Rechercher
Rechercher

Économie - Dette

Moody’s dégrade encore une fois la note du Liban

L’agence américaine a justifié ce troisième abaissement depuis janvier 2019 par le fait qu’une restructuration de la dette est devenue « inévitable ».

L’agence américaine relève une grande baisse des dépôts bancaires de 15,7 milliards de dollars à fin 2019, dont 11,4 milliards uniquement durant le dernier trimestre. Photo d’archives

Moody’s, l’une des trois principales agences de notation américaine avec Fitch et Standard & Poor’s, a dégradé hier la note souveraine du Liban de « Caa2 » à « Ca », avec une perspective « stable ». Ce nouvel abaissement de la notation du pays vient confirmer, selon Moody’s, les raisons pour lesquelles elle avait décidé une dégradation de cette notation en novembre dernier qu’elle justifiait par la possibilité « accrue » que le pays procède à un « rééchelonnement de la dette ou toute autre opération de gestion de passif qui constitue un défaut », selon sa définition.

35 à 65 % de pertes pour les créanciers

Ce nouvel abaissement, le troisième depuis janvier 2019 donc, a été décidé à l’issue d’une réunion tenue mercredi par un comité de notation. L’agence estime désormais que « les créanciers subiront probablement des pertes substantielles dans une (éventuelle) restructuration de la dette publique à court terme, devenue inévitable, compte tenu de la détérioration rapide des conditions économiques et financières qui menace de plus en plus la soutenabilité de la dette et l’ancrage de la livre au dollar ». L’agence prévoit que les pertes subies par les créanciers seront de 35 à 65 %. Moody’s préconise par ailleurs une restructuration de la dette détenue par la Banque du Liban, à travers un rallongement des maturités des titres qu’elle détient (et qui représentent à eux seuls 50 % du PIB selon l’agence) dans son portefeuille, même si cette solution risque de mettre à mal son bilan.

La perspective stable, quant à elle, s’explique par le fait que Moody’s présume que cette restructuration de la dette se fera en « coordination » avec les créanciers, sous la surveillance du programme économique d’ajustement du Fonds monétaire international (FMI). Une délégation de l’organisation internationale est depuis jeudi au Liban et doit achever sa mission dimanche. Sa présence augmente les probabilités, selon Moody’s, qu’une restructuration de la dette débloque une aide internationale, à travers un financement du FMI ou de la conférence CEDRE qui a eu lieu en avril 2018.


(Lire aussi : Standard & Poor’s emboite le pas à Moody’s et dégrade la notation du Liban)

Cette annonce intervient au moment où les cercles économiques et politiques au Liban débattent de l’opportunité, dans un contexte de crise économique et financière aiguë, de rembourser en mars des eurobonds qui s’élèvent à 1,2 milliard de dollars. Certains milieux prônent de négocier dès à présent avec les créanciers de l’État une restructuration de la dette. Le gouvernement de Hassane Diab, qui s’est donné jusqu’à fin février pour trancher, a déjà fait un premier pas vers la restructuration de la dette (voir par ailleurs).

L’agence américaine relève une grande baisse des dépôts bancaires de 15,7 milliards de dollars à fin 2019 – soit 30 % du PIB –, dont 11,4 milliards uniquement durant le dernier trimestre. Cette diminution a eu comme conséquence la détérioration de la balance des paiements et la baisse des réserves de la Banque du Liban (BDL), qui aura ainsi du mal à défendre la livre sur le marché. Les réserves utilisables en devises de la BDL sont estimées entre 5 et 10 milliards de dollars par Moody’s, alors que le service de la dette requiert cette année 4,7 milliards de dollars, et celui de 2021 a besoin de plus de 4 milliards de dollars. Sans oublier le besoin de financement des importations essentielles comme les produits de première nécessité tels que le carburant, les médicaments et le blé, rappelle l’agence.

Toutefois, l’agence se montre optimiste quant à la « probabilité » que les politiques gouvernementales conduisent à un changement de situation économie et financière « efficace ». En revanche, Moody’s a mis en garde l’État libanais contre une nouvelle baisse de la notation si aucune réforme n’est mise en œuvre, ou si l’ancrage de la livre au dollar est abandonné.


Lire aussi

Le Liban et la doctrine de la dette odieuse

Restructuration de la dette : l’ouverture des plis ajournée

I – Qu’est-ce qu’un eurobond ?

La délégation du FMI entame son diagnostic de la crise libanaise

Moody’s, l’une des trois principales agences de notation américaine avec Fitch et Standard & Poor’s, a dégradé hier la note souveraine du Liban de « Caa2 » à « Ca », avec une perspective « stable ». Ce nouvel abaissement de la notation du pays vient confirmer, selon Moody’s, les raisons pour lesquelles elle avait décidé une dégradation de...

commentaires (2)

"... l’une des trois principales agences de notation a dégradé hier la note souveraine du Liban de « Caa2 » à « Ca » ..." La dernière étape avant "caca"?

Gros Gnon

08 h 58, le 22 février 2020

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • "... l’une des trois principales agences de notation a dégradé hier la note souveraine du Liban de « Caa2 » à « Ca » ..." La dernière étape avant "caca"?

    Gros Gnon

    08 h 58, le 22 février 2020

  • Bah dis donc.. A ce rythme, on va passer à une note négative..Bon du moment que nous avons l'électricité "non stop", les ordures ménagères sont hyper recyclées et bien exploitées, que l'air n'est pas pollué, que nous avons le plein emploi, que la sécurité sociale est assurée, la retraite aussi.. etc... Pas de crainte les gars. Le liban est si fort économiquement qu'on peut lancer des guerres contre toute la planète . La note de Moodys? On s'en tape... On est bien avec nos ordures ménagères dans l'obscurité non?

    LE FRANCOPHONE

    03 h 17, le 22 février 2020

Retour en haut