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Liban - Manifestations

Tollé après l’arrestation à Hammana de trois mineurs qui avaient déchiré une banderole du CPL

Les adolescents ont été remis par la police municipale aux services de renseignements de l’armée, avant d’être libérés en pleine nuit.


La libération, au milieu de la nuit, des enfants arrêtés à Hammana pour avoir déchiré une banderole du CPL. Image tirée d'une vidéo.

Cinq adolescents, dont l’un âgé de douze ans et deux autres de 15 ans, ont été interpellés samedi soir à Hammana (caza de Baabda) et ont passé la moitié de la nuit au poste de police pour avoir déchiré une bannière accrochée devant la permanence du Courant patriotique libre dans la localité. Cette arrestation, qui a rendu furieux les parents des cinq garçons, a provoqué un tollé parmi la société civile ainsi que sur les réseaux sociaux.

Dans les faits, les jeunes, dont les plus âgés ont 18 et 19 ans, se promenaient dans la rue lorsqu’ils se sont lancé un défi, celui de décrocher la banderole. Selon des habitants de la région, ils auraient alors été repérés par un passant qui les a signalés à la municipalité de la localité. La police municipale les a alors arrêtés et les a livrés aux renseignements de l’armée qui les ont ensuite remis à la police judiciaire, laquelle les a transférés à son tour aux Forces de sécurité intérieure. C’est ainsi que les cinq garçons, dont un de nationalité syrienne, ont atterri au poste de police de Hammana où ils ont passé une partie de la nuit avant d’être libérés à 2h30 du matin. La police municipale de Hammana avait renforcé ses patrouilles après plusieurs incidents, dont l’incendie de la branche locale de la compagnie de téléphone Ogero et la tentative d’incendie du bureau du CPL la semaine dernière.



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Réaction « démesurée »
Contactée par L’Orient-Le Jour, Ghida Frangié, avocate, présidente de l’association Legal Agenda et membre du Comité des avocats pour la défense des manifestants qui s’est mobilisé dans cette affaire, a estimé que « la réaction des autorités face à cet incident était démesurée ». « Nous soulevons des interrogations concernant le fait que ces jeunes aient été remis à l’armée car il n’y a d’abord pas de crime militaire ni de crime tout court. Pourquoi des enfants ont-ils été emmenés par l’armée et est-ce que le fait de déchirer une bannière est un crime ? » lance-t-elle.

« Il aurait suffi que les jeunes soient remis durant la journée au poste de police sans passer par l’armée. Ils ont fini par être retenus une journée entière, trimballés d’un endroit à l’autre. Pourquoi le poste de police n’a-t-il pas pris leurs cartes d’identité et ne leur a pas demandé de revenir le lendemain? Pourquoi le procureur n’a-t-il pas ordonné au poste de police de leur demander de revenir le lendemain pour recueillir leurs témoignages ? » s’est encore demandé Me Frangié.

À noter que le comité d’avocats de Legal Agenda avait été contacté par les familles sur sa ligne d’urgence. Il s’était ensuite chargé de prévenir l’Union pour la protection de l’enfance au Liban (UPEL), démarche que le poste de police n’avait pas faite lui-même. Les avocats et l’UPEL se sont ensuite chargés de suivre le dossier avec les autorités judiciaires et la police. Une des avocates volontaires du collectif, Asma Reina el-Awar, s’est déplacée au poste de police à Hammana pour venir en aide aux jeunes interpellés.Sur les réseaux sociaux, certains internautes se sont dit indignés que des jeunes, qui plus est des mineurs, soient interpellés, alors que les personnes qui ont agressé les manifestants sur la voie express du Ring ainsi que dans le centre-ville de Beyrouth le 29 octobre dernier courent toujours. « Le régime qui détient des enfants doit tomber », a écrit un internaute. « Quand un enfant de 12 ans secoue le trône de l’État, on sait que cet État est corrompu », a dit un autre.

Dans un communiqué, le bureau du CPL de Baabda a condamné l’incident et affirmé qu’il avait « provoqué des tensions indésirables », insistant sur l’importance de la coexistence dans la Montagne.



(Lire aussi : La longue marche pour sauvegarder la vallée de Bisri)



Des familles furieuses
Zeina Mouannès, une avocate de la région qui s’est également rendue auprès des jeunes et de leurs familles, a pour sa part indiqué que « les familles étaient furieuses » samedi soir et qu’elles ont « fait pression pour que leurs enfants soient relâchés ». « Les jeunes étaient partis se promener, et voilà qu’on les a retrouvés au poste de police, a-t-elle indiqué à L’OLJ, tout en précisant qu’une des mères, visiblement sous le choc, a été prise de sanglots tout au long de la procédure.

