Rechercher
Rechercher

Société - Enseignement

Quand Télé-Liban dispensait des cours aux élèves du bac

Au début de la guerre civile, en 1975-1976, des enseignants avaient été formés pour donner leurs leçons à travers le petit écran à des écoliers retenus chez eux par les combats.

Télé-Liban avait assuré des cours à distance pendant quelques mois en 1975-1976.

Si beaucoup d’élèves libanais, confinés à la maison, suivent aujourd’hui des cours à distance dispensés par leurs professeurs sur internet, leurs aînés avaient connu une expérience similaire au cours de la guerre civile : Télé-Liban avait assuré des cours à distance pendant quatre mois, quelque temps après le sinistre 13 avril 1975, jour du déclenchement du conflit.

C’est en novembre 1975 donc que des cours ont commencé à être dispensés le long de la journée aux élèves bloqués à la maison, notamment à ceux qui préparaient leur bac.

Marie Badine, l’une des pionnières des productions télévisées avec son mari Nicolas Abou Samah, le père du doublage dans le monde arabe, se souvient : « J’avais quitté la télévision en 1973 pour y revenir spécialement pour ce programme au début de la guerre. Je travaillais à l’époque pour le Centre de recherche et de développement pédagogiques (CRDP), qui était présidé par Wadih Haddad et dont le siège se trouvait – et se trouve toujours – à Dekouané. C’est Wadih Haddad qui a eu l’idée de ces cours, et comme j’étais une ancienne de Télé-Liban, j’ai été chargée du programme », raconte-t-elle au téléphone à L’Orient-Le Jour. « Je touchais 4 000 livres par mois, ce qui était une somme très importante à l’époque (un dollar faisait environ 2,5 livres). La guerre battait son plein. Le centre se trouvait non loin du camp palestinien de Tall el-Zaatar qui était à l’époque théâtre de combats. Nous nous réunissions avec les personnes du CRDP à l’hôtel al-Bustan (à Beit-Méry) pour préparer le contenu, et nous allions aux studios de Télé-Liban à Hazmieh en passant par la route de Qanater Zbeidé. À l’époque, il n’y avait pas encore de pont qui franchissait la rivière, nous la franchissions à pied. Souvent, un homme me portait jusqu’à la terre ferme », dit-elle.

« Des professeurs dispensaient les cours et une jeune fille, Graziella el-Khoury, fille de l’ancien rédacteur en chef d’al-Chabaké, Georges Ibrahim el-Khoury, passait entre un cours et un autre pour annoncer les classes et les matières, tout comme une speakerine », poursuit-elle. Beaucoup d’élèves ont cependant raté leur année scolaire en raison des combats.

Jeanne d’Arc Abou Zeid Fayad, ancienne présentatrice du 20h30 de Télé-Liban, se souvient quant à elle d’un projet pilote qui n’a jamais vu le jour. « C’était toujours en coopération entre Télé-Liban et le CRDP, on voulait mettre en place un programme d’alphabétisation destiné aux adultes qui n’avaient jamais appris à lire et à écrire », dit-elle à L’Orient-Le Jour.

L’émission pilote avait été tournée avec l’animateur Riad Charara et réalisée par John Fayad, l’un des plus importants réalisateurs de la télévision libanaise, spécialisé aux États-Unis et à qui l’on doit entre autres l’adaptation télévisée des Dix petits nègres d’Agatha Christie.

Dans son livre Lebanon on Screen, publié en 2015, le journaliste Zaven Kouyoumdjian souligne, rapportant des propos de Wadih Haddad qui vit actuellement à l’étranger, que « l’enseignement à distance de Télé-Liban était une expérience unique dans le monde entier ». Zaven Kouyoumdjian note également que Marie Badine avait été chargée de former plus de 30 enseignants afin qu’ils s’habituent au travail devant la caméra.

Aujourd’hui, avec l’enseignement à distance imposé par le coronavirus, et malgré les énormes progrès de la communication survenus depuis, le problème qui se pose est que de nombreux enseignants sont mal préparés à utiliser les nouvelles technologies pour faire passer leurs messages par écran interposé à leurs élèves confinés à la maison.



Lire aussi
L’enseignement en ligne pour tenter de sauver l’année scolaire au Liban


Si beaucoup d’élèves libanais, confinés à la maison, suivent aujourd’hui des cours à distance dispensés par leurs professeurs sur internet, leurs aînés avaient connu une expérience similaire au cours de la guerre civile : Télé-Liban avait assuré des cours à distance pendant quatre mois, quelque temps après le sinistre 13 avril 1975, jour du déclenchement du...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut