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Politique - Partis

Le PSP tangue entre l’opposition et le réalisme politique

« La polarisation rigide du 8 et du 14 Mars n’a plus lieu d’être, dans la mesure où elle a été dépassée par les circonstances », affirme une source de la formation joumblattiste.

Le député Marwan Hamadé a rendu visite hier au chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Photo Aldo Ayoub

C’est une position significative que le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt a exprimé hier alors que la Chambre des députés peinait à assurer le quorum nécessaire pour le vote de confiance, qui a finalement eu lieu à 19h. Dans un tweet publié aux alentours de 13h, mais rapidement retiré comme il a parfois l’habitude de le faire, le leader druze annonçait que « le quorum était assuré », justifiant indirectement la présence de cinq des neuf députés de son groupe qui ont fait acte de présence après un moment de confusion qui avait prévalu à ce sujet.

« La position de la Rencontre démocratique est claire. Notre groupe parlementaire agit conformément à ses convictions et loin des surenchères générées par la polarisation (entre 8 et 14 Mars). Il n’y aura aucune alliance tripartite ou plus (comprendre avec le courant du Futur et les FL notamment), à moins qu’il n’y ait un programme politique et économique clair. » Un tweet qui en dit long sur la position difficile dans laquelle se trouve aujourd’hui le pensionnaire de Moukhtara.


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Tout en se déclarant enclin à rejoindre l’opposition – un positionnement justifié par son rejet du mandat de Michel Aoun et par sa volonté de se rapprocher de la contestation –, le leader druze cherche à avoir les coudées franches et à se réserver une marge de manœuvre suffisante qui lui permettrait de ne pas couper le cordon notamment avec certains poids lourds au sein du pouvoir. Avec à leur tête, le grand complice de M. Joumblatt, le président du Parlement Nabih Berry qui, selon une source informée, aurait appelé à la dernière minute le leader druze à la rescousse l’exhortant à envoyer un certain nombre de députés de son groupe pour assurer le quorum. Un « service » que le chef du PSP n’a vraisemblablement pas tardé à honorer, créant d’ailleurs une certaine confusion autour de l’attitude que devaient adopter les membres du groupe joumblattiste, qui avaient laissé planer le flou sur leur participation. Au final, cinq membres du groupe sur neuf ont fait leur apparition dans l’hémicycle permettant d’assurer, avec des députés d’autres groupes, le quorum. C’est ce qui fera dire d’ailleurs à un analyste politique que « Walid Joumblatt sait pertinemment qu’il n’y a pas d’immunité sans Nabih Berry ».


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Dans un second tweet venu remplacer le premier, le chef du PSP a cherché à rectifier le tir en effectuant une opération de séduction envers le mouvement de contestation, évoquant une sortie de crise par des élections effectuées sur la base d’une loi moderne loin des quotas confessionnels, et des réformes globales qui passeraient notamment par un impôt progressif et une indépendance de la justice.

Autant de revirements contradictoires en apparence mais qui, en définitive, reflètent cette capacité d’adaptation permanente du chef druze aux contextes difficiles et une flexibilité lui permettant de cheminer entre les lignes.

Tout en gardant à l’esprit le souci de continuer d’avaliser les principes du 14 Mars, il n’est désormais plus question pour M. Joumblatt de s’engager dans un front d’opposition rigide et paralysant le cabinet, aux côtés du courant du Futur et des Forces libanaises, qui se sont donné le mot en annonçant qu’ils s’abstiendraient d’accorder la confiance au gouvernement. « Le contexte a radicalement changé. Un front d’opposition qui régénérerait la polarisation rigide du 8 et du 14 Mars n’a plus lieu d’être dans la mesure où celle-ci a été dépassée par les circonstances. C’est un mécanisme alternatif qui doit être trouvé », explique à L’Orient-Le Jour un responsable du PSP. Selon le nouveau mode opératoire envisageable, des concertations avec les alliés et des ententes ponctuelles « à la carte », qui se concocteraient selon les dossiers, pourraient constituer un terrain d’entente.


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Si les réunions entre le PSP et le courant du Futur se sont récemment intensifiées, comme l’assurent des sources joumblattistes, les relations sont toutefois plus timides avec les FL avec lesquelles le PSP ne semble pas avoir beaucoup d’atomes crochus en ce moment, même si les canaux de communication sont toujours ouverts entre les deux formations. Le parti druze affirme « partager autant de points communs que de divergences » avec le parti de Samir Geagea.

Une prise de distance qui s’expliquerait notamment par un souci de solidarité avec le courant du Futur, dont les relations avec les FL n’ont jamais été aussi mauvaises, notamment depuis que Samir Geagea a annoncé, à la veille des consultations parlementaires prévues, qu’il ne désignerait pas Saad Hariri à la tête du prochain gouvernement.

