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À La Une - violences

Intensification du conflit en Syrie entre la Turquie et la Russie

Washington prêt à fournir une aide militaire et humanitaire à Ankara dans la région d'Idleb, affirme l'émissaire américain pour la Syrie, James Jeffrey.

Une colonne de fumée s'élevant de Saraqeb, dans la province d'Idleb, le 3 mars 2020. AFP / Omar HAJ KADOUR

Un avion de l'armée syrienne a été abattu mardi dans le nord-ouest de la Syrie, où les combats se sont intensifiés ces derniers jours, au point que la Turquie, alliée des rebelles syriens, et la Russie, soutien des forces de Bachar el-Assad, se rapprochent d'un conflit direct. Cet avion est le troisième abattu par la Turquie depuis dimanche dans le cadre de son intervention pour repousser les forces syriennes qui cherchent à reprendre le dernier bastion des insurgés avec l'appui militaire de la Russie.

Avec plus d'un million de réfugiés massés depuis décembre à la frontière turque en raison de l'offensive dans la province d'Idleb, l'ONU redoute une crise humanitaire sans précédent au terme de neuf années de conflit. Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'ONU, a souligné devant la presse à quel point les secours étaient débordés et le manque notamment d'argent.

Kelly Craft, l'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, a annoncé une aide supplémentaire de 180 millions de dollars pour faire face à la crise humanitaire à Idleb. "L'aide humanitaire n'est qu'une réponse mais la solution est un cessez-le-feu immédiat", a-t-elle déclaré à la presse, jugeant le régime de Bachar el-Assad "cruel et brutal."



(Lire aussi : Sous le regard passif de Moscou, Ankara assène une leçon à Damas)



Combats nourris
Les combats font notamment rage dans la localité stratégique de Saraqeb, qui permet l'accès aux villes d'Idleb et d'Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Cette ville a été reprise lundi par les troupes de Bachar el-Assad après avoir changé de mains plusieurs fois ces dernières semaines.

Ankara a envoyé le mois dernier des milliers de soldats et de l'équipement dans cette région située à la frontière de la Turquie pour soutenir les rebelles pro-turcs. La semaine dernière, une frappe de l'aviation syrienne a coûté la vie à 34 soldats turcs, qui n'avait pas connu de pertes aussi lourdes depuis des décennies. La Russie, qui dispose des missiles antiaériens en Syrie, a, depuis,  prévenu Ankara qu'elle ne pouvait garantir la sécurité des avions turcs dans le ciel syrien.

Le ministère turc de la Défense a déclaré que l'avion de l'armée syrienne abattu mardi était un L-39. L'agence de presse syrienne Sana a confirmé qu'un avion militaire syrien avait été pris pour cible par les forces turques.

Le président turc Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine doivent se rencontrer jeudi pour tenter de désamorcer la crise. Interrogé sur le risque d'un affrontement direct entre les deux nations, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à la presse: "Nous espérons que nous serons en mesure de minimiser absolument ce risque grâce aux contacts étroits entre les forces armées des deux pays".

Les Etats-Unis sont prêts à fournir une aide militaire et humanitaire à la Turquie dans la région d'Idleb, a déclaré mardi à la presse l'émissaire américain pour la Syrie, James Jeffrey. "La Turquie est un (membre) allié de l'OTAN. La plupart des militaires utilisent des équipements américains. Nous veillerons à ce que ces équipements soient prêts et utilisables", a-t-il dit. David Satterfield, ambassadeur des Etats-Unis en Turquie, a déclaré de son côté que Washington examinait la demande d'Ankara pour des systèmes de défense aérienne.



(Lire aussi : Devant l’offensive turque, le Hezbollah paie un lourd tribut à Idleb)



Nouvelle crise migratoire ?
L'opposition affirme que les forces gouvernementales syriennes attaquent délibérément des civils pour les inciter à fuir.

La Turquie, qui accueille déjà 3,6 millions de réfugiés syriens, estime ne pas pouvoir en recevoir davantage et souhaite que les troupes de Bachar el-Assad reculent jusqu'à la zone tampon le long de sa frontière. Ankara a décidé la semaine dernière de ne plus empêcher bloquer le passage des migrants vers l'Europe comme elle s'y est engagée par un accord avec Bruxelles en 2016, en raison de l'intensification des combats dans la région d'Idleb. Cette décision a conduit la Grèce a placer ses frontières en état de sécurité maximale dimanche.

Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a jugé mardi le "chantage" de la Turquie "inacceptable" et a considéré que l'offensive syrienne dans la province d'Idleb relevait du crime de guerre.

Ces derniers jours, quelque 10.000 réfugiés et migrants ont tenté de rejoindre la Grèce par voie terrestre et plus de 1.000 par voie maritime, faisant craindre une nouvelle crise migratoire après celle de 2015-2016. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a promis mardi que l'Union européenne allait aider la Grèce à faire face à cet afflux de réfugiés.


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Un avion de l'armée syrienne a été abattu mardi dans le nord-ouest de la Syrie, où les combats se sont intensifiés ces derniers jours, au point que la Turquie, alliée des rebelles syriens, et la Russie, soutien des forces de Bachar el-Assad, se rapprochent d'un conflit direct. Cet avion est le troisième abattu par la Turquie depuis dimanche dans le cadre de son intervention...

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