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Liban - Social

À Tripoli, Care International aide les plus démunis à se remettre sur pied

Grâce à la mission de l’ONG, Aïcha, 39 ans, trouve enfin du travail.

Aïcha a arrêté de fumer dès qu’elle a appris un métier.

Née à Zghorta, Aïcha Dennaoui y a vécu dans la pauvreté avec son mari ghanéen. Grande fumeuse de narguilé, elle passait ses journées entre sa maison et le café du coin, dépendant du seul salaire médiocre de son mari, afin de pourvoir à leurs besoins. Aujourd’hui, elle ne survit plus, elle vit. Devenue résidente de Tripoli et grâce au financement de l’ONG Care – une ONG internationale qui finance et exécute des programmes de soutien aux réfugiés syriens et aux communautés hôtes libanaises, notamment dans les régions les plus pauvres –, elle se retrouve à cuisiner à partir de chez elle pour une clientèle fervente de plats traditionnels.

Dans la cuisine industrielle de la capitale du Nord, Aïcha est volubile et passionnée. Cette opportunité d’indépendance financière lui donne à faire ce qu’elle aime vraiment : cuisiner. Elle s’exprime aussi dans un anglais presque parfait, qu’elle dit avoir appris toute seule, en regardant la télé pendant un quart de siècle, par ennui. Ce sentiment n’étant désormais plus de mise, ses yeux brillent d’énergie et elle tremble d’excitation en décrivant ses rkakates croustillantes (roulés de fromage ou de viande), ses lahem bi aajin (galettes de viande) savoureux et son hommos, bien sûr « le meilleur que l’on puisse goûter dans la région ». On doit presque la retenir d’aller chez elle pour nous en ramener. « L’amour a besoin de nourriture! » répète-t-elle à chaque fin de phrase. Grâce à elle, c’est la nourriture qui a trouvé l’amour. Par dignité, elle semble ne pas vouloir parler de sa situation financière. Si elle est sortie de la misère, elle sait qu’elle doit encore mijoter beaucoup de plats avant que la pauvreté ne cesse d’être son quotidien. Approcher les responsables de Care, il y a un peu plus d’un an, a changé sa vie. Elle a même cessé de fumer, vu qu’elle n’avait plus le temps de le faire, ni l’envie.


Pourrait-on les en blâmer ?
Par sa ferveur et son indéniable force d’esprit, par sa simple joie d’être utile à la société, Aïcha fait partie d’une génération de Libanaises marginalisées qui ne demandent qu’à recevoir une meilleure éducation et de meilleures opportunités et conditions de travail.

Dans toutes les régions de ce Liban en révolution, contre toutes les erreurs du passé, de plus en plus de femmes courageuses, obstinées, inébranlables, élèvent enfin la voix en se faisant l’écho d’une mutation obligée de notre société patriarcale. Car malheureusement l’État ne joue pas son rôle en donnant toutes les opportunités possibles aux citoyens et il faut attendre des organisations étrangères comme Care pour les aider à sortir de la misère. Plusieurs centaines de femmes bénéficient de ce programme.

Aïcha a raconté son histoire dans le cadre d’une visite organisée par Care International à Tripoli où l’ONG est en train d’exécuter de nombreux projets, relatifs au soutien à l’agriculture et à l’agro-alimentaire, la protection des femmes et des adolescentes et la prévention de la violence à leur encontre, au soutien aux petites et moyennes entreprises et à la création d’emplois ainsi qu’à la réhabilitation d’habitations dans les quartiers pauvres.

Prenant la parole, le directeur du Liban de Care International, Bujar Hoxha, a souligné que l’organisation qu’il représente se trouve dans de « nombreuses régions du Liban et compte y rester pour les cinq années à venir ». « Nous travaillerons avec les réfugiés accueillis avec beaucoup de générosité par les Libanais et leur gouvernement, mais notre principal but demeure de soutenir les communautés libanaises. Les projets profitent à égalité aux Libanais et aux réfugiés syriens », a-t-il poursuivi.

« Il y a longtemps, je me disais “Si tu n’as rien, tu n’es rien”. Aujourd’hui, je dirais plutôt : “Si tu ne fais rien, tu n’es rien” », conclut Aïcha en nous quittant, probablement pour sa cuisine.



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