE REFRAIN DE CE CABINET COMME CA L'EST DES AOUNISTES, QU'A PAS MAL GERE LA CRISE DU COVID-19, MAIS SURTOUT QU'A REUSSI A METTRE AU PURGATOIRE LES NOMINATIONS JUDICIARES, POURTANT ESSENTIELLES POUR LES "GIS", PAS ENCORE REUSSI A NOMMER LES PERSONNES QU'IL FAUT A L'EDL,A LA BDL ET AUTRES. LE PLUS TRISTE EST CETTE FRANCE QUI EN DEPIT DE TT CONTINUE D'APPLAUDIR CE POUVOIR..... MERCI PAPA DE TOUS, MERCI MAMAN DU LIBAN

    Gaby SIOUFI

    12 h 07, le 07 avril 2020

  • They just keep repeating themselves' we're going to self-reform ,were going to self-reform ... ' JUST DO IT !

    EL KHALIL ABDALLAH

    12 h 01, le 07 avril 2020

  • OUI : rentrez chez vous et restez confinés. En 2 jours bien entendu selon que leur plaque d’immatriculation se termine par un numero pair ou impair

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 19, le 07 avril 2020

  • "... Le Premier ministre et le président s’engagent à effectuer un audit des comptes de la BDL. ..." Ou l’art de détourner l’attention loin des vrais coupables: les "zaïms" libanais... ce sont eux qui devraient être audités. Et pas seulement les comptes en leurs noms auprès de banques libanaises...

    Gros Gnon

    09 h 24, le 07 avril 2020

  • J,EN DOUTE FORT ! RIEN N,A CHANGE DANS LE COMPORTEMENT DE TOUS NOS ABRUTIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 20, le 07 avril 2020

  • Sans l'aval de ceux qui tiennent la décision, vous ête capables de ne rien faire . Les ambassadeurs ont assisté a du "déjà vu".

    Esber

    09 h 10, le 07 avril 2020

  • Si vous savez ce que vous avez à faire alors qu’attendez-vous pour le faire. Cette attitude typique de croire qu’on peut tromper son monde ne marchera plus ni vis à vis du peuple ni vis avis d’aucune institution financière ou partenaire international. Vous les politiciens vous n’avez rien compris si vous croyez que vous pourrez retourner les évènements en votre faveur, c’est fini c’est Game Over tout ce que vous pourrez sauver c’est vos tètes. Si vous continuez à vous obstiner à houer comme des gamins qui se croient plus futés que les autres tout l’édifice va s’écrouler et vous emporter avec car il arrive le point où il n’y a plus rien à tirer de l’état que vous avez vidé et qui va très bientôt se retourner contre vous. Que le coronavirus soit une pose qui vous permette de réfléchir dans vos villas construites avec le bien du peuple si tant soit peu que vous ayez de la matière grise et la lucidité nécessaire de comprendre ce qui s’est passe depuis Octobre 2019 et qui n’a été qu’un préambule de ce qui va venir.

    Liban Libre

    08 h 03, le 07 avril 2020

  • Pour la énième fois les représentants du GIS et autres visiteurs de Baabda, hier, ont répété les mêmes exigences pour aider le Liban... Mais il semble que Baabda et ses locataires soient totalement incapables de comprendre de quoi il s'agit ! Irène Saïd

    Irene Said

    07 h 48, le 07 avril 2020

  • "Onze milliards dont l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, a indiqué qu’ils étaient « toujours disponibles » moyennant les réformes indispensables." Le problème, c'est que l'on n'a pas encore vu l'ombre d'une de ces "réformes indispensables" pointer le bout du nez. Bien au contraire, les magouilles continuent de plus belle: Bisri, Nahr el Kalb, hébergement des rapatriés... " Nous savons ce que nous avons à faire" alors pourquoi ne le font-ils pas? "57 % de nos plans de réforme sont prêts". Après plus d'un mois et demi, seulement 57%! Depuis le début de la révolution du 17 octobre, il semble que la devise du pouvoir est "Il est urgent de prendre son temps"!

    Yves Prevost

    07 h 05, le 07 avril 2020

  • ils disent "qu'ils savent ce qu'ils ont à faire"?? On dirait des gamins qui jouent "aux grands" et disent à leurs parents " on est grands" on sait ce qu'on a à faire...

    LE FRANCOPHONE

    01 h 03, le 07 avril 2020

Retour en haut