Le procureur général près la cour de Cassation, Ghassan Oueidate, a demandé lundi à la justice suisse et à plusieurs autorités judiciaires et bancaires libanaises de l'aider à obtenir davantage d'informations concernant les transferts polémiques qui auraient été effectués dernièrement par des responsables politiques libanais vers la Suisse.
Selon des informations de l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), le juge Oueidate a requis "l'aide judiciaire" de la justice suisse, de la Commission spéciale d’investigation (CSI), de la Banque centrale du Liban et de la Commission de contrôle des banques dans cette affaire. L'Ani précise que cette demande ne peut concerner que des transferts "suspects" de fonds qui auraient été obtenus illégalement ou de manière corrompue, les transferts "non-suspects" ne pouvant pas être légalement interdits.
Pour sa part, le député Elias Hankache (Kataëb) a réclamé au Parlement la création d'une commission d'enquête parlementaire concernant ces transferts. Il a souligné, dans le texte présenté au Parlement, "les risques que comportent la situation actuelle au Liban et ses répercussions sur la vie et le futur des Libanais".
(Lire aussi : Fonds transférés à l’étranger : La justice lance une enquête, Bassil met en garde contre des atermoiements)
L'affaire, qui a éclaté dans le courant de la semaine dernière, concerne des transferts présumés de milliards de dollars, qui auraient été effectués il y a une quinzaine de jours par neuf hommes politiques libanais vers des banques en Suisse. L'affaire, dont s'est désormais saisie la justice, avait été ébruitée par l’expert économique Marwan Iskandar, qui a affirmé en avoir eu vent d’une journaliste suisse. Parallèlement, une enquête devait être lancée incessamment par la Banque centrale pour déterminer les voies par lesquelles près de 2,5 milliards de dollars auraient pu être transférés à l’étranger, alors que le pays souffre d’un grave problème de liquidités et que des restrictions très sévères sont imposées sur les transferts de fonds, notamment à l’étranger.
M. Iskandar devait être ainsi entendu à titre de témoin vendredi par le parquet, qui doit poursuivre son enquête en coordination avec la Banque centrale et la Commission de contrôle des banques, sans que l’on ne sache si la loi permet le rapatriement de ces fonds (si l’affaire est confirmée) en l’absence d’une décision officielle de la Banque centrale ou d’une loi du Parlement pour un contrôle des capitaux. Les investigations devraient donc permettre d’identifier les hommes politiques qui auraient réussi à briser le "blocus" bancaire et les banques qui auraient enfreint les instructions de la BDL.
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commentaires (7)
Ah Si on pouvait reverser tout cet argent volé dans l’economie libanaise.....
Marie-Hélène
02 h 12, le 31 décembre 2019