La grande « caravane aérienne du retour » devrait commencer à s’ébranler dimanche, avec deux vols confirmés et deux autres possibles. Sur les quatre vols, deux viennent de pays africains, la Côte d’Ivoire et le Nigeria. « Si la priorité est donnée aux pays africains, c’est parce que sur ce continent, la situation se détériore rapidement », note à ce sujet le chef de la diplomatie Nassif Hitti dont le ministère, depuis la décision gouvernementale d’assurer le rapatriement des Libanais qui le souhaitent, s’est transformé en une véritable ruche. Avec toutefois les précautions requises en ces temps de crise du coronavirus. Le ministre Hitti est débordé. Entre les contacts avec les différentes ambassades du Liban à l’étranger, les émigrés eux-mêmes, l’équipe du ministère et ses collègues au gouvernement, ainsi qu’avec les différentes parties concernées, il a à peine le temps de répondre aux sollicitations des médias. Ce plan est un lourd défi que doit relever le gouvernement actuel.
De plus, cette démarche n’implique pas seulement les Libanais, qu’ils soient au pays ou à l’extérieur, mais aussi les pays d’accueil qui ont leurs exigences propres. Après la réunion prolongée jeudi soir de la commission ministérielle (qui regroupe les ministres de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Santé, des Travaux publics et des Affaires sociales) chargée de fixer le mécanisme nécessaire au retour des Libanais de l’étranger, ce processus a commencé à prendre forme, même si le plan prévu est sans cesse soumis à des changements en raison des réponses reçues par le Liban de la part de certains pays.
Près de 23 000 inscrits
Au total, à ce jour, près de 23 000 personnes se sont inscrites auprès des ambassades du Liban dans le monde pour figurer sur les listes dites du retour. Mais le ministre Hitti se veut clair en précisant que l’aéroport international Rafic Hariri et les ministères concernés n’ont pas les moyens matériels pour assurer un retour aussi massif et, si les précautions nécessaires ne sont pas respectées, cela pourrait mettre en danger toute la population du pays.
Dès le départ, donc, le souci principal du gouvernement était d’assurer le retour du plus grand nombre possible, sans faire prendre des risques aux résidents. Initialement, le Liban prévoyait donc d’envoyer dans chaque pays où des Libanais se sont inscrits pour rentrer chez eux une équipe médicale chargée de leur faire subir des tests sur place avant qu’ils ne montent dans l’avion. Mais face à la réaction de la plupart des pays contactés qui refusent de donner des autorisations aux équipes médicales libanaises pour faire ces tests sur leur territoire, cette mesure a été remplacée par un test rapide qui se fera une fois à bord de l’avion. Mais auparavant, la personne qui souhaite rentrer au Liban doit obtenir une attestation des autorités concernées dans le pays où elle se trouve affirmant qu’elle est en mesure de voyager et qu’elle ne souffre pas par conséquent d’une maladie contagieuse. De plus, cette attestation doit être basée sur des examens médicaux récents. De la sorte, les personnes souhaitant revenir au pays feront l’objet d’une première sélection et les ambassades du Liban à l’étranger ont des instructions pour être strictes sur ce point.
(Lire aussi : Rapatriement de Libanais : premier test, dimanche, pour le gouvernement)
Les personnes prioritaires
Face au grand nombre de personnes inscrites sur les listes, les autorités libanaises ont décidé de définir les priorités. En premier, viendront les personnes âgées, puis les très jeunes et enfin les personnes souffrant de maladies chroniques (donc pas celles qui sont atteintes du coronavirus) souhaitant se faire soigner au Liban. De même, les personnes qui n’ont pas de papiers en règle (dont le visa a expiré par exemple) sont aussi considérées comme prioritaires. Les avions seront équipés pour assurer les mesures de précaution et une équipe médicale sera à bord pour faire face à toutes les éventualités. Des masques médicaux spéciaux seront distribués à tous les passagers ainsi que des gants. Et chaque avion ne devrait pas transporter plus de cent passagers, en plus des équipes de pilotage et de santé.
