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Lifestyle - Rencontre

Leila Abdellatif, la « reine de l’intuition »

Portrait d’une voyante à temps plein. Et quelques prédictions pour 2020.

« Je me suis liée d’amitié avec de nombreux présidents, officiels et stars, mais je ne laisse jamais mes émotions influencer mes prédictions », assure Leila Abdellatif. Photo DR

Leila Abdellatif a à peine le temps de souffler. Entre deux rendez-vous et deux coups de fil, elle nous reçoit dans le lobby de l’hôtel qui lui est familier, après un entretien des plus sérieux avec un ancien député venu voir ce que lui réservait l’avenir. Un entretien dont le monsieur ressort tout allègre... Chaleureuse comme à l’accoutumée, armée d’un sourire bienveillant, elle sait bien que son côté affable, loin des costumes saugrenus et des attitudes bizarres de certains de ses collègues, a contribué à faire d’elle la voyante la plus proche des Libanais. Son passé, surtout, l’encourage à faire preuve d’empathie avec les personnes qu’elle rencontre, quelle que soit leur histoire. Celle qui a prédit des mois à l’avance les attentats du 11 septembre 2001, annonçant qu’elle voyait « des avions percuter un gratte-ciel dans une grande puissance du monde », avant de recevoir un coup de fil de l’ambassade américaine qui voulait savoir « what’s next », n’a pas eu un parcours aisé.

Une enfance difficile

« J’ai perdu mon père à l’âge de 7 ans, confie-t-elle. C’était un cheikh égyptien à la mosquée al-Azhar. Venu en mission au Liban, il a rencontré ma mère et nous avons vécu dans le quartier beyrouthin de Zokak el-Blat avec mes deux sœurs. Le cheikh Mohammad Abdel Nabi Abdellatif était très connu dans la région. Il savait prédire le futur et possédait des talents de guérison. » La première fois qu’elle a découvert qu’elle possédait ce don, elle devait avoir aux alentours de 12 ans, se souvient Leila Abdellatif. « J’ai vu, par exemple, la mort de mon oncle puis celle de mon grand-père qui s’apprêtait à voyager. J’ai senti que je n’allais plus jamais le voir. J’ai pleuré, lui ai tenu la main pour qu’il reste; mais il est parti, et de ce voyage, il n’est jamais revenu. »

Au décès de son père, sa mère qui n’avait que 22 ans la place en internat dans un orphelinat. « J’y suis entrée à 7 ans, et j’en avais 20 à la sortie. En fait, j’ai grandi sans ma mère, qui s’était remariée, et sans mes sœurs. Cette période à l’orphelinat a laissé en moi de nombreuses séquelles. J’étais seule, jamais en congé, et ma mère ne venait que rarement me rendre visite. J’ai beaucoup souffert. J’ai grandi seule, je suis tombée malade seule, et de ce passé, je garde une certaine tristesse qui m’habite encore. »

Après l’orphelinat, Leila Abdellatif travaille d’abord à l’ambassade égyptienne, puis dans une galerie d’antiquités et au bureau d’admission dans un hôpital. « Mais je n’étais pas heureuse. Parfois, je fermais la galerie en milieu de journée pour aller nager. Je fuyais et voulais compenser mon enfance, moi qui n’avais jamais vraiment joué », dit-elle. C’est à cette époque qu’elle rencontre un jeune homme aisé. « Nous nous sommes fiancés. Il avait une belle voiture dans laquelle on se promenait et il m’a appris la musique, la danse et l’anglais. Quand il est mort d’un cancer deux ans plus tard, c’est la musique qui m’a sauvée. »

