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Culture - Concert

Elizabeth Sombart : chantons la paix, en écho avec Beethoven

La pianiste française accompagne l’Orchestre philharmonique du Liban, sous la direction de Walid Moussallem, dans un programme qui ne manquera pas d’attirer les anges.


Elizabeth Sombart. Photo DR

En ces temps de crise, la musique, par son pouvoir réconfortant et apaisant, demeure, pour reprendre les mots du philosophe roumain Emil Cioran, le « refuge des âmes ulcérées » des Libanais guettant en vain une lueur d’optimisme et de paix. L’Orchestre philharmonique du Liban, sous la direction de Walid Moussallem, tentera de restituer ce soir à 20h30 en l’église Saint-Joseph à Monnot des trésors musicaux perdus dans un programme qui ne manquera pas de faire chanter les anges : l’ouverture du Mariage de Figaro de Mozart, le Concerto pour 2 violons en ré mineur BWV 1043 de J.S. Bach, qui sera interprété par deux habiles musiciens en herbe, Édouard Dayan et Kevin Kanaan, et le Concerto n° 1 en do majeur op. 15 de Beethoven sous les doigts de la pianiste française Elizabeth Sombart.

Bien que parmi les cinq concertos pour piano de Beethoven, le dernier s’impose tel un « empereur » sur le trône, grâce à son écriture orchestrale et pianistique qui « vise la puissance et l’éclat » et dont « le piano, traité symphoniquement, rivalise avec l’orchestre », selon le compositeur français André Boucourechliev, il n’en reste pas moins que les quatre autres s’inscrivent dans l’histoire de la musique savante en incarnant la révolution musicale du tournant du XIXe siècle, témoin du passage du classicisme au romantisme. « Le premier concerto nous montre qu’il y a une immense bienveillance, un espoir énorme de joie caché derrière les plus grandes souffrances, indique Elizabeth Sombart. Si je devais résumer en une phrase ce chef-d’œuvre, je répéterais que « la vérité, c’est d’être inconsolable et heureux. Et finalement, Beethoven le termine heureux même s’il nous a aussi montré qu’on est inconsolable ». Et la pianiste de poursuivre : « Ce concerto est le début d’un chemin dans lequel Beethoven nous amène jusqu’à L’Empereur, mais qui est aussi le chemin que va faire le Liban : on part de quelque chose de nouveau pour une renaissance finale qui sera de l’ordre de la vérité et de la justice », en insistant sur le fait que Beethoven demeure à tout jamais le compositeur de la vérité et de la liberté « parce que cette dernière n’est qu’une conséquence de la recherche de la vérité ». En effet, le génie allemand ne pouvait vivre que selon sa conscience en étant libre. Qui ne se rappelle pas de la troisième symphonie, L’héroïque, lorsque Beethoven raya furieusement le nom de Napoléon en s’écriant : « Ce n’est rien de plus qu’un homme ordinaire. Maintenant, il va fouler aux pieds tous les droits humains, il n’obéira plus qu’à son ambition ; il voudra s’élever au-dessus de tous les autres, il deviendra un tyran » ? À cet égard, Sombart, qui vient de finir l’enregistrement des concertos de Beethoven avec le Royal Philharmonic Orchestra, sous la houlette de Pierre Vallet, indique que « Beethoven savait que, derrière le pouvoir, s’il n’y a pas une volonté de bien commun et d’universalisme, celui-ci est voué à l’échec ».


Un cycle complet à Beyrouth
La pianiste française qui interprète ce soir, dans ce qu’elle appelle « un concert pour la paix », le premier concerto de Beethoven après avoir joué en mai dernier le quatrième concerto, tient à compléter tout le cycle à Beyrouth dans les deux années à venir, « pour justement vivre cette progression spirituelle aboutissant à L’Empereur qui nous fait assister à la mort à la fin du deuxième mouvement et à la résurrection dans le dernier mouvement ». Pour elle, la paix n’a pas de contraire car celle-ci est un état intérieur qui est toujours présent même en temps de guerre. Quant à la situation que vit le Liban depuis un certain temps, la pianiste française s’exprime en reprenant la citation d’Amin Maalouf décrivant le Liban comme le rosier de la vigne : « On met d’habitude un rosier devant la vigne, si le rosier est malade, c’est-à-dire que toute la vigne est malade. Pour moi, le Liban est le rosier du Moyen-Orient. Et ce rosier ne doit pas être malade. Ce qui peut soigner la maladie, la guerre, les dissensions, c’est la beauté, la vérité et la bonté. »

Et pour finir, la présidente de la fondation Résonance revient sur le sens « prophétique » du deuxième mouvement du quatrième concerto interprété au Liban, qui exprime une sorte de plainte très profonde de l’être humain manifestée par le piano et d’intransigeance par l’orchestre, « comme s’il y avait une incompréhension, une impossibilité de s’entendre et de se comprendre », pour transmettre un message de paix au Libanais : « C’est exactement ce que vit le pays, c’est-à-dire le sentiment que personne ne s’écoute, qu’on peut crier le plus fort qu’on peut, mais qu’il y a une espèce de sentence qui paraît fatale et immuable. Beethoven va nous montrer que ce n’est pas vrai et qu’à un moment donné, la cordialité, l’ouverture du cœur, le bien commun et la vérité vont gagner. » Amoureux de cette musique universelle, soyez nombreux pour chanter la paix !

Église Saint-Joseph

Rue Monnot. À 20h30, entrée libre.


En ces temps de crise, la musique, par son pouvoir réconfortant et apaisant, demeure, pour reprendre les mots du philosophe roumain Emil Cioran, le « refuge des âmes ulcérées » des Libanais guettant en vain une lueur d’optimisme et de paix. L’Orchestre philharmonique du Liban, sous la direction de Walid Moussallem, tentera de restituer ce soir à 20h30 en l’église...

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