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Liban - Crise

Secteur hospitalier : le seuil d’alerte est atteint

Une cascade de blocages financiers, y compris venant de l’État, asphyxie progressivement les hôpitaux, où un début de pénurie de matériel médical se manifeste.


Le bâtiment central de l’Hôtel-Dieu. Photo d’archives.

La crise économique et financière au Liban touche désormais de plein fouet le secteur hospitalier, une cascade de blocages risquant même d’en compromettre le fonctionnement normal. Les avertissements se multiplient à cet effet, émanant aussi bien des hôpitaux que des importateurs de matériel médical et des infirmières.

« Un effondrement total du secteur hospitalier est à craindre. C’est l’affaire de quelques semaines ; dans un délai ne dépassant pas janvier 2020, les hôpitaux pourraient être incapables de fonctionner », a averti hier un communiqué émanant du syndicat des hôpitaux présidé par Sleiman Haroun.

Il s’agit là d’un second avertissement. En octobre, les hôpitaux privés en avaient lancé un premier, dans lequel ils demandaient à l’État de régler – fût-ce en l’échelonnant – la somme astronomique de 1,2 milliard de dollars (2 200 milliards de livres) qu’il leur doit, sous peine d’un ralentissement progressif des services hospitaliers et de leur arrêt à terme.

Le 16 novembre, les hôpitaux privés, qui représentent 82 % de la capacité hospitalière du pays, avaient même observé un jour de grève symbolique à cet effet.



Perte de valeur de la livre
À l’exception de la CNSS, aucun autre tiers payant n’a réglé sa dette, a affirmé le syndicat des hôpitaux dans son communiqué, alors que la livre perd progressivement de sa valeur face au dollar. Les hôpitaux sont au bout de leur ligne de crédit auprès des fournisseurs, peut-on aussi lire dans le communiqué qui fait état des difficultés que ces derniers rencontrent à leur tour auprès des fabricants, qui souhaitent être payés en devises et commencent à réclamer le règlement total des montants qui leur sont dus.

Certes, les hôpitaux ont en principe obtenu que les lignes de crédit en devises qu’ils ouvrent auprès des fournisseurs soient couvertes à 50 % par la Banque du Liban. Mais ils ont toujours des difficultés, même avec ce pourcentage, en raison des restrictions imposées par les banques, qui ont instauré des mesures de contrôle de capitaux, et les renvoient au marché secondaire pour l’accès aux devises, alors qu’ils font eux-mêmes crédit à l’État.


Deux dialyses au lieu de trois
Porte-parole du syndicat des importateurs d’équipement médical, Salma Assi a indiqué à l’organisation Human Rights Watch (HRW) que les prix d’achat de ces équipements sont en hausse, du fait qu’ils sont payés avec des devises obtenues en dehors du circuit bancaire, tandis que leurs barèmes sont fixés par le gouvernement en livres libanaises.

« Si ces détails ne sont pas réglés, les gens vont bientôt commencer à mourir dans les hôpitaux, a averti de manière on ne peut plus directe Mme Assi. Les patients sous dialyse sont déjà en train d’avoir deux sessions au lieu de trois, dit-elle encore. Savez-vous ce que cela veut dire ? Ça veut dire que leurs corps sont en train d’être lentement empoisonnés. Et savez-vous ce que c’est que de manquer de poches pour le sang ? Allons-nous devoir le conserver dans des bouteilles en plastique ? »

Et les importateurs de préciser qu’un début de pénurie commence à se manifester au niveau de certains équipements médicaux comme les vis à os, les ressorts, les filtres pour dialyse, les poches, les compresses de gazes stérilisés, etc.

De son côté, la présidente du syndicat des infirmières, Mirna Doumit, a confié à Human Rights Watch que son syndicat envisage d’observer une grève d’avertissement si les hôpitaux continuent de retarder le paiement des salaires de leur personnel hospitalier ou de ne plus payer qu’un demi-salaire, voire d’en licencier une partie.


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La crise économique et financière au Liban touche désormais de plein fouet le secteur hospitalier, une cascade de blocages risquant même d’en compromettre le fonctionnement normal. Les avertissements se multiplient à cet effet, émanant aussi bien des hôpitaux que des importateurs de matériel médical et des infirmières.« Un effondrement total du secteur hospitalier est à...

commentaires (3)

On insiste avec ça à faire des blocages "révolutionnaires " . A force de vouloir combattre la corruption de façon aussi maladroite on jettera le bébé avec l'eau du bain. Tout en dansant du ventre.

FRIK-A-FRAK

10 h 42, le 12 décembre 2019

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Commentaires (3)

  • On insiste avec ça à faire des blocages "révolutionnaires " . A force de vouloir combattre la corruption de façon aussi maladroite on jettera le bébé avec l'eau du bain. Tout en dansant du ventre.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 42, le 12 décembre 2019

  • Il y a plus urgent encore: garantir un siège de ministre au gendre...

    Gros Gnon

    10 h 03, le 12 décembre 2019

  • L,EFFONDREMENT EST TOTAL. CE NE SONT PAS LES HOPITAUX SEULS QUI SOUFFRENT. LE COMMUN DES CITOYENS NE SAIT PLUS COMMENT SURVIVRE. ET NOS ABRUTIS CORROMPUS ET INCOMPETENTS S,EN FOUTENT AU CARRE DE LEUR ABRUTISSEMENT. TOUS DES VAURIENS. IL FAUT QU,ILS DEGAGENT KELLON YE3NE KELLON.

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 00, le 12 décembre 2019

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