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Politique - Liban-USA

L’affaire Fakhoury éclabousse la classe politique

Accusé d’avoir orchestré le « marché » de l’exfiltration de l’ancien commandant de l’ALS, le CPL riposte.

Lors d’une manifestation à Khiam, le 15 septembre 2019, après le retour de Amer Fakhoury au Liban. Joseph Eid/AFP

On aurait cru qu’aucun autre sujet ne pouvait prévaloir sur celui de l’urgence de faire face à la menace du coronavirus. Or l’effervescence que vient de créer l’affaire de l’exfiltration aux États-Unis de l’ancien responsable de la milice pro-israélienne de l’Armée du Liban-Sud (ALS), Amer Fakhoury, accusé de crimes de torture commis à l’encontre de détenus dans la prison de Khiam, semble avoir inversé les priorités.

Depuis quelques jours, cette affaire qui a enflammé les milieux populaires proches du Hezbollah a fini par éclabousser une large partie de la classe politique et embarrasser au plus haut point le parti chiite accusé d’avoir « laissé faire ». Depuis, les accusations visant des responsables qui auraient orchestré ce « marché » avec l’administration Trump fusent de toutes parts. À tour de rôle, les parties incriminées – en tête le Courant patriotique libre, mais aussi les juges au sein du tribunal militaire à l’origine de la décision de la libération de Fakhoury et de manière indirecte le Hezbollah – cherchent à se rejeter la balle, personne ne voulant assumer la responsabilité d’une affaire aussi sensible et impopulaire.


(Lire aussi : Affaire Fakhoury : le Liban condamne « un acte inacceptable », l’ambassadrice US convoquée)


Le président du tribunal militaire, première victime

La déclaration du président Donald Trump qui a remercié jeudi le gouvernement libanais « pour sa coopération » à ce sujet, alors que Amer Fakhoury était en route vers les États-Unis, est venue alimenter un peu plus la tension.

Première victime de ce lynchage public, le président du tribunal militaire, le juge Hussein Abdallah, qui a présenté hier sa démission au commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.

« Conformément à mon serment et à ma dignité militaire, je quitte mes fonctions à la présidence du tribunal militaire, qui a manqué à son devoir de faire appliquer la loi en accordant l’impunité à un collaborateur de l’ennemi et au sein duquel un juge a été intimidé », a déclaré M. Abdallah. On comprend de ces propos que c’est principalement lui qui aurait été la cible d’intimidations.

L’affaire a pris une telle ampleur que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est sorti de son mutisme hier pour calmer le jeu et apaiser sa base populaire survoltée par une décision perçue comme un acte de haute trahison. Son intervention était notamment destinée à s’en laver les mains, les informations relayées ayant fait état de négociations qui avaient eu lieu en coulisses sur fond de pressions politiques exercées par les Américains.C’est ce qu’affirme notamment le cheikh Maher Hammoud, un dignitaire sunnite proche du Hezb qui, dans une conférence de presse tonitruante jeudi, s’est lâché contre le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil qu’il tient pour responsable dans cette affaire. Le cheikh Hammoud a invité le Hezbollah à couper les ponts avec M. Bassil, lui accordant « trois jours pour le faire ». Le dignitaire sunnite a adressé des blâmes à peine voilés à Hassan Nasrallah également, à qui il reproche indirectement d’avoir « failli à sa fidélité à la cause » de la résistance, lui demandant des explications « auxquelles a droit la base populaire qui soutient la résistance ». « Il s’agit d’une position extrêmement surprenante et inédite » de la part de Hammoud, commente un journaliste du site Janoubiya. Interrogé par L’OLJ, le cheikh Hammoud affirme avoir été contacté le soir même par le secrétaire général du parti chiite. Ce dernier l’aurait mis au courant des pressions exercées sur le chef du CPL par l’administration Trump « qui a brandi des menaces de sanctions contre des membres du courant aouniste et contre son chef en particulier », aurait indiqué Hassan Nasrallah à son interlocuteur. « Le sayyed m’a également fait savoir qu’il n’était pas d’accord avec l’idée de faire assumer à Gebran Bassil la seule responsabilité de cette affaire qui n’a pu être manigancée sans l’intervention d’autres hauts responsables », a-t-il dit.


