Comme si la médiocrité des locdus de la politique ne suffisait pas, va falloir maintenant se coltiner les tracasseries des banquiers. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de banquier chicaneur sans client rapace. Scénario classique : en période d’opulence, le gestionnaire de portefeuille fait la danse du ventre en agitant ses bourses et ses taux d’intérêt historiques sous le nez du client. Palpitant des naseaux, celui-ci dépose à ses pieds le beurre, l’argent du beurre et la culotte de la crémière.
Mais les temps changent et l’État se retrouve aujourd’hui dans la dèche, le derrière à l’air et les poches en pendouille. Que les banques aient toujours servi de cache-sexe à la dette publique, qu’elles soient obligées de colmater le tonneau des danaïdes d’une administration gangrenée par les feignasses que la classe politique s’emploie à lui fourguer depuis plus d’un demi-siècle, ne semble pas donner des insomnies aux requins du pouvoir.
Le pognon du client tombé entre-temps dans l’escarcelle du système « travaille ». C’est-à-dire que le fric passe de main en main jusqu’au blocage final dans les coffres. En fait, la technique consiste à plumer l’oie en lui arrachant le moins de cris possible. Dès que le client renifle que le grigou a cadenassé sa tirelire, il est déjà trop tard. Ne lui reste plus qu’à aller bêler sa misère dans la rue pour tenter de récupérer sa cagnotte.
Face au cocu dont le flouze est inaccessible, le gouverneur de la Banque du Liban, lui, a mis au point un plan de communication très original : le billet vert est disponible… mais seulement en monnaie de singe. Il n’empêche, depuis quelque temps, le patron de la Mama des banques fait gaffe à ses miches depuis qu’il a étranglé les comptes bien tassés de quelques pileux crépus en délicatesse avec les circuits financiers normaux. Oh, le vilain crime de lèse-barbe !
Jusqu’à tout récemment encore, les banquiers juraient la main sur le coffre-fort que le système bancaire libanais est plus solide que jamais. D’ailleurs, comment aurions-nous hésité à confier notre argent à des établissements qui, au départ déjà, enchaînent leurs stylos à bille au comptoir… ?
Généralement, les gens sont pris en otage à la banque par des brigands. Désormais, faudra se faire à l’idée que les Libanais soient pris en otage par leur banquier. Et pour cause : chez nous, les brigands ne braquent pas les banques. Elles leur appartiennent parfois…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (7)
Le banquier est celui qui vous offre un parapluie en beau temps et qui vous le reprend en cas de mauvais temps, nous dit on . Sauf que cette fois-ci il n'a offert que du vent , mais n'a pas récolté la tempête .
FRIK-A-FRAK
17 h 20, le 22 novembre 2019