Après avoir affirmé dans un premier temps que le Liban envisageait de repousser le paiement des échéances des eurobonds (titres de dette émis par l’Etat en dollars), le ministre libanais sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, s'est rétracté quelques heures plus tard, samedi, en affirmant que le pays honorera ses engagements à temps, au moment où le pays est secoué pour le 24e jour consécutif par une révolte populaire inédite contre la classe politique.
"Il se peut que les échéances des eurobonds soient repoussées", avait dans un premier temps, déclaré laconiquement M. Hassