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Politique - Sanctions

Face au Hezbollah et à l’Iran, Washington n’exclut pas de passer à la vitesse supérieure

Les nouvelles mesures US contre le parti chiite n’affectent pas le gouvernement, affirment des proches de Hassane Diab.

Selon David Schenker, « le Hezbollah exploite le système bancaire libanais ». Capture d’écran d’une vidéo diffusée sur le site web du département d’État américain

Les États-Unis restent déterminés à maintenir leur politique de confrontation directe avec la République islamique d’Iran et ses alliés régionaux, notamment le Hezbollah, comme l’a montré le nouveau train de sanctions annoncées mercredi par le Trésor américain à l’encontre de la formation chiite et visant en particulier des responsables et des entités liées à la puissante « Fondation du martyr », qui subvient aux besoins des familles des militants du parti chiite tués au combat.

Les milieux proches du Hezbollah se sont cependant employés à réduire l’impact de ces nouvelles mesures, estimant qu’elles s’inscrivent dans la continuité de la politique régionale de l’administration Trump. Mais contrairement aux interprétations des plus optimistes, Washington semble vouloir passer à la vitesse supérieure face à Téhéran, et par conséquent face au parti de Hassan Nasrallah et à ses alliés au Liban. C’est ainsi que l’on pourrait analyser les propos particulièrement significatifs tenus par le secrétaire adjoint américain au Trésor pour la Lutte contre le terrorisme, Marshall Billingslea, et le secrétaire d’État adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, David Schenker, lors d’une conférence de presse conjointe, tenue quelques heures après l’annonce des nouvelles sanctions. Prenant la parole, M. Schenker a déclaré : « Ce n’est pas un secret que les États-Unis envisagent de sanctionner des personnes libanaises en vertu de la loi Magnitski (Magnitski act). »



(Lire aussi : Sanctions américaines contre la puissante Fondation du martyr)



Les alliés politiques du Hezbollah
Il faisait ainsi allusion à un texte de loi promulgué en 2012 par le Congrès américain, sous le mandat du président Barack Obama, portant le nom d’un juriste russe, Sergueï Magnitski, mort en prison à Moscou fin 2009. Sergueï Magnitski était considéré comme étant le symbole de la lutte contre la corruption du système politique en Russie. Le texte imposait des sanctions à plusieurs responsables russes impliqués dans sa mort. En 2016, la loi a été amendée et élargie pour s’étendre à des cas graves de violation des droits de l’homme en dehors du cadre de la Russie, ainsi qu’à des actes, tout aussi graves, liés à la corruption. « La corruption et la résistance à la réforme ne sont pas une spécialité du Hezbollah, il existe d’autres groupes appartenant à différentes communautés et partis politiques qui s’opposent à la réforme et se livrent à des actes de corruption », a affirmé M. Schenker. Selon lui, « Le Hezbollah exploite le système bancaire libanais ». « Nous allons engager sa responsabilité pour cela. Le Hezbollah est une organisation terroriste et nous prendrons les mesures nécessaires afin de nous assurer qu’il ne peut collecter des fonds et exploiter librement des institutions sur le territoire libanais ou ailleurs dans le monde », a-t-il encore dit, dans ce qui semble être une mise en garde, voire une annonce indirecte de sanctions futures contre des alliés du parti chiite.À son tour, M. Billingslea a déclaré que Washington « a l’intention de tenir les dirigeants politiques pour responsables si la situation se poursuivait », appelant le gouvernement à agir rapidement pour répondre aux préoccupations de la communauté internationale au sujet de la corruption.

Bien au-delà du conflit régional opposant l’Iran et ses alliés à Washington, c’est sous l’angle de son timing que la nouvelle vague de sanctions américaines devrait être interprétée. Elle est intervenue à l’heure où le gouvernement de Hassane Diab, dont le Hezbollah est le principal parrain, vient de terminer des pourparlers informels avec une délégation du Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre d’une assistance strictement technique, du moins pour le moment, fournie par cette institution au Liban, pour l’aider à mettre en place un mécanisme de nature à le sauver de la très grave crise économique et financière qui le secoue depuis des mois.

