Le Liban officiel a rapidement réagi au départ vers les États-Unis de Amer Fakhoury, ancien responsable de la milice pro-israélienne de l’Armée du Liban-Sud (ALS) et ex-commandant de la prison de Khiam, à bord d’un hélicoptère américain jeudi qui avait atterri à l’ambassade US à Aoukar.
Si le président américain, Donald Trump, a tenu à « remercier le gouvernement libanais » pour « sa collaboration dans ce dossier », c’est surtout un mécontentement officiel face à une entorse aux us et coutumes diplomatiques en vigueur que Beyrouth a exprimé hier. C’est dans ce but que le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, a convoqué la toute nouvelle ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Dorothy Shea, au palais Bustros.
Dans certains milieux politiques, on tient à souligner que c’est une action éminemment politique par laquelle le palais Bustros a voulu clairement exprimer sa condamnation d’un acte « inacceptable » en matière de diplomatie. La rencontre aurait été une occasion pour l’ambassadrice Shea d’expliquer le point de vue américain sur ce sujet, principalement axé sur le fait que Washington a œuvré pour libérer un citoyen américain.
(Lire aussi : L’affaire Fakhoury éclabousse la classe politique)
L’espace aérien
Il reste que la manière dont l’ex-responsable de l’ALS a été rapatrié n’était pas sans susciter des interrogations, notamment au sujet de l’utilisation de l’espace aérien libanais pour ce genre d’opération.
Une source autorisée indique dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que depuis les années 80, un accord lie le Liban à plusieurs pays, dont les États-Unis, et leur permet d’utiliser l’espace aérien libanais dans le cadre d’opérations en rapport avec leurs ambassades à Beyrouth.
Pour sa part, le Premier ministre, Hassane Diab, a exprimé, sur son compte Twitter, une sorte de mécontentement face au dénouement de l’affaire Fakhoury. « Nous ne pourrons pas oublier le crime qu’est la collaboration avec l’ennemi israélien », a-t-il écrit. Et d’ajouter : « Pour la justice divine, les droits des martyrs et des détenus libérés ne peuvent tomber sous la coup de la prescription. » M. Diab décochait ainsi une flèche en direction du tribunal militaire, dont le président, Hussein Abdallah, a démissionné hier.
Mais dans certains milieux gouvernementaux, on préfère ne pas se noyer dans ce genre d’interprétations, se contentant de souligner que le Premier ministre a exprimé un point de vue et accorde actuellement la priorité à d’autres dossiers, notamment le coronavirus.
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commentaires (8)
Elle est où l'affaire?? Je ne la vois pas. Ah oui, le fait d'avoir emprisonné un americain parce qu'on lui a crée une accusation " sur mesure"? le fait d'avoir visité israel? et alors?? où est le problème? Il est americain et en tant que tel, il fait ce qu'il veut. Si qq1 n'est pas content, on devait lui dire ceci à son arrivée et lui dire " non monsieur, vous ne rentrez pas au liban". basta. Et non crée une affaire à partir de "rien"..Le "rien" étant le "hezbollah" évidemment.
LE FRANCOPHONE
20 h 58, le 21 mars 2020