« Les jeunes ont été traités avec respect, a-t-elle toutefois précisé. Ils ont répondu à des questions simples, en présence de leurs parents, et ont tous donné des versions concordantes. La municipalité aurait sans doute dû contacter les familles sur-le-champ. Je pense qu’elle n’a pas pensé que cette affaire prendrait une telle tournure «, a souligné Me Mouannès.

« C’était un comportement d’enfants, mais les parents devraient également faire attention à leurs enfants et ne pas les laisser seuls », a déclaré, pour sa part, Bachir Farhat, président de la municipalité de Hammana, interrogé par L’Orient-Le Jour. « On ne peut pas en vouloir aux enfants, ils voient l’ambiance qui prévaut dans le pays et essaient d’imiter tout cela. Mais leurs parents doivent être à leurs côtés », a-t-il ajouté. « Il y a un contact permanent de la municipalité avec les renseignements de l’armée, voilà pourquoi la police municipale a appelé l’armée », a-t-il ajouté.

D’après un décompte du comité des avocats de Legal Agenda, 300 personnes ont été arrêtées – dont 12 mineurs, relâchés sous 48 heures – depuis le début du mouvement inédit de contestation, le 17 octobre dernier, contre la classe dirigeante, accusée d’incompétence et de corruption. Onze personnes, dont deux mineurs, sont toujours derrière les barreaux, accusées d’avoir dégradé le Rest House de Tyr durant la première semaine de la contestation.


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Cinq adolescents, dont l’un âgé de douze ans et deux autres de 15 ans, ont été interpellés samedi soir à Hammana (caza de Baabda) et ont passé la moitié de la nuit au poste de police pour avoir déchiré une bannière accrochée devant la permanence du Courant patriotique libre dans la localité. Cette arrestation, qui a rendu furieux les parents des cinq garçons, a provoqué un tollé...

commentaires (4)

Oh la la. On a osé déchiré des banderoles du CPL? Mais je rêve. On est pas en Iran là. Alors les politiciens se permettent de nous insulter et de le président d’inviter les gens à l’exil et nous devons rester stoïques et exemplaires. Des adolescents sont arrêtés et gardés toute la nuit au poste pour avoir heurté la sensibilité du CPL? Qui donne des ordres aux forces de sécurité? Nous voulons une transparence complète sur ce sujet. Les deux poids deux mesures commencent à nous exaspérer. Les voyous d’hier soir n’ont pas était inquiétés alors qu’ils ont causés des dommages importants et des gamins sont vite interpelés. Ils sont fous ou quoi? Assez de manipulation ça va se retourner contre eux et c’est ce que souhaite HN ils lui facilitent la tâche. PAS D’INJUSTICE. Pas d’execution d’ordre à l’aveugle. Nous appelons les responsables à prendre toutes les mesures pour ne pas que cela n’arrive plus, car ils ne sont pas à leur premier faux jugement.

Sissi zayyat

17 h 02, le 25 novembre 2019

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Commentaires (4)

  • Oh la la. On a osé déchiré des banderoles du CPL? Mais je rêve. On est pas en Iran là. Alors les politiciens se permettent de nous insulter et de le président d’inviter les gens à l’exil et nous devons rester stoïques et exemplaires. Des adolescents sont arrêtés et gardés toute la nuit au poste pour avoir heurté la sensibilité du CPL? Qui donne des ordres aux forces de sécurité? Nous voulons une transparence complète sur ce sujet. Les deux poids deux mesures commencent à nous exaspérer. Les voyous d’hier soir n’ont pas était inquiétés alors qu’ils ont causés des dommages importants et des gamins sont vite interpelés. Ils sont fous ou quoi? Assez de manipulation ça va se retourner contre eux et c’est ce que souhaite HN ils lui facilitent la tâche. PAS D’INJUSTICE. Pas d’execution d’ordre à l’aveugle. Nous appelons les responsables à prendre toutes les mesures pour ne pas que cela n’arrive plus, car ils ne sont pas à leur premier faux jugement.

    Sissi zayyat

    17 h 02, le 25 novembre 2019

  • Des délinquants . C'est plutôt les parents qui auraient dûe être mis en prison .Faut savoir éduquer et respecter.

    aliosha

    11 h 49, le 25 novembre 2019

  • Une fois de plus que viennent faire là-dedans les services de renseignements de l'armée? Comme si abîmer un symbole du CPL était un crime de trahison! Dans un pays démocratique, on les aurait emmenés au poste de police et relâchés au bout d'une heure après un bon savon.

    Yves Prevost

    07 h 39, le 25 novembre 2019

  • LE CPL, COMME LE HEZBO ET AMAL, MELE AUX DRAPEAUX LIBANAIS DES PHOTOS DE AOUN ET DES BANDEROLLES CONTRAIREMENT AUX AUTRES ET DONNE UNE COULEUR PARTISANE A SES MANIFESTATIONS. DANGEREUX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 56, le 25 novembre 2019

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