Élias Hankache, député des Kataëb, a estimé que la séance parlementaire d’hier était « immorale ». Il se trouvait hier au siège du parti à Saïfi, où les manifestants sont arrivés en masse, après avoir été refoulés par les forces de l’ordre à coups de grenades lacrymogènes et de jets d’eau. Dénonçant le spectacle de « députés barricadés derrière des murs en béton », il affirme que « les parlementaires ne peuvent s’enorgueillir de devoir rentrer clandestinement la nuit (lundi soir) à l’hémicycle pour ne pas avoir affaire à leurs électeurs ». Il souligne que « le peuple sent que ses revendications sont prises à la légère ». « S’il faisait confiance à la classe politique, il ne se serait pas révolté », poursuit-il, soulignant qu’après 120 jours de contestation populaire, « il n’est pas possible que les députés continuent de travailler comme si de rien n’était ».
Passant en revue les maux sociaux (faim, chômage, émigration, corruption, licenciement dans les entreprises du secteur privé, fermeture de plusieurs entreprises…), M. Hankache reproche « au pouvoir en place de ne pas avoir encore proposé un plan de solution ».
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À l’instar des Kataëb, certains députés tiennent un discours d’opposition, mais pour Élias Hankache, « il appartient au peuple de décider si cela les représente ». « Certaines composantes, plus précisément les Forces libanaises, le courant du Futur et le PSP, auraient pu provoquer un défaut de quorum. J’ignore les raisons pour lesquelles elles ne l’ont pas fait. Peut-être que chaque partie a ses propres considérations, ce que nous n’avons pas », ajoute-t-il.
Commentant la forte répression des manifestants, M. Hankache se demande comment les parlementaires « peuvent accorder la confiance à un gouvernement qui n’a pas celle du peuple ». « Nous nous opposons aux actes de vandalisme, mais le moins que le peuple puisse faire c’est de se révolter », poursuit-il, en ajoutant que « le gouvernement n’a pas la confiance de la communauté internationale, alors que nous avons urgemment besoin de son soutien ». Pour lui, l’alternative serait la formation d’un cabinet capable de redresser le pays. Or non seulement l’actuel gouvernement « ressemble à ses prédécesseurs, mais les ministres ont été désignés dans leur majorité par les chefs des partis politiques ».
À la question de savoir pourquoi les députés Kataëb ne présenteraient pas leur démission, M. Hankache note que « cela ne servira à rien parce qu’il y aura des législatives partielles » et que son parti peut être plus utile dans l’opposition. « Comme le fait d’avoir présenté le 30 octobre une proposition de loi visant à raccourcir le mandat du Parlement pour pouvoir organiser des législatives anticipées. Ce qui est nécessaire pour pouvoir renouveler la classe politique », explique-t-il.
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commentaires (2)
Encore faut il qu'il y est un gouvernement légitime. Tout a été fait dans l'illégitimité la plus totale et on vient discuter de présence et d'absence de certains alors qu'à la base le gouvernement ne représente qu'une minorité honnie par le peuple et qui est la cause du désastre actuel. Pour l'amour de ce que vous vénérez, cessez de parler de gouvernement, d'état et de droits. Cela fait bien longtemps que le Liban en est privé et que la loi de la jungle est devenue la seule qui vaille dans notre pauvre pays. Alors un peu de decence et de respect pour le peuple qui refuse ce fait accompli. Quelle mascarade!
Sissi zayyat
13 h 13, le 12 février 2020