Le Dr Hadi Mourad. Photo tirée de la page Facebook du médecin
L’affaire de Hadi Mourad, le médecin à qui le ministre de la Santé publique Hamad Hassan a retiré le permis de travail et qui doit comparaître ce matin devant le bureau d’investigation criminelle, a provoqué un tollé au cours du week-end écoulé. Dans une intervention jeudi soir sur une chaîne télévisée, le Dr Mourad avait estimé que M. Hamad « avait commis un crime envers le peuple libanais » dans la gestion de l’épidémie du nouveau coronavirus (Covid-19). Il a souligné que la campagne « Reste à la maison » à elle seule ne suffit pas « tant que les frontières aériennes sont toujours ouvertes et que des avions transportant des passagers de pays endémiques ou dans lesquels le virus s’est propagé continuent à atterrir à l’aéroport de Beyrouth ». « J’étais sur le plateau avec plusieurs autres médecins, précise le Dr Mourad à L’Orient-Le Jour. J’ai haussé le ton, d’autant que la veille (mercredi), un avion en provenance d’Iran avec à son bord 150 passagers a atterri. Je ne pouvais pas me taire, d’autant que c’est un scandale. Ces personnes auraient dû être placées en quarantaine pour protéger leur entourage. »
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Le Dr Mourad, qui avait déjà dénoncé il y a plus d’un mois la mise sur le marché libanais de médicaments iraniens qui ne répondent pas aux normes, explique que la réponse ne s’est pas fait attendre. « Douze heures après l’émission (vendredi matin), je reçois un appel du bureau d’investigation criminelle qui m’a convoqué à une enquête, poursuit-il. On s’est entendu à ce que je me présente lundi à 10 heures (aujourd’hui). Vendredi soir, vers 19 heures, je découvre que le ministre de la Santé a retiré mon permis d’exercice de la profession. Or, conformément aux lois en vigueur, seul l’ordre peut retirer le permis d’exercice d’un médecin dans des cas bien précis. Or aucun de ces cas ne s’applique à cette affaire. »
Et le Dr Mourad de poursuivre : « Mon affaire est devenue une affaire d’opinion publique. Le ministre aurait pu me poursuivre en justice pour diffamation, mais il n’a pas le droit de prendre des mesures vindicatives parce que j’ai haussé le ton. Le corps médical a dénoncé cette mesure, même les médecins affiliés aux partis, ainsi que des avocats du mouvement de contestation populaire. Demain, malgré l’épidémie du coronavirus, plusieurs médecins m’accompagneront au bureau d’investigation criminelle pour m’exprimer leur soutien. Ils prendront bien sûr les mesures préventives nécessaires. »
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Le droit de s’exprimer
Réagissant à cette affaire, le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf, a appelé le ministre de la Santé à « revenir sur sa décision » le temps que celle-ci soit « réglée dans le cadre syndical ». Dans un communiqué, le Dr Abou Charaf a affirmé que « le fait de s’exprimer est le droit de tout médecin ». « Vu les défis médicaux par lesquels passe le pays, nous appelons tous les collègues à adopter un discours calme et à soutenir les autorités officielles dans les efforts qu’elles déploient afin de surmonter cette crise avec le moins de dégâts possible. »
Et de rappeler que lors « d’épidémies et de catastrophes sanitaires, la loi exige que tout le monde se conforme aux décisions du ministère de la Santé publique ».
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MR LE MINISTRE DE LA SANTE VOUS AVEZ FAILLI A VOTRE MISSION DE PRESERVER LA SANTE DES RESIDENTS AU LIBAN EN LAISSANT VENIR PLUSIEURS AVIONS DES PAYS CONNUS POUR AVOIR UNE GRANDE EPIDEMIE DU VIRUS CORONA EN PARTICULIER L'ITALIE ET L'IRAN VOUS N'AVEZ MEME PAS FAIT UN MINIMUM QUI CONSISTAIT A METTRE EN QUARANTAINE OBLIGATOIRE TOUS LES PASSAGERS DURANT 14 JOURS VOUS ETES DONC RESPONSABLE DE MANQUE A VOTRE DEVOIR ET NON PAS LE MEDECIN QUI A CRITIQUE VOS DECISIONS, VOUS ESSAYEZ DE FAIRE CE QU'A FAIT LE REGIME CHINOIS EN EMPRISONNANT LE MEDECIN QUI A ALERTE EN PREMIER SUR CE VIRUS ET QUI EN EST MORT PAR LA SUITE LA VERITE VOUS DEVEZ DES EXCUSES PUBLIQUE AU PEUPLE POUR AVOIR MIS LA POLITIQUE DU PARTI QUI VOUS A NOMME MINISTRE AVANT LA SANTE DES LIBANAIS ET DES RESIDENTS DANS CE PAYS ET POUR AVOIR DECIDE QUE LE MEDECIN QUI VOUS A CRITIQUE NE PEUT PLUS EXERCER SON METIER CAR SANS LA LIBERTE D'EXPRESSION LA VIE N'A AUCUN SENS
00 h 52, le 18 mars 2020