Un sixième sens qui change la vie

Férue de musique depuis son enfance, Leila Abdellatif est une grande fan de country, d’oldies et de jazz. Dans sa bibliothèque musicale qui regorge d’archives, Bob Marley, Santana, Cat Stevens, les Beatles et Claude Charles ont tous leur place. Quand elle se trouve un job dans un magasin de musique à Hamra, à la fin des années 78, elle vend des cassettes et séduit le propriétaire du magasin, de nationalité saoudienne. Il lui propose de l’épouser et d’aller s’installer à Djeddah. Elle y élève les enfants de ce dernier, nés d’un premier mariage, et devient la maman de Zeina et de Fahed. « En 82, on a tout fermé à Beyrouth pour nous installer en Arabie saoudite. Puis quand mon mari est tombé malade, nous sommes rentrés au Liban où il est décédé, explique-t-elle. J’avais commencé à avoir des crises d’épilepsie, et je suis rentrée pour de bon. J’ai pris une maison à Baabdate, où nous avions l’habitude de passer nos étés. » Elle ouvre alors un magasin de disques, qui a connu un grand succès. « J’enregistrais aussi des musiques pour les hôtels, les mariages et les défilés. Je le fais toujours », précise-t-elle.

« À l’époque, dit-elle encore, mes amis savaient que j’avais un sixième sens très développé. L’homme d’affaires Georges Chehwane m’a alors proposé de passer à la télé dans l’émission Maraya el-Haz. J’ai fait une émission avec Ghazi Feghali où je répondais aux questions des téléspectateurs. J’ai alors prédit au chanteur Rabih el-Khaouli qu’il allait perdre un être cher. Son frère a péri dans un accident de moto et il a mis fin à sa carrière de chanteur pour entrer au monastère. En trois mois, je ne pouvais plus marcher dans la rue. » S’ensuit alors une phase où elle se retire des plateaux de télé. C’est la journaliste Rima Njeim qui relance, plus tard, sa carrière sur son programme radio. Depuis, le succès est au rendez-vous.

Leila Abdellatif apprécie ce talent particulier, car il lui a permis de rencontrer des personnalités importantes, des hommes politiques haut placés, des présidents français et même feu le guide Mouammar Kadhafi. « Parfois, je me demande si ce que je vis est bien réel », plaisante-t-elle. Pour elle, il s’agit tout simplement d’une intuition, un sixième sens plus développé que chez d’autres personnes, « tout comme Dieu donnerait la santé, la richesse ou l’intelligence à d’autres ». « Je ne vois pas d’images et je ne crois ni aux horoscopes, ni au tarot, ni au marc de café, assure celle qui est désormais surnommée, au Liban, la “reine de l’intuition”. Notre vie serait-elle écrite dans une tasse de café? On m’attaque parce qu’une de mes prédictions sur cent ne s’est pas réalisée, mais je suis humaine après tout. Certains font des prévisions floues. Moi je cite des noms de manière claire. Je peux voir le passé (des gens) comme le futur. Et malgré toutes les critiques, je suis une femme forte qui a une grande foi en Dieu. La vie est faite de hauts et de bas et Dieu tente les hommes. Je ne laisserai jamais la vie me vaincre et j’ai décidé d’être forte et de rester souriante, quoi qu’on me dise. »

Des prédictions pour 2020

À ce jour, les plus grandes prédictions de Leila Abdellatif restent celle de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, la chute du gouvernement Omar Karamé puis le retrait des troupes syriennes du Liban quelques mois plus tard. Pour 2020, elle pense que des députés vont bientôt démissionner, notamment ceux du Parti socialiste progressiste et des Forces libanaises. « Les drapeaux seront également mis en berne et nous verrons (le président syrien) Bachar el-Assad au Liban, ajoute-t-elle. L’aéroport fermera pour trois ou quatre jours. Les sept prochains mois seront difficiles et la crise va s’intensifier. La situation s’améliorera à la fin de l’été, mais 2021 sera la meilleure année pour le Liban ; je ne conseille à personne de quitter le pays. Nous verrons également les gens unis, toutes confessions confondues, dans une certaine épreuve douloureuse. » Et de poursuivre : « Je suis triste que le mandat de Michel Aoun ait connu tout cela. Le président a dit qu’il avait les mains liées et je le crois. Il souhaite voir le Liban sans corruption, mais il n’y arrive pas. Toutefois, il prendra une position courageuse et ne restera pas silencieux cette année. Le peuple se souviendra de lui de manière positive. De gros changements attendent le Liban et la caste politique aussi. Le pays attirera les investisseurs mais ce ne sera pas tout de suite. 2020 sera l’année du changement et de la réforme. » Par ailleurs, Leila Abdellatif prédit une catastrophe naturelle dont les Libanais sentiront les effets, ainsi que l’annulation des épreuves du brevet pour de bon.

