La journaliste Dima Sadek et le blogueur Gino Raidy, soutiens affichés du mouvement de contestation contre la classe dirigeante qui secoue le Liban depuis plus de quatre mois, ont tous deux annoncé vendredi sur les réseaux sociaux avoir été convoqués par le département des enquêtes criminelles pour être interrogés lundi prochain sur base d'une plainte déposée le 14 février dernier par le Courant patriotique libre.
"J'ai reçu un appel du département des enquêtes criminelles. Gebran Bassil veut me convoquer pour une déposition lundi à 12 heures en raison, soi-disant, de la diffusion de fausses nouvelles, pour incitation au racisme et à la sédition, ajoutant qu'il n'aimait pas ce genre de choses", a écrit la journaliste sur son compte Twitter.
"Le département des enquêtes criminelles de Beyrouth veut que je fasse une déposition après une plainte du CPL pour 'incitation aux tensions sectaires' après qu'un de leurs députés et ses hommes aient attaqué des citoyens libanais sur base de la rhétorique de leur leader", a écrit le blogueur sur Twitter, en référence à l'agression d'un jeune de Tripoli par des partisans de Ziad Assouad à Maalmeltein, il y a deux semaines.
Dans ces deux plaintes pour diffamation déposées par l'avocat Majed Boueiz au nom du leader du parti aouniste, Gebran Bassil, ce dernier reproche "la diffusion de fausses nouvelles" et la "publication d'une vidéo faussement attribuée au CPL comprenant des incitations à la haine communautaire et raciste pouvant susciter un conflit sectaire".
Dima Sadek fait l'objet d'une campagne de cyber-harcèlement et subit de nombreuses menaces, notamment de la part des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal, surtout depuis le début de la révolte populaire du 17 octobre. Le 25 novembre, la journaliste s'était faite voler son portable sur la voie-express du Ring à Beyrouth où une manifestation contre le pouvoir était organisée. Le lendemain, la vedette de la LBCI annonçait sa démission de la chaîne télévisée, affirmant avoir été mise à l'écart par la direction de la chaîne en raison de ses tweets au sujet de la présidence de la République. Quelques jours plus tard, un dignitaire chiite avait évoqué la "crucifixion" et l'"amputation en vertu de la charia" de la journaliste.
Depuis le début de la révolte, Gino Raidy, qui possède un blog et des comptes personnels sur Facebook et Instagram, a pris fait et cause pour le mouvement de contestation, n'hésitant pas à lâcher ses coups contre le CPL et son leader Gebran Bassil.
Ces derniers mois, plusieurs voix se sont inquiétés face à la multiplication des poursuites judiciaires contre les voix dissidentes.
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Un Libanais
19 h 10, le 21 février 2020