(Lire aussi : Nasrallah : Le Hezbollah n'est pas au courant d'un "marché" pour la libération de Fakhoury)


« Certificat de patriotisme »

Plusieurs sources informées, principalement issues du camp opposé au Hezbollah, ont confirmé la contribution, « partielle » selon certains, du CPL au règlement de ce dossier. La formation de Gebran Bassil s’est, elle, défendue hier des « calomnies » visant son chef dans l’affaire Fakhoury. « Ceux qui accusent M. Bassil d’avoir facilité le départ de M. Fakhoury sur demande américaine sont les mêmes qui l’avaient accusé d’avoir facilité son entrée au Liban sur demande iranienne », indique un communiqué publié par le bureau de presse du CPL, qui dénonce les « surenchères qui ne se limitent pas à un seul camp mais aussi à certains, plus royalistes que le roi, qui disent défendre la résistance », une allusion aux propos durs tenus la veille par le cheikh Hammoud. « M. Bassil n’a pas besoin qu’on lui donne un certificat de patriotisme et d’indépendance », poursuit ce texte.

Contacté, un député membre du bloc du Liban fort, dont le CPL est la principale composante, a refusé de commenter, affirmant vouloir s’en tenir au communiqué officiel du parti.

« C’est la première fois que je ressens de la compassion pour M. Bassil », affirme un analyste du camp politique opposé aux aounistes et au Hezbollah. « M. Bassil n’est que le dernier maillon de la chaîne. Quel que soit le rôle qu’il a pu jouer, il reste minime dans cette affaire qui a été orchestrée à très haut niveau. » L’analyste fait référence à un deal global conclu avec Téhéran qui aurait inclus, outre la relaxe de Fakhoury, celle concomitante de l’ex-militaire américain Michael White, détenu en Iran depuis 2018 et libéré jeudi, alors que les tensions américano-iraniennes sont au plus haut.


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commentaires (21)

Saad nous t’avions confié notre honneur que tu as su brader pour le Hezbollah rends nous le en faisant libérer les innocents de Roumié sinon les élections anticipées qui arrivent te renverront en Arabie Saoudite d’ailleurs qui ne veut plus de toi non plus Rachète toi petit il y a des gens en haut qui t’observe!

PROFIL BAS

17 h 49, le 22 mars 2020

Tous les commentaires

Commentaires (21)

  • Saad nous t’avions confié notre honneur que tu as su brader pour le Hezbollah rends nous le en faisant libérer les innocents de Roumié sinon les élections anticipées qui arrivent te renverront en Arabie Saoudite d’ailleurs qui ne veut plus de toi non plus Rachète toi petit il y a des gens en haut qui t’observe!

    PROFIL BAS

    17 h 49, le 22 mars 2020

  • Winston Churchill avait dit : Je collaborerais avec le diable pour le salut de ma patrie. Amer Fakhoury et ses compagnons chrétiens, chiites et druzes avaient accepté l'aide du diable israélien pour sauver leur patrie de l'occupation palestinienne. Le monde civilisé avait compris leur attitude sauf le lilliputien résidu soviéto-stalinien au Liban-Sud Deir-Mimas. Pour en finir, Donald Trimp a extirpé Amer Fakhoury, libano-américain, Ainsi le débat est clos et la caravane passe.

    Un Libanais

    15 h 39, le 22 mars 2020

  • Le Fakhourygate ou l’imposture de l’Axe révélée (une fois de plus) au grand jour..

    Citoyen libanais

    11 h 53, le 22 mars 2020

  • Libérez les détenus de Roumié ou jugez les Cheikh Assir et les autres ne sont détenus que selon le bon vouloir du Hezbollah et du CPL qui les ont piégés et enfermés sinon jamais l’extrémisme ne finira au Liban car l’injustice que subisse ces sunnites dans les prisons est insupportable et augmentera encore plus les sympathisants. Ou sont les artistes solidaires pour lutter contre la réhabilitation de Fadel Chaker qui n a fait que dénoncer de manière précoce les abus du Hezbollah qui conduit aujourd’hui le Liban vers un abime sans fin . Fossoyeurs du Liban enterrez vous de grâce!