Les sanctions sont intervenues aussi au lendemain d’un discours particulièrement incendiaire du cheikh Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah. S’exprimant lors d’une rencontre politique à Hay el-Sellom mardi dernier, le dignitaire chiite avait brisé officiellement le silence de son parti au sujet de l’aide du FMI. Le cheikh Kassem a ouvertement déclaré que le Hezbollah s’oppose à l’adoption d’un plan de sauvetage préparé par l’organisation monétaire internationale, y voyant « une soumission à une instance hégémonique ».

Cela fait dire à Sami Nader, économiste et analyste politique, que « les sanctions américaines constituent une réponse aux propos de Naïm Kassem au sujet du FMI ». « Le cabinet Diab semble plus que jamais devant le choix de recourir au FMI si besoin est, en dépit du niet du Hezbollah », explique M. Nader à L’Orient-Le Jour, insistant sur le fait que « l’administration Trump a élargi le spectre des sanctions, pour pouvoir rendre le Hezbollah responsable de la crise économique actuelle et faire barrage aux tentatives d’établir une nette distinction entre l’hégémonie du Hezbollah et la relance du pays ». Il faisait ainsi allusion aux propos tenus dimanche par le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, dans le cadre des réunions du G20 à Riyad où il avait déclaré qu’il ne fallait pas « mélanger le rétablissement économique du Liban et la question de l’Iran ».

Quelles incidences ces développements risquent-ils d’avoir sur les choix du cabinet ? Aucune, selon des milieux proches de Hassane Diab où l’on assure que « la préoccupation première du chef du gouvernement reste la prise de décisions qui répondent aux attentes légitimes des Libanais », sans plus de précisions.



(Lire aussi : Diab va-t-il réussir à faire prévaloir son autonomie ?)



Pressions sur l’Iran
Hanin Ghaddar, chercheuse au sein du Washington Institute, estime aussi que les nouvelles sanctions américaines n’auront aucun impact sur les choix de l’équipe ministérielle, dans la mesure où elles ne visent pas le Liban dans son ensemble, mais le Hezbollah uniquement. « Il s’agit d’un message américain clair en direction des Iraniens. Une façon pour l’administration Trump de prouver qu’elle suit de près les moyens de financement du parti, notamment à travers les compagnies pharmaceutiques iraniennes, sa principale source de financement », déclare-t-elle à L’OLJ. Des médicaments iraniens sont introduits au Liban depuis quelques années, notamment sous le mandat de l’ancien ministre de la Santé, Jamil Jabak. Hanin Ghaddar assure que ce message américain en direction de Téhéran s’inscrit dans le cadre de la politique américaine dans la région, et n’est porteur d’aucun message à Hassane Diab. « Pour Washington, cette équipe ne répond pas aux aspirations des Libanais, certes, mais il faut attendre qu’elle mette sérieusement en place un plan de réformes », poursuit Mme Ghaddar. Et de conclure : « En attendant de véritables actes gouvernementaux, l’administration Trump continuera de resserrer l’étau autour de l’Iran et du Hezbollah, surtout sur le plan financier, d’où les nouvelles sanctions. »



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Le Hezbollah et « les conditions américaines », le décryptage de Scarlett HADDAD


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commentaires (11)

l' Amérique a raison ca suffit que le Hezbollah donne des ordres il faut sauver le Liban . La Grèce a été sauvée par le FMI

Eleni Caridopoulou

21 h 22, le 28 février 2020

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Commentaires (11)

  • l' Amérique a raison ca suffit que le Hezbollah donne des ordres il faut sauver le Liban . La Grèce a été sauvée par le FMI

