Turcs et Syriens s’entrebouffent autour d’Idleb, les Irakiens pataugent à Bagdad dans une mouise politique glutineuse très peu comestible, un multirécidiviste de la corruption rempile chez les Hébreux d’à côté… Pendant ce temps, la vie est belle à Beyrouth, où le jeu de dés suit son cours mollasson : sur trois présidents, il y en a deux qui se font la gueule pendant que le troisième s’en bat les gonades.
Am, stram, gram… : cette fois, le match oppose Michel du Château, dit Mongénéral, au duc de Berry (Nabih, pas Charles-Ferdinand d’Artois), légataire universel des déshérités. On ne rit pas, car le conflit idéologique est profond. Et si CNN et Euronews n’en ont pas encore parlé, c’est bien sûr par pur antilibanisme primaire.
L’histoire en tout cas vaut le détour. Les deux hommes se crêpent la touffe autour de trois sujets éminemment planétaires : le jus d’électrons d’EDL pratiquement inexistant, mais où la castagne prévue au sommet promet de belles étincelles ; les nominations judiciaires par lesquelles le Tsunamichel et Istiz Nabeuh veulent défendre chacun un poulain qui pantoufle dans les tribunaux ; enfin, le pompage attendu au large des côtes, où les deux birbes n’ont jusque-là réussi qu’à se pomper l’air mutuellement. N’ayant plus rien à croquer dans la fonction publique, le haut perché du Parlement n’a pas apprécié que le pensionnaire de Baabda l’ait écarté du pince-fesse à bord du bateau renifleur, le privant du coup des petits fours de circonstance. Ce dernier avait-il le droit de tirer toute la couverture à lui et accessoirement en faire profiter le Basileus ? Et le baron de Aïn el-Tiné devait-il impérativement s’associer à l’orgie ? On trouvera bien un jour dans la Constitution de quoi balayer ce suspense intenable.
Orangina 1er, à qui toute cette histoire commence à chauffer les oreilles, a cadenassé le débat et lâché ses pitbulls partisans contre le pique-assiette outrecuidant. Ce qui ne l’empêche pas de traiter en catimini ce tenancier en Chambre de vieux gland, alors que celui-ci, tout le monde en convient, n’est pas si vieux que ça…
Deux hommes, deux tranches de vie sur fond de dette de 92 milliards. L’un a tiré le jackpot, l’autre tire la gueule… et nous le diable par la queue.
gabynasr@lorientlejour.com
Vous êtes le seul qui me fait rire jusqu'à l'étouffement.
15 h 52, le 07 mars 2020