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Nos Lecteurs ont la Parole - par Maya-Maria TORBEY

Mémoire et identité

S’il en est d’une identité, c’est qu’il en est d’une appartenance. S’il en est d’une appartenance, c’est qu’il en est d’une racine. S’il en est d’une racine, c’est qu’il en est d’une mémoire. S’il en est d’une mémoire, c’est qu’il en est de l’expérience transmise d’un vécu, d’un bouquet d’événements au rythme d’émotions, de besoins, de désirs, de blessures, de partages, de rencontres ; un bouquet inhérent à la réalisation d’une personne, toute personne, d’une communauté, d’un peuple.

Comment revendiquer alors une appartenance si l’identité, elle, ne cesse de se multiplier en se divisant, paradoxalement, en micro-identités, emportant sur son chemin toute potentialité d’un travail de mémoire – indispensable ! – puisé dans un commun vécu ? Mais appartenir à qui, et à quoi ? À une terre qui nous a été confiée en héritage et à laquelle nous appartenons de passage – bon gré, mal gré – sans jamais pouvoir prétendre qu’elle pourrait un jour exclusivement nous appartenir ? À une culture au croisement d’une mondialisation culturellement sauvage ? À une langue qu’on mixe et remixe en quête de mots pour exprimer notre abondance de maux ? À un rite, à des traditions qui nous reviennent en force par-delà les frontières ? Appartenir pourquoi, et comment... puisque tout passe, et que nous passons ; tout... de ce qui nous a été transmis et que nous ne transmettons pas ; tout... de ce qui nous a été mal transmis et que nous perpétuons ; tout… de ce qui ne nous a pas été transmis et que nous ignorons.

Plutôt que de marcher, nous voilà donc installés. Comment recevoir désormais ce que nous n’attendons pas ? Comment attendre ce que nous ne cherchons pas ? Et comment chercher puisque nous nous croyons déjà arrivés ? Voilà où nous en sommes. Installés en un cercle vicieux, en une Église qui a oublié de décamper, en une Église qui a oublié d’être ce à quoi elle est appelée ; une Église en marche, toujours en marche, vers son identité.

Revendiquer une identité enracinée en fêtant la Saint-Maron, c’est paradoxalement fêter un nomade qui n’avait pour appartenance que l’autre, le Tout-Autre. Un nomade qui a accepté de se laisser déranger dans son propre confort à la suite du Grand Nomade pour qui « les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids, mais (que Lui), le Fils de l’Homme, n’a pas d’endroit où reposer la tête ». Fêter la Saint-Maron, c’est fêter un nomade qui n’a fait que camper et décamper, continuellement, à la suite d’une Parole contre vents et marées : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus lui dit : « Laisse les morts enterrer les morts, et toi, suis-moi. »

Fêter la Saint-Maron, c’est fêter un nomade dont la caravane a malheureusement fini par s’installer sous un béton individualistement armé. Et la question qui demeure : revendiquerions-nous le « saint patron » de la même façon si nous prenions conscience que nous sommes appelés, à son instar, à constamment lever le camp de nos certitudes et nous remettre en marche ; nomades, comme le Fils de l’Homme, n’étant enracinés qu’en Lui, qu’en l’Homme ? Puisque nous ne sommes que passeurs dans cette vie, soyons donc des passeurs de Vie.

À Dieu vat.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

S’il en est d’une identité, c’est qu’il en est d’une appartenance. S’il en est d’une appartenance, c’est qu’il en est d’une racine. S’il en est d’une racine, c’est qu’il en est d’une mémoire. S’il en est d’une mémoire, c’est qu’il en est de l’expérience transmise d’un vécu, d’un bouquet d’événements au rythme d’émotions, de besoins, de...

commentaires (1)

Ces clochers pourtant bien plantés en terre et dont les querelles sont la raison d'être, vous proposez de les mettre sur semi-remorques pour mieux porter la querelle chez le voisin?

M.E

20 h 27, le 06 février 2020

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Commentaires (1)

  • Ces clochers pourtant bien plantés en terre et dont les querelles sont la raison d'être, vous proposez de les mettre sur semi-remorques pour mieux porter la querelle chez le voisin?

    M.E

    20 h 27, le 06 février 2020

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