Au moment où une campagne a été lancée pour encourager les Libanais et descendants de Libanais de l’étranger à passer les fêtes de fin d’année au pays du Cèdre pour l’aider à faire face à la crise, Leandro et Marilin Tarzi, Argentins d’origine libano-alépine, viennent d’effectuer un séjour de découverte dans le pays de leurs ancêtres.
Leandro et Marilin sont propriétaires, avec leur sœur aînée et leur mère, de la boulangerie « El Horno de Medio Oriente » (Le Four du Moyen-Orient) héritée de leur père. Celui-ci l’avait fondée il y a 40 ans dans un quartier chic de Buenos Aires. Cette visite au Liban, programmée dès le mois de juin et reportée pour des raisons familiales, aura été très gastronomique, même si les deux Argentins ont été sensibles aux perturbations sociales et ont participé à des sit-in au centre-ville de Beyrouth.
Admirant au passage les beaux sites de Byblos, Harissa, Sidon et Tyr, illuminés par les superbes couchers du soleil d’automne, ils ont visité une trentaine de snacks, pâtisseries, supermarchés et cuisines de restaurant, avec des dégustations continues, afin d’apprendre de nouvelles recettes et d’acheter des ustensiles de cuisine, en attendant de s’offrir un four « saj » qu’ils ont déjà commandé. Cet agréable voyage, qui s’est déroulé du 30 novembre au 4 décembre, a ainsi permis à Leandro et Marilin de plonger dans leurs sources culinaires orientales et de comparer les goûts pour un ajustement des mets libanais (plats traditionnels et baklavas) proposés dans leur boulangerie spécialisée dans le pain arabe, qui dispose de quelques tables pour les clients, mais qui fait essentiellement fonction de traiteur.
Leur chemin ne va pas s’arrêter là, car en plus d’avoir acheté un livre de recettes libanaises en espagnol, ils sont à la recherche d’un jeune cuisinier libanais pour encadrer leur équipe à Buenos Aires. Ils comptent développer dans les grandes villes d’Argentine, avec leur enseigne connue, le commerce de produits alimentaires importés du Liban.
Denise Simon, une professionnelle de la danse orientale
L’association RJLiban a également reçu récemment Denise Simon, une danseuse au parcours atypique. Diplômée de l’académie de danse orientale (Belly Dance) d’Amir Taleb, Argentin d’origine libanaise devenu célèbre dans son pays d’adoption, Denise a effectué à Buenos Aires les cinq ans de cours obligatoires dont une dernière année avec fusion dabké et rythmes d’Amérique latine (folklore argentin, tango, cumbia, salsa, samba…). Elle a grandi à Rosario, où sa famille est établie depuis l’arrivée de son arrière-grand-père paternel, Farès Semaan al-Sokhn – dont le prénom est devenu le nom de famille actuel Simon –, fuyant au début du siècle dernier la Première Guerre mondiale et sa localité de Kartaba, et délaissant ses terrains sur les hauteurs du caza de Jbeil.
Secondée par l’ambassade du Liban à Buenos Aires, Denise a réussi à récupérer sa nationalité libanaise au cours de ses visites régulières, à partir de 2013, dans son pays d’origine. Puis elle s’est lancée en 2017, alors qu’elle n’avait que 22 ans, sur la scène artistique dans les pays arabes, comme les Émirats ou encore la Syrie, où elle s’est produite cet été avec une chanteuse et un orchestre durant un mois dans un grand hôtel de Damas. Son rêve de poursuivre sa carrière au Liban était sur le point de se réaliser, avec la signature au début du mois d’octobre de trois contrats avec des restaurants et un projet d’ouverture d’une école de danse argentine et orientale dans la région de Beyrouth. Mais après avoir pris vingt jours de vacances à Rosario, elle s’est rendu compte à son retour au Liban mi-novembre que la situation était trop tendue pour une quelconque activité festive. Elle a été engagée aussitôt par un grand hôtel de Tunis, la Tour Blanche, pour se produire en cette période de fin d’année.
Lors d’une soirée d’au revoir qui les a réunis, Denise, Leandro et Marilin, qui venaient de faire connaissance quelques jours auparavant, ont été très amusés de réaliser qu’ils étaient cousins ! Ils se sont ainsi rendu compte que, la semaine d’avant, des membres de leurs familles respectives, côté maternel, étaient invités dans la ville de Sastre dans la région de Rosario pour assister à l’anniversaire d’une grand-tante commune.
Dans la même rubrique
Le « petit Beyrouth », un faubourg libanais au Canada
Quand les Libanaises étaient au cœur d’une grève ouvrière, aux États-Unis, en janvier 1912
Mohammad Yachteen, l’un des premiers « méchants arabes » de Hollywood
Les plus commentés
Rencontre Berry-Mikati-Joumblatt : les chrétiens fustigent une « absence inacceptable », mais...
Guerre au Liban : comment expliquer le silence de Samir Geagea
Et soudain, Hassan Nasrallah n’est plus