    PROFIL BAS

    08 h 45, le 22 mars 2020

  • Qu'on soit pour ou contre la libération de fakhouri, qu'on ridiculise Trump ou non la leçon que je tire de toute cette affaire est simple: Le gouvernement qui américain a tout fait pour faire libérer un de ses citoyens, même d'adoption, alors que des centaines de citoyens libanais croupissent dans les prisons/camps de concentration de la Syrie et aucun de nos politiciens au pouvoir n'en parle ou ne s'en soucie... Bonne chance et bon courage à nos valeureux martyrs vivants et que Dieu donne patience et courage à leurs parents et surtout leurs mères!

    Wlek Sanferlou

    16 h 01, le 21 mars 2020

  • Le marché de dupes est toujours ouvert et les prix sont bradés. Qui vont ils encore prendre en otage (puisque c’est leur seule arme depuis des décennies) pour pouvoir le monnayer contre la tranquillité des voyous et le silence sur les crimes commis sur le peuple et l’usurpation de notre pays?

    Sissi zayyat

    13 h 06, le 21 mars 2020

  • Question: la collaboration de Fakhoury avec Israel, c’est à peu près à la même époque où l’Iran achetait massivement des armes à Israel dans sa lutte contre l’Iraq? :-D

    Gros Gnon

    12 h 55, le 21 mars 2020

  • Les équipes médicales, la croix rouge Libanaise sont en maque de matériel pour sauver les gens...Les politiciens démagogues sont préocupés par un monsieur qui est rentré chez lui. Au lieu de penser à sauver les gens, les politiciens cherchent à flatter les instincts des foules intégristes . Ca se voit que la classe politique n'a ni culture, ni le niveau nécessaire pour gérer un pays et éduquer les gens...Ce sont les politiciens qu'il faudra éduquer et cultiver. Des ex voyous, ex miliciens à la tête du pays. Le virus doit être prioritaire les gars... Par les affaires secondaires.

    LE FRANCOPHONE

    12 h 40, le 21 mars 2020

  • Je ne vois pas ce qui choque !! Le type est rentré au liban "normalement" parce qu'il n'est plus sous un quelconque mandat. Et il est rentré aux USA "normalement. C'est surtout le fait d'arrêter une personne très longtemps après sa venue au liban qui est choquante; Surtout pour un crime débile " visiter israel" !!! En tant qu'américain, il visite qui il veut. Si les responsables estiment qu'il n'avait pas le droit? Ok, on le refoule à son arrivée. Mais on ne l'emprisonne pas des mois plus tard !!!! Tout ceci c'est pour faire plaisir à des intégristes qui se tapent des lois d'un pays mais veulent appliquer leurs lois.

    LE FRANCOPHONE

    12 h 35, le 21 mars 2020

  • l'affaire fakhoury ne peut pas avoir Eclabousse la Crasse Politique voyons ! elle etait deja tellement enfoncee dans la pourriture la plus nauséabonde qu'il lui est impossible de s'enfoncer plus profondement .

    Gaby SIOUFI

    11 h 37, le 21 mars 2020

  • vous avez censure mon commentaire qui etait , a mon point de vue parfaitement correct: never mind un plus doux alors C'etait ou Bassil sanctionne par les Americains ou Fakhouri libere Meme Nasrallah n'a pas pu dire non a Aoun Voila LA VERITE mais tout le monde se dedouanne de cela et a la justice Abdallah paie le prix VIVE LE LIBAN FORT DE MAGOUILLES

    LA VERITE

    10 h 10, le 21 mars 2020

  • Je vois que vous faites ça exprès...C'est pas grave, mais vous m'avez eu! On verra bien dans un an...

