La vidéo circule abondamment sur les réseaux sociaux : on y voit un jeune homme sur la corniche de Beyrouth, tancé par un policier en masque chirurgical, qui lui dresse un PV, invoquant d’une voix étouffée « le non-respect de la mobilisation générale » décrétée par le gouvernement pour limiter la propagation du coronavirus au Liban.
Ce jeune homme, c’est Rabih Chalhoub, poète et professeur de philosophie trentenaire, originaire du village de Qalia dans la Békaa-Ouest, et qui n’aime rien tant qu’écrire près de la mer. « J’ai un abonnement au Club des officiers de Beyrouth, où je me rends régulièrement pour lire et écrire, raconte-t-il à L’Orient-Le Jour. Or le club est actuellement fermé dans le cadre du confinement imposé par la nécessité de limiter la propagation du coronavirus. Voilà pourquoi j’ai pris l’habitude de descendre en voiture avec mon café et ma gourde d’eau, que je ramène de la maison, après les avoir désinfectés. Et c’est dans ma voiture, près de la mer, que je recherche le calme et l’inspiration. »
Ce jour-là, Rabih a la mauvaise idée de quitter sa voiture pour fumer une cigarette à Aïn Mreïssé. « C’est à ce moment que je suis interpellé par un agent des Forces de sécurité intérieure, qui m’apprend que je suis en violation des directives du gouvernement, dit-il. Sachant que je ne m’étais rapproché de personne, que je ne faisais pas partie d’un rassemblement et que je ne représentais aucun risque. »
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L’agent des FSI dresse alors un PV au jeune homme et le lui fait signer. Mais celui-ci trouve que cette contravention est injustifiée. « Le gouvernement a décrété la mobilisation générale, pas l’interdiction de circuler, s’insurge-t-il. Pourquoi me pénaliser parce que je me trouve dans la rue ? Ce n’est pas illégal jusque-là. » Il note également un autre fait surprenant. « Le policier a écrit sur le PV que je pratiquais du sport sur la corniche, or c’est faux, je n’étais même pas en habits de sport ! » poursuit-il.
Interrogé sur le montant de la contravention, Rabih Chalhoub indique que l’agent des FSI a laissé au juge la décision de fixer le montant. « Je suis professeur et je subis déjà de nombreuses injustices, ainsi que mes pairs, déplore-t-il. Le paiement de nos salaires est régulièrement ajourné. Mes parents ont une agence de voyages, et leur activité est durement touchée par la crise économique. Est-ce le moment qu’on nous impose des contraventions, dans un pays où les irrégularités sont si nombreuses, qui plus est ? »
Le jeune homme déplore un autre aspect de la mésaventure qu’il vient de vivre. « La diffusion de cette vidéo sur les réseaux sociaux est une atteinte flagrante à ma personne et s’apparente à de la diffamation », a-t-il dénoncé.
Le gouvernement a décrété l’état de mobilisation générale depuis lundi, demandant aux citoyens de rester chez eux sauf en cas d’urgence. Dimanche, la présence d’un grand nombre de promeneurs sur la corniche de Beyrouth, en pleine crise de propagation du coronavirus au Liban et dans le monde, avait suscité un tollé, ce qui a apparemment mis la pression aux forces de l’ordre qui, avec la police municipale, s’étaient empressées de les disperser.
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je souhaite que le commentaire soit sous le pseudo I.S,Merci. En tant que médecin , je pense que le virus n'a pas livré tous ses secrets, et nombreux pays , dont le LIBAN , s'inspirent de l'expérience Chinoise,qui est le confinement total. On ne peut pas , et on ne doit pas "philosopher", sur le sujet, on peut parfaitement fumer sa cigarette et boire son café chez soit . Pour GEBRAN KHALIL GEBRAN , c'est dans la solitude qu'il a eu les meilleurs inspirations! Voilà un sujet d'actualité pour une méditation philosophique: Est-il mieux d'isoler les gens les uns des autres pour isoler le virus ?Ou mieux vaut , comme dans certains pays , laisser faire le germe avec ses lots de morts et la nature finira par retrouver son équilibre?Assistance ou fatalité ? en toute amitié.
11 h 27, le 20 mars 2020