Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Beyrouth Insight

Yasmina Hayek : Tirer le meilleur de ma journée

Sa fraîcheur ressemble aux recettes qu’elle propose sur son compte instagram. Portrait d’une jeune fille en fleurs, « en légumes » et « en fruits », une succession de saveurs colorées en temps de coronavirus...

Yasmina Hayek, des recettes, du talent et un optimisme contre toutes les épreuves, même le coronavirus. Photo DR

Elle est tombée bien jeune dans la marmite et les saveurs de la cuisine familiale, a absorbé, retenu très tôt des gestes et transformé une passion en métier. « J’ai grandi dans un environnement où l’art de recevoir faisait partie de notre quotidien, précise Yasmina Hayek. Nous avions toujours l’habitude de cuisiner des repas complets (entrées, plats et desserts) faits maison en utilisant des produits frais de saison et de qualité. » Ce souci du détail, ce flair, le souffle, le nafas, comme on dit chez nous, Yasmina le doit aussi à sa mère, Mireille Hayek, excellente cuisinière et célèbre restauratrice, « qui a bien évidemment initié ma passion pour la cuisine et m’a encouragée à poursuivre mes études en arts culinaires et management à l’Institut Paul Bocuse à Lyon ».

Initialement partie pour entreprendre des études en médecine, un bac scientifique avec mention très bien en poche, elle trouve ça légèrement sinistre et préfère « être dans un laboratoire plus jovial ». « J’aime les deux aspects de la cuisine, tant le scientifique que l’artistique, dit-elle. Comprendre comment les produits réagissent entre eux afin d’obtenir le meilleur résultat possible. » Elle choisit l’Institut Paul Bocuse « parce qu’il offre un programme très spécifique en ce qui concerne les arts culinaires avec un suivi très attentif. Dans ma promo, nous étions uniquement 60 étudiants », se souvient-elle.

Après trois années d’études qui lui ont procuré une satisfaction et la confirmation que ce laboratoire était bien plus gai, et qu’elle plus heureuse, Yasmina Hayek saisit l’opportunité et le privilège de travailler auprès de grands chefs étoilés, notamment Jean-Francois Piège (Grand Restaurant **, Paris), Mathieu Pacaud (Hexagone *, Paris) et Rasmus Koefoed (Geranium ***, Copenhague, lauréat Bocuse d’or). « Ce passage à Copenhague a été particulièrement déterminant, une expérience exceptionnelle, une ouverture dans ma carrière, souligne la jeune chef. De même que ma rencontre avec Aiste Miseviciute (Luxeat sur Instagram), ancienne top-model et célèbre «food blogger», qui m’a introduite à un réseau très développé de foodies, de chefs et de professionnels en F&B. »

En 2018, de retour au Liban, Yasmina devient chef executif du groupe SGR et de ses nombreux restaurants, et se lance l’année suivante dans le catering d’évènements pour de grandes marques, « un repas customisé pour chacun, utilisant leur code couleurs et “moodboard” ». Le plaisir des yeux, aussi...

Équilibre de forces

Déterminée et douce à la fois, « j’avais l’habitude, plus jeune, de pratiquer des sports de compétition, confie-t-elle. J’ai même été 3e dans un championnat de natation en 2014 et participé à un triathlon en 2018, ce qui m’a donné de l’endurance et de la rigueur ». Comme les jeunes de sa génération, curieuse et ouverte, Yasmina, 23 ans, aime les voyages, « une source d’inspiration et de rencontres pour moi », et la lecture qui « contribue toujours à mon ouverture au monde et au développement de ma créativité ». Son compte Instagram yasminahayek, lancé en 2017 comme un reflet de sa personnalité, affiche élégamment ses goûts et ses préférences. Clair, esthétique et appétissant, dans l’air du temps, il propose des thèmes différents qu’elle accompagne de très belles images. « Je n’ai jamais eu l’intention d’être une influencer ou une blogueuse, mais depuis mon retour à Beyrouth, mes expériences auprès des grands m’ont inspirée et m’ont donné l’envie de créer une identité culinaire qui m’est propre ». Avec une persévérance et une constance allant des repas familiaux à des dîners privés, pour finir avec un poste de chef exécutif du groupe SGR, elle a réussi à se construire un nom et un prénom dans le domaine de la gastronomie au Liban. « Lorsque je cuisine, je ne suis aucune recette, sauf pour les desserts. En ce moment, à la maison, je suis pour le zero waste (zéro gaspillage, NDLR). Et donc, je compose en fonction de ce que je trouve dans mon frigidaire ou mes placards. Je recycle également certains produits préalablement utilisés dans des salades, des bouillons... Je prépare et partage sur les réseaux sociaux des recettes simples, gourmandes mais bien exécutées et qui, j’espère, donnent chaud au cœur. »

Une cuisine visuelle

« Le Challenge #jacquemusathome, lancé sur mon compte Instagram, a créé le buzz », poursuit-elle. Le créateur Simon Porte Jacquemus a voulu, en cette période de confinement, que ses abonnés composent un visage avec des éléments dont ils disposent chez eux, à la maison. La photo que Yasmina Hayek a postée a été reprise dans les Stories de Elle Arabia et Madame Figaro Hong Kong. « Sur ma page, j’essaie de créer une harmonie de couleurs et une thématique cohérente. Il m’arrive de poster des photos de moi, dans mon cadre de vie, à la cuisine, en vacances. Dans les circonstances actuelles, j’ai décidé de promouvoir les repas que je prépare à ma famille de manière ludique, créative, soignée, au quotidien, en les postant régulièrement. Je prends moi-même les photos pour mettre en valeur les éléments qui m’intéressent. » La chef a même lancé une rubrique Quaran(Can)tine dans laquelle elle reprend, jour après jour, l’ensemble des plats cuisinés durant la semaine, partageant ainsi ses recettes avec ses abonnés. « Je suis une personne très optimiste, confie-t-elle. J’essaye de percevoir les problèmes et les menaces comme une force. Cette pandémie qui nous touche et oblige des milliards d’individus à s’enfermer chez eux est un défi. À nous de choisir entre passer des journées vides ou rendre ce confinement productif. Ce que j’essaie de faire… » « Et surtout, dit-elle, je me lève tous les matins en me disant que je voudrais tirer le meilleur de cette journée… »


Dans la même rubrique 

Brant Stewart, la passion du « mélange des genres »

Paola Rebeiz, la « Mama » des places

Ammounz, l’humour en temps de crise

« Thaoura saj », le récit d’une reconversion

Christina Karam, une influenceuse digne de ce nom

Gaby Khairallah, prêtre (et) révolutionnaire

Elle est tombée bien jeune dans la marmite et les saveurs de la cuisine familiale, a absorbé, retenu très tôt des gestes et transformé une passion en métier. « J’ai grandi dans un environnement où l’art de recevoir faisait partie de notre quotidien, précise Yasmina Hayek. Nous avions toujours l’habitude de cuisiner des repas complets (entrées, plats et desserts) faits maison...

commentaires (1)

superbe!libanaise...

Marie Claude

08 h 53, le 02 avril 2020

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • superbe!libanaise...

    Marie Claude

    08 h 53, le 02 avril 2020

Retour en haut