    Georges MELKI

    09 h 05, le 21 mars 2020

  • ON DONNE UNE DIMENSION BIEN TRES GRANDE A UNE DECISION DE JUSTICE ET D,APPLICATION DE LA LOI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 49, le 21 mars 2020

  • Non mais franchement... il est sérieux ce cheikh Hammoud??? Il espérait vraiment que le Liban, qui ne tient plus que sur 1 doigt de pied, allait s’opposer aux américains ? C’est déjà un « exploit » que Fakhoury soit resté emprisonné 6 mois au Liban... Et si ce type a été échangé contre des appareils médicaux, des masques et des gels hydro alcooliques, alors bon débarras.

    Karim K

    08 h 26, le 21 mars 2020

  • On a tout avec de l'argent, hormis des moeurs et des citoyens.

    Nadine Naccache

    07 h 53, le 21 mars 2020

  • Si le tribunal militaire n'est pas en mesure de défendre sa décision alors un consensus politique a bien eu lieu entre Bassil et le Hezb. Ils n'ont rien dis pendant 48 heures et tout d'un coup Ils font des discours pour se déculpabiliser auprès de leur partisans. La Révolte avait bien raison de les accuser de poltrons

    Zovighian Michel

    07 h 48, le 21 mars 2020

  • Au moment précis où H.N. vitupère contre le FMI, ses patrons passent, dans son dos, un accord avec la dite institution. Le même Nasrallah pousse les hauts cris contre la libération de Fakhoury, pendant même qu'il est en train de négocier son élargissement avec son compère du CPL. Décidément, le temps des couleuvres est dur pour le chef su Hezbollah! Espérons que cela ouvrira les yeux de ses partisans et qu'ils comprendront, enfin, que tout ce qui sort de la bouche de leur leader n'est pas pour autant parole d’évangile.

    Yves Prevost

    07 h 17, le 21 mars 2020

  • Ras-le-bol avec cette histoire! C'est tout ce qui préoccupe nos politiciens maintenant, avec tout ce qu'on a comme problèmes? Amer Fakhoury était en dehors du Liban depuis 2000, et personne n'a prononcé son nom! Comment est-il subitement devenu une question d'Etat?

    Georges MELKI

    07 h 00, le 21 mars 2020

  • C'est vraiment de l'énergie perdue , c'est vraiment peine perdue , c'est vraiment inutile et néfatse de parler de ce sujet aujourd'hui .

    Chucri Abboud

    03 h 48, le 21 mars 2020

  • Quelle histoire abracadabrante, mais qui prouve 2 choses: 1- Que l’Iran et son proxy le Hezbollah sont dans de mauvais draps sur le plan économique et social et réalisent qu’il faut amadouer à tout prix leur bête noire, les américains pour qu’ils relâchent les mesures de boycott sévères qui commencent à leur faire très mal surtout avec le coronavirus et permettre peut-être au FMI de leur venir en aide...et notre ami HN joue à la sainte nitouche... 2- Que notre cher Président et son gendrissime sont en perte de vitesse et vont payer très cher leur alliance contre nature avec le Hezbollah, car cette histoire les a débusqués et montré les contradictions dans lesquelles ils se débattent... Ils ne savent plus comment s’en sortir de ce dilemme cornélien, sauf que le ridicule ne tue pas au Liban... Alors que le pays se débat dans une crise économique terrible doublée d’une épidémie du coronavirus mortelle... Honte sur vous, Messieurs!

    Saliba Nouhad

    02 h 50, le 21 mars 2020

  • Tous ceux qui alimenté de leurs compatriotes les geôles de Anjar et qui ont pillé le pays pendant au moins quinze ans avec les différentes factions syriennes qui les appuyaient puis ceux d'entre eux qui ont poursuivi leur business jusqu'à s'inventer un rôle à la fois de "résistant" et de vainqueur post mai 2000, faire une guerre en 2006, puis écraser la révolte syrienne dans le sang, poussent des cris d'orfraies. Ce serait trop drôle si l'hypocrisie n'était pas le mal principal du pays, celui qui l'a mené au désastre actuel. Racaille. Fakhoury est parti, tant pis pour vous.

    M.E

    00 h 10, le 21 mars 2020

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