« Je me suis liée d’amitié avec de nombreux présidents, officiels et stars, mais je ne laisse jamais mes émotions influencer mes prédictions », assure-t-elle encore.

Pour l’instant, elle se prépare à un énième voyage en Arabie saoudite. « Ma vie est faite de voyages, dit-elle. Ce sont souvent des voyages lors desquels je rencontre des gens, dors très peu et fais beaucoup d’efforts. Non, je ne demande jamais directement de l’argent, même s’il est normal que je sois rémunérée. Au final, j’aide les gens à prendre des décisions sans qu’ils ne perdent leur temps. Un homme n’échappe pas à son destin, mais il peut y prendre garde ! » Et d’ajouter : « Mais les gens sont souvent curieux. Quand une personne achète une maison, elle demande à visiter toutes les chambres. Non pas par manque de confiance, mais pour être éclairée et rassurée. »

Le plus grand rêve de Leila Abdellatif ? Rencontrer Oprah Winfrey! « J’ai fait deux entrevues sur CNN et j’ai pu y croiser des voyants qui avaient un talent similaire au mien, assure-t-elle. Mais Oprah restera pour moi la célébrité que j’aurais aimé connaître de près. Mais cela, je vous le dis, ne se fera pas malheureusement pas... » Sacrée Leila !

Leila Abdellatif a à peine le temps de souffler. Entre deux rendez-vous et deux coups de fil, elle nous reçoit dans le lobby de l’hôtel qui lui est familier, après un entretien des plus sérieux avec un ancien député venu voir ce que lui réservait l’avenir. Un entretien dont le monsieur ressort tout allègre... Chaleureuse comme à l’accoutumée, armée d’un sourire bienveillant,...

commentaires (6)

Je crois totalement à l'irrationnel et aux pouvoirs paranormaux de certains, pour autant je ne parle pas de cette jeune femme, je viens seulement d'apprendre son existence en lisant l'article.

Christine KHALIL

11 h 34, le 01 juin 2020

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Je crois totalement à l'irrationnel et aux pouvoirs paranormaux de certains, pour autant je ne parle pas de cette jeune femme, je viens seulement d'apprendre son existence en lisant l'article.

    Christine KHALIL

    11 h 34, le 01 juin 2020

  • En jouant à la roulette toute une soirée, la bille tombe de temps en temps dans la case choisie, mais cela ne revient pas à dire que le joueur avait deviné à l'avance dans quelle case elle allait tomber! il faut de tout pour faire un monde. Les responsables politiques et les riches s'amusent en recevant de tels personnages pour aiguiser leurs vigilances et pour déjouer leurs sorts prédits quand ils le pourraient et s'en vanter par la suite auprès de voyants. Raconter sa propre misère avant de développer son offre commerciale est une stratégie de Marketing très à la mode en ce moment, que les écrivains en Occident surtout en usent et abusent, pour vendre des livres.

    Shou fi

    17 h 42, le 16 janvier 2020

  • Quel c....rie! Franchement vous y croyez vous a ces bêtises?

    Pierre Hadjigeorgiou

    17 h 09, le 16 janvier 2020

  • Le seul bravo pour cette femme, c’est la manière avec laquelle elle a pu surmonter ce drame de la jeunesse, abandonnée dans un orphelinat et qui aurait eu le courage de se refaire une dignité et un nom... Mais de là à prendre au sérieux ses dons de voyance, c’est être plus primaire , naïf et superstitieux qu’elle... Nous espérons que l’OLJ demeurera un journal sérieux, et gardera un niveau intellectuel respectueux de ses lecteurs.... pas celui d’une Oprah Winfrey!

    Saliba Nouhad

    14 h 43, le 16 janvier 2020

  • CROIRE EN DE TELLES BOURDES C,EST ETRE VRAIMENT ABRUTI ET FAIBLE OU INNOCENT D,ESPRIT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 27, le 16 janvier 2020

  • Allez l'OLJ… Vous etes supposes etre un journal serieux. A quand l'article sur les liseuses de tasses de café?

    Fadi Chami

    06 h 51, le 16 janvier 2020

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