On apprenait à ce propos que l’ancien ministre FL, Melhem Riachi, a été dépêché la semaine dernière par M. Geagea à Riyad pour tenter de solliciter une médiation saoudienne susceptible de rapprocher les deux leaders chrétien et sunnite. « Une tentative qui n’a toujours pas abouti, les Saoudiens étant eux-mêmes en froid avec Saad Hariri, qui s’est vu refuser un rendez-vous avec de hauts responsables saoudiens », commente une source informée.


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En attendant que se décante la relation entre le courant haririen et les FL, le PSP avance lentement sur un terrain miné où il doit également ménager le Hezbollah, en évitant des rapprochements subits notamment avec les Forces libanaises « qui seraient considérés comme provocateurs » pour le parti chiite, comme le soulignent certains analystes. La visite effectuée hier par Marwan Hamadé auprès du chef des FL, Samir Geagea, démontre toutefois une volonté parallèle de ne pas couper les ponts avec les anciens alliés et de poursuivre les tractations en vue d’une feuille de route qui définirait l’action et les contours de la nouvelle opposition à l’avenir.

Les yeux sont aujourd’hui rivés sur la Maison du Centre où Saad Hariri s’apprête de son côté à définir vendredi prochain son nouveau positionnement politique à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de son père, le 14 février 2005. Une orientation dont le chef du courant du Futur a déjà donné un avant-goût lundi, en accusant le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) de n’avoir « rien accompli, ni pour le pays ni pour l’économie ».


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C’est une position significative que le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt a exprimé hier alors que la Chambre des députés peinait à assurer le quorum nécessaire pour le vote de confiance, qui a finalement eu lieu à 19h. Dans un tweet publié aux alentours de 13h, mais rapidement retiré comme il a parfois l’habitude de le faire, le leader druze annonçait que...

commentaires (5)

Tant que les frontières du Liban sont confiées à un parti qui au gré du vent utilise les frontières pour laisser entrer qui veut pour renforcer l'état du chaos dans notre pays, rien de bon ne peut résulter. l'accumulation des voyous de tout bord sur notre territoire est voulue et assumée par ce parti. Le rôle du président de la république était de veiller en premier lieu au contrôle de nos frontières par l'armée qui reste son rôle premier. Au lieu de ça, il a préféré le confier à des vendus qui en ont fait des passoires en accueillant tout et n'importe qui pour créer une déstabilisation de notre pays. L'armée se trouve cantonnée au rôle de forces de l'ordre et les frontières du Liban sont laissées aux mains des loubards qui décident de ce qui est bon ou pas pour notre pays. C'est ce régime au pouvoir qui a ruiné le pays qui maintenant tient ses rênes et on en arrive à faire croire que c'est, soit eux soit le chaos. BRAVO...

Sissi zayyat

12 h 21, le 12 février 2020

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Commentaires (5)

  • Tant que les frontières du Liban sont confiées à un parti qui au gré du vent utilise les frontières pour laisser entrer qui veut pour renforcer l'état du chaos dans notre pays, rien de bon ne peut résulter. l'accumulation des voyous de tout bord sur notre territoire est voulue et assumée par ce parti. Le rôle du président de la république était de veiller en premier lieu au contrôle de nos frontières par l'armée qui reste son rôle premier. Au lieu de ça, il a préféré le confier à des vendus qui en ont fait des passoires en accueillant tout et n'importe qui pour créer une déstabilisation de notre pays. L'armée se trouve cantonnée au rôle de forces de l'ordre et les frontières du Liban sont laissées aux mains des loubards qui décident de ce qui est bon ou pas pour notre pays. C'est ce régime au pouvoir qui a ruiné le pays qui maintenant tient ses rênes et on en arrive à faire croire que c'est, soit eux soit le chaos. BRAVO...

    Sissi zayyat

    12 h 21, le 12 février 2020

  • Le PSP n'a de toute façon fait que ça toute son existence, tanguer ! Comme si joumblatt était devenu la blanche colombe candide effarouchée.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 19, le 12 février 2020

  • Je te tiens tu me tiens par la barbichette !!!!!

    Houri Ziad

    11 h 54, le 12 février 2020

  • TOUT COMME SON CAMELEON !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 50, le 12 février 2020

  • Après une longue période de reflexion et 'hésitation, Walid bey le perspicace a enfin compris que le véritable danger pour tous les libanais sans exception, c'est le vide du pouvoir qui désagrègerait le pays en un clin d'oeil et qui en ferait la Libye du Proche-Orient , livré aux canailles de toutes espèces qui grouillent depuis quelques mois chez nous, arrivant de tous les points chauds des geurres intestines des pays voisins . Le pays ne doit pas être livré aux engeances de tous calibres qui infestent la région . Il ya a danger . Défendons nos institutions ! L'heure est grave , ruciale , une aaffaire de vie ou de mort .

    Chucri Abboud

    00 h 42, le 12 février 2020

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