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le prix des billets est plus élevé que d’habitude, car il s’agira d’avions qui partent de Beyrouth vides de passagers, pour rentrer à moitié pleins. Ce qui oblige la compagnie aérienne Middle East Airlines à hausser les prix, d’autant qu’il s’agit d’un billet retour simple. Toutefois, le ministre Hitti précise que ce n’est pas le gouvernement qui fixe les prix des billets, mais la MEA. En tout cas, le gouvernement pourrait envisager une aide à ceux qui n’ont pas les moyens de financer leur retour au pays. Mais, pour l’instant, il y a de nombreuses initiatives de solidarité. De même, la plupart des jeunes qui n’ont pas les moyens de payer un billet souffrent en fait du manque de fonds dans l’absolu depuis que les banques ont drastiquement restreint les virements à l’étranger. Le gouvernement a ainsi demandé aux banques d’alléger cette interdiction. De fait, le ministère des AE a mis sur son site un formulaire spécial pour ceux qui souhaitent obtenir des virements à partir du Liban pour pouvoir rester dans le pays où ils résident actuellement.
Quatre avions
Dès que l’avion atterrira à Beyrouth, les passagers seront soumis à un nouvel examen médical à l’aéroport même. Sur la base des résultats, ils seront divisés en trois groupes : ceux qui n’ont rien et peuvent rentrer chez eux, à condition de respecter un confinement sévère de 15 jours ; ceux qui devront être acheminés vers des lieux prévus à cet effet pour un confinement suivi médicalement ; et ceux qui devront être emmenés à l’hôpital. Un système de transport sera prévu à cet effet, en coopération avec le ministère de la Santé et celui de l’Intérieur.
Mais à cause de toutes ces mesures, et les équipes et le matériel qu’elles exigent, l’aéroport Rafic Hariri ne peut pas absorber plus de 400 passagers par jour. Ce qui équivaut à quatre avions de cent passagers chacun.
Le gouvernement a donc décidé d’entamer le processus du retour par quatre avions dimanche. En principe, deux vols viendront du Moyen-Orient et deux d’Afrique. Les vols en provenance de Riyad (Arabie saoudite) et Lagos (Nigeria) ont été confirmés. Deux autres, en provenance d’Abou Dhabi (Émirats arabes unis) et d’Abidjan (Côte d’Ivoire) sont aussi prévus, mais pas encore confirmés. S’ils ne viennent pas dimanche, ils arriveront mardi, car les pays concernés ont aussi leurs propres contraintes.
Le choix de ces pays est-il politique ? « Pas du tout, affirme le ministre Hitti. Le calendrier dépend des réponses données par les autres pays et leurs aéroports. Le calendrier devra donc être fixé sur cette base et il peut être modifié à tout moment. Mais le principe est établi et les contacts en cours. Si la priorité est donnée aux pays africains, c’est parce que dans ce continent, la situation se détériore rapidement. Il y a donc un véritable danger pour les émigrés libanais. » Le ministre ajoute néanmoins, après avoir évoqué un « fléau qui frappe le monde entier », qu’il est « parfois préférable de rester là où on est car voyager peut comporter des risques supplémentaires, au lieu d’être une mesure de protection ».
Le matou qui rugissait, l'éditorial de Issa GORAIEB
commentaires (7)
Vous faites attendre des jeunes étudiants et autres personnes gravement exposées en Europe et aux USA pour faire rapatrier la communauté chiite d'Afrique la moins vulnérable! Monsieur Hitti dites plutôt que la raison du plus fort est toujours la meilleur! Vous vous ridiculisez et tout votre gouvernement perd le peu de la crédibilité qu'il espérait avoir!. Il a fallu que vous obéissiez a Monsieur Berri qui fait son cinéma de bon père de famille depuis la révolution!!! Son cinéma et le votre et celui du gouvernement tout entier entreront dans les anales de l'histoire la plus sombre du Liban!
Bibette
14 h 25, le 05 avril 2020