Photo d'illustration AFP.
Le Liban va inviter sept cabinets de conseil à participer à un appel à propositions afin que l'un d'entre eux conseille les autorités libanaises sur le plan financier, alors que le Liban, qui traverse une grave crise économique, étudie ses options concernant le remboursement de sa dette souveraine, a indiqué mercredi à Reuters une source proche du dossier.
En début de journée, une source avait indiqué à Reuters que huit compagnies avaient été contactées dans le cadre de cet appel. L'appel à propositions ne signifie pas que le Liban a décidé de restructurer sa dette, "mais cela signifie que le pays étudie toutes les options et les répercussions qui en découlent", poursuit la source qui précise que les cabinets de conseil sont : Rothschild & Co, Guggenheim Partners, Citibank, Lazard, JP Morgan, PJT Partners et Houlihan Lokey.
L'entreprise qui n'apparaît plus dans la liste fournie ultérieurement est Moelis & Company, dont le fils du ministre des Finances Ghazi Wazni, Karim Wazni, est vice-président du bureau de Dubaï, comme on peut le voir sur son profil Linkedin. Une source anonyme du monde des finances avait confirmé à L'Orient-Le Jour cela, soulignant qu'à sa connaissance, Karim Wazni était encore à ce poste en décembre dernier.
Cette initiative intervient alors qu'en mars, l'Etat doit rembourser 1,2 milliard de dollars d'Eurobonds --des obligations émises en dollars-- arrivant à échéance. Les avis divergent toutefois sur le bien-fondé du paiement ou non de cette tranche.
Le Liban s'était engagé en 2018 à réduire son déficit public et à entreprendre des réformes structurelles, en contrepartie de promesses d'aides et de dons de la communauté internationale à hauteur de 11,6 milliards de dollars. Le pays croule sous une dette avoisinant les 92 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.
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"Restructuration de la dette"
Dans ce contexte, le président du Parlement, Nabih Berry, a estimé mercredi, lors de sa réunion hebdomadaire avec des députés, "que la restructuration de la dette est la meilleure solution" à la crise actuelle, selon des propos rapportés par le député Ali Bazzi.
"M. Berry estime que la restructuration de la dette est la meilleure solution au problème des eurobonds", a rapporté M. Bazzi. "M. Berry s'est dit surpris de voir que les Libanais paient le prix de la crise économique, financière et bancaire par le biais d'un processus d'humiliation organisé, et il s'est dit satisfait du fait que le pouvoir judiciaire a mis la main sur le dossier des changeurs et de la manipulation du prix du dollar", a également rapporté le député.
Pour sa part, le président de l'Association des banques du Liban (ABL), Salim Sfeir, a affirmé, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre Hassane Diab, que toute restructuration éventuelle de la dette publique du pays devrait se faire "de manière structurée", et sur base de négociations avec les créditeurs.
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Mardi, Fitch a indiqué qu’il était plus que probable que le Liban se retrouve contraint de procéder à une "certaine forme de restructuration" de sa dette publique, une perspective qu’elle avait déjà soulevée en décembre après avoir dégradé la notation souveraine du pays, pour la deuxième fois en un an – d’abord de " B-" à "CCC", puis à "CC".
Le Fonds monétaire international (FMI), à qui le Liban a demandé une assistance technique, a confirmé qu'une délégation se rendrait à Beyrouth du 20 au 23 février. Elle "s'entretiendra avec les autorités pour savoir comment elles comptent faire face aux difficultés économiques du Liban, faire le point sur les récents développements macroéconomiques, et fournir une assistance technique sur les politiques à mettre en place pour faire face aux défis macroéconomiques" du pays, a précisé dans un communiqué Gerry Rice, porte-parole du FMI. Il a souligné que "le Liban n'a pas demandé d'aide financière au FMI".
Les difficultés économiques qui touchent le Liban depuis plusieurs mois se sont aggravées après le début en octobre d'une contestation inédite fustigeant l'ensemble de la classe politique accusée de corruption et d'incompétence. Après le début de la contestation, les banques ont imposé des restrictions draconiennes inédites sur les retraits et les transferts en dollars, dans un pays où le billet vert est utilisé au quotidien au même titre que la livre libanaise.
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commentaires (12)
Sept. Le chiffre des miracles. Celui des nains aussi...
Gros Gnon
23 h 45, le 19 février 2020