Sur la place Sassine, à Achrafieh, comme chaque samedi, près de 250 personnes de tous âges sont rassemblés pour une nouvelle marche de contestation. Enfants, retraités, travailleurs et étudiants, ils discutent ensemble dans la bonne humeur et dans une ambiance bon enfant qui cache cependant mal leur colère. Les manifestants sont toujours furieux contre un gouvernement et une classe politique qu’ils jugent inaptes à régler la crise qui asphyxie le pays. Leur colère est dirigée aussi bien contre l’exécutif que contre le législatif. Ils réclament des élections parlementaires anticipées. Certains portent des pancartes sur lesquelles ils expriment dans diverses formules leur manque de confiance dans l’équipe au pouvoir. Quelques enfants présents brandissent à leur tour des cartons avec des inscriptions allant dans le même sens, comme pour défendre l’avenir des citoyens de demain.
Même si le Parlement a accordé sa confiance à l’équipe de Hassane Diab le 11 février, celui-ci est toujours loin d’avoir gagné celle du peuple. « Si l’on persiste dans ce mouvement, c’est pour ne pas laisser le gouvernement faire comme il veut. Il faut maintenir la pression. Maintenant, ils ne font plus ce qu’ils veulent, ils ont peur du peuple », martèle Jinane, mère au foyer de 57 ans.
Contrairement aux précédentes marches qui se faisaient sous le slogan « Nous ne paierons pas le prix », la marche de samedi est organisée sous le thème: « Vous paierez le prix », en référence aux dirigeants politiques que les manifestants tiennent pour responsables de la crise. « Nous sommes encore dans la rue car rien n’a changé à part les noms, ce sont toujours les mêmes politiciens corrompus », estime pour sa part le père Agapios, 46 ans.
Les contestataires discutent de tout, de la crise comme du coronavirus qui vient d’atterrir au Liban. La confirmation d’un premier cas d’infection dans le pays n’a pas l’air de les décourager outre mesure. Irrités par le comportement des politiciens qui semblent insensibles, selon eux, à une situation économique insoutenable, ils aspirent seulement à l’amélioration de leur quotidien. « Corona, corona » se mêlait ainsi aux autres slogans habituels contre le pouvoir. Les nouvelles sur les risques d’une prolifération du virus au Liban semblent avoir redoublé la colère des mobilisés. Celles-ci sont pour eux un leurre ne visant qu’à détourner l’attention de l’opinion publique des tractations entre Hassane Diab et les experts du Fonds monétaire international (FMI). « Le Corona est une propagande pour nous empêcher de manifester, rien d’autre », estime ainsi Léa, 28 ans.
Les protestataires rejettent plus que tout l’intervention du FMI, dont une délégation se trouve à Beyrouth pour aider le Liban à trouver la solution la plus adaptée au problème de sa dette colossale. « Réduisez la dette, FMI rentre chez toi », peut-on ainsi lire sur les pancartes fabriquées par les manifestants qui sillonnent les rues d’Achrafieh avant d’arriver au centre-ville où ils sont rejoints par un autre groupe de manifestants rassemblés à Verdun.
Malgré leur colère, chacun exprime ses revendications dans la joie et la bonne humeur. Hormis quelques accrochages entre police et manifestants, l’après-midi se déroule de manière pacifique. Entre danses, chansons parodiques et slogans, l’ambiance générale est aux antipodes de celle des manifestations du mardi 11 février, jour du vote de confiance au Parlement, où de violents heurts s’étaient produits entre les contestataires et les agents de sécurité.
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MALHEUREUSEMENT AVEC LE FMI C,EST LE PEUPLE QUI VA PAYER TOUS LES PRIX. LES ABRUTIS CORROMPUS, VOLEURS ET INCOMPETENTS DES TROIS DERNIERES DECENNIES ET JUSQU,AUJOURD,HUI NE SERONT POINT INQUITES. CE QUI S,EST PASSE EN GRECE !
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 15, le 24 février 2020