De nouvelles actions ciblées ont été organisées lundi matin par les protestataires à Beyrouth et dans plusieurs régions du pays, notamment devant les branches locales de la Banque du Liban (BDL), au 47e jour du mouvement de contestation contre le pouvoir, accusé d'incompétence et de corruption.
A Beyrouth, des contestataires, brandissant des panneaux et scandant les slogans traditionnels de la révolution, ont fait irruption dans la salle des pas perdus du Palais de Justice et exprimé leurs revendications, dont l'indépendance de la justice et l'ouverture des dossiers de corruption et de fraude fiscale. En fin de matinée, des protestataires se sont rassemblés devant le Palais pour protester contre les infractions sur les bien-fonds maritimes, notamment sur le littoral de Beyrouth.
Vers midi, quelques protestataires, dont certains portent des écharpes aux couleurs du drapeau libanais, se sont rassemblés devant le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL) pour dénoncer les mesures de contrôle de capitaux – transferts, retraits, conversions livres/dollars – que les banques ont récemment imposées et la responsabilité de ces dernières dans la situation économique du pays.
Devant le ministère de l'Energie, à Corniche el-Nahr, quelques protestataires ont organisé un sit-in pour dénoncer, selon eux, la corruption dans ce secteur. Selon la LBC, la ministre sortant de l'Energie Nada Boustani a demandé à rencontrer une délégation des manifestants mais ces derniers ont refusé.
Par ailleurs, plusieurs personnes, dont des avocats, se sont rassemblées devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité pour protester contre la convocation de quatre jeunes qui ont posté sur Facebook des messages condamnant l'agression de contestataires à Nabatiyé, au Liban-Sud. Un avocat présent sur place et cité par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) a dénoncé une justice de "deux poids deux mesures". Selon un avocat du Comité de défense des manifestants, interrogé sur la chaîne LBCI, ces jeunes ont été convoqués sur la base d'une plainte pour diffamation déposée par un individu qui aurait participé à l'agression de manifestants à Nabatiyé. Ils sont ressortis libres de leur interrogatoire.
Rassemblement devant le bureau de lutte conte la cybercriminalité à Beyrouth. Photo Ani
Ailleurs en région, plusieurs sits-in ont été organisés devant les branches locales de la Banque du Liban, notamment à Tyr, au Liban-Sud, où les forces de sécurité se sont déployées en grand nombre, ainsi qu'à Zahlé, dans la Békaa, où les protestataires ont tenté d'empêcher les employés de la BDL d'entrer dans leurs bureaux.
Sit-in devant la branche de la BDL à Tyr. Photo Ani
Par ailleurs, des protestataires ont forcé la fermeture de plusieurs branches locales d'administrations publiques dans l'Iqlim el-Kharroub. Ainsi, des manifestants se sont rassemblés devant la branche locale d'Electricité du Liban (EDL) à Mazboud. A Chhim, d'autres contestataires ont forcé la fermeture des branches de la compagnie publique de téléphone Ogero et de l'Office des eaux du Mont-Liban.
Des manifestants devant le bureau de l'Office des eaux à Chhim, dans le Chouf, le 2 décembre 2019. Photo Ani
A Tripoli, au Liban-Nord, l'une des places fortes de la contestation, des manifestants ont manifesté devant les branches locales d'EDL, de l'Office des Eaux et de la Centrale téléphonique.
Dans la matinée, des protestataires et des étudiants ont coupé les routes à hauteur du carrefour de Abdé et à Halba, dans le Akkar, au Liban-Nord. Ainsi, à Abdé, les manifestants ont interrompu la circulation en déposant des gravats sur la chaussée, paralysant le trafic vers Tripoli et la région de Minié, avant d'être totalement rouverte en fin de matinée.
A Halba, des élèves ont organisé une manifestation dans les rues de la localité pour protester contre la décision du ministre sortant de l'Education, Akram Chehayeb, de rattraper les cours pendant les jours de congé. Ils ont été rejoints par des contestataires protestant contre la crise économique et celle du dollar. Les manifestants ont fermé les branches locales de plusieurs administrations publiques dont Ogero, l'Office des Eaux, le ministère du Travail. Des bureaux de change ont également été contraints de fermer.
Des manifestants devant la branche d'Ogero à Halba. Photo Ani
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commentaires (2)
DEMONTER C,EST COMMENCER PAR LA TETE POUR ARRIVER A LA QUEUE SINON C,EST VAINE PEINE.
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 56, le 02 décembre 2019