    Eleni Caridopoulou

    21 h 22, le 28 février 2020

  • Les U.S.A ont renoncé au pétrole de la péninsule arabique qui se monte à des milliards de mètres cubes et d’après certains illuminés ils en veulent au pétrole qu’on n’est pas sûr de trouver au Liban? Pour votre gouverne les États Unis n’ont qu’un but, écarter les libanais vendus et corrompus au pouvoir qui se présentent comme des saints et vendent tout ce que ce pays possède ou même emprunte pour les pays alliés qui les maintiennent au pouvoir et achètent des armes et payent leurs chair à cannon morts comme vivants pour rester à la tête du pays et le saigner, alors que les libanais se meurent et croulent sous la dette et n’ont même pas l’essentiel. Si ce projet déplaît à certains, la majorité des libanais qui ont encore la faculté de réfléchir voient en ce projet la seule solution à leurs problèmes vu que ni contestation ni révolution n’ont pu aboutir. S’ils ont la solution magique qu’ils la mettent sur la table sinon, qu’ils la bouclent. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis, c’est connu.

    Sissi zayyat

    11 h 19, le 28 février 2020

  • Que les USA aient "besoin " ou non du pétrole libanais, il serait merveilleux qu'ils veuillent bien se contenter de se mêler de leurs propres affaires. Au lieu de se poser en justiciers du monde. Idem pour les autres puissances.

    Sybille S. Hneine

    10 h 57, le 28 février 2020

  • Ah parce qu'il y a encore des vitesses supérieures ? ??? Mais depuis 45 ans on ne fait que passer à des vitesses supérieures, la boîte à vitesse a fini par casser depuis longtemps, lol. Je ne plains pas l'Amérique du clown déséquilibré mental américain trump-pète, je plains ceux qui croient encore à leur stupidité. Trum-pète un homme hors du commun , hahahahahaha.. ..

    FRIK-A-FRAK

    10 h 52, le 28 février 2020

  • Que DIEU benisse Donald Trump...cet homme fait un travail remarquable pour un monde libre qu aucun de ses predecesseurs n a ose faire ,du Venezuela jusqu au moyen orient ,luttant contre des regimes diaboliques....

    HABIBI FRANCAIS

    09 h 43, le 28 février 2020

  • Les Usa, désormais premier producteur de pétrole notamment grâce aux gaz de schiste, n’a nullement besoin de mettre la main sur le pétrole de la minuscule république libanaise ... à la rigueur empêcher que celui -ci ne tombe dans les mains des politiques actuels et de leurs parrains pour continuer à se financer malgré la faillite économique du pays

    AntoineK

    09 h 42, le 28 février 2020

  • Les USA ne cherchent que des prétextes pour attaquer le Liban et mettre la main sur le pétrole. L'histoire se répète hélas. Et c'est au tour des libanais de payer le prix de l'hypocrisie et de l'injustice américaine. C'est mon avis en tout cas.

    Sybille S. Hneine

    09 h 10, le 28 février 2020

  • Ce qui est certain les mesures draconiennes visant le Hezbollah touchent les banques qu 'on ne peut savoir avec leurs actions à qui elles appatiennent , donc tout le Liban sera affecté.

    Antoine Sabbagha

    08 h 47, le 28 février 2020

  • Si, en resserrant l'étau autour du Hezbollah et se certaines personnalités politiques assimilées, ils peuvent aider le Liban, d'une part à lutter contre la corruption, d'autre part à un peu plus d'indépendance vis-à-vis e la milice iranienne: vivent les USA!

    Yves Prevost

    06 h 29, le 28 février 2020

  • Encore ces foutus américains ! Ce n'est pas l'interêt du Liban qu'ils recherchent ! mais bien plutôt, on peut le jurer , le bien-être d'Israel ... Ne les croyez jamais , ils somt perfides .

    Chucri Abboud

    03 h 03, le 28 février 2020

  • CA VA AFFECTER L,ETAT. OU UN ETAT OU RIEN. LA 1701 ET LES CLAUSES QUI CONCERNENT LES MILICES DANS LA CONSTITUTION DE TAEF EN PRIORITE CHEZ LES AMERICAINS. ET PAS SEULEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 07, le 28 février 2020

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