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L'Europe dénonce les sanctions américaines contre un gazoduc russe



Un ouvrier travaillant sur le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2, à Lubmin, dans le nord-est de l'Allemagne, le 26 mars 2019. Photo d'archives AFP / Tobias SCHWARZ

L'Europe, et l'Allemagne en particulier, ont critiqué jeudi le vote aux Etats-Unis de sanctions contre le gazoduc russe Nord Stream 2, jugé par ses promoteurs stratégique pour l'approvisionnement mais accusé de renforcer l'influence de Moscou.

"Par principe, l'UE s'oppose à l'imposition de sanctions à l'encontre de toute entreprise de l'UE exerçant une activité légitime", a indiqué jeudi le commissaire européen au Commerce Phil Hogan.

L'Allemagne, grande bénéficiaire de ce projet qui lui permettrait de doubler les livraisons de gaz naturel russe à bon marché, a ajouté aux arguments économiques une ligne de défense politique.

"La politique énergétique européenne est décidée en Europe et non aux États-Unis. Nous rejetons par principe les interventions et les sanctions extérieures ayant des effets extraterritoriaux", a affirmé sur Twitter le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas.

Le ministère de l'Economie a indiqué à l'AFP prendre "note avec regret du vote de la Chambre des représentants américaine". "Notre position concernant les sanctions extraterritoriales est claire: nous les rejetons", a ajouté le ministère.

"Acte hostile"
Carsten Schneider, un responsable du parti social-démocrate, allié des conservateurs d'Angela Merkel au gouvernement, s'est montré encore plus direct: "les Etats-Unis sont désormais de retour dans le Far West, où seule la loi du plus fort s'applique". Et pour Joachim Pfeiffer, député conservateur, il s'agit d'un "acte hostile".

L'émoi est grand aussi dans le monde économique. La Chambre de commerce et d'industrie germano-russe (AHK) a appelé les partenaires européens du projet à réagir "par des contre-mesures ciblées, (car) l'indépendance énergétique de l'Europe est en jeu".

Un argumentaire similaire avancé par l'AEB, principal représentant des entreprises européennes en Russie: "l'Union européenne doit déterminer sa propre politique énergétique et ses relations commerciales, et aucun tiers ne doit donc l'influencer".

Ce gazoduc, qui doit théoriquement entrer en service avant la fin de l'année, doit passer sous la mer Baltique en contournant notamment l'Ukraine. Ce qui a déclenché le courroux de Washington, qui depuis plusieurs mois menace l'Europe de sanctions, mais aussi de Kiev et de pays comme la Pologne ou les pays baltes, inquiets des visées de la Russie sur l'Europe.

Selon ces pays, l'achèvement du gazoduc va accroître la dépendance des Européens au gaz russe et ainsi renforcer l'influence de Moscou, tout en affaiblissant l'Ukraine, allié des Occidentaux sur le territoire duquel transite jusqu'ici une grande partie du gaz russe.

Pertes américaines
Ces annonces de sanctions américaines se sont concrétisées après l'adoption dans la nuit de mercredi à jeudi par la Commission des forces armées de la Chambre des représentants du budget défense américain pour l'année fiscale 2020.

Il prévoit notamment des sanctions contre les gazoducs Nord Stream 2 et Turkish Stream dans le cadre des mesures visant à contenir la Russie.

Cette proposition doit encore être soumise à l'aval du Sénat et du président Donald Trump, fondamentalement opposés à la construction de ce pipeline. Il engendrerait aussi des pertes financières importantes pour les entreprises américaines qui souhaitent livrer à l'Europe du gaz naturel liquéfié.

Le projet de loi américain exige que le département d'État américain communique dans les 60 jours les noms des entreprises et des personnes qui ont participé à la pose de conduites pour Nord Stream 2.

Les sanctions prévues par ce texte comprennent le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs liés au gazoduc.

L'une des principales cibles est Allseas, une entreprise suisse propriétaire du plus grand navire de pose de pipelines du monde, le Pioneering Spirit, engagé par Gazprom pour construire la section offshore.

Déjà construit à plus de 80%, le gazoduc représente un investissement d'une dizaine de milliards d'euros, financé pour moitié par Gazprom et pour l'autre moitié par cinq sociétés européennes (OMV, Wintershall Dea, Engie, Uniper et Shell).

L'Europe, et l'Allemagne en particulier, ont critiqué jeudi le vote aux Etats-Unis de sanctions contre le gazoduc russe Nord Stream 2, jugé par ses promoteurs stratégique pour l'approvisionnement mais accusé de renforcer l'influence de Moscou. "Par principe, l'UE s'oppose à l'imposition de sanctions à l'encontre de toute entreprise de l'UE exerçant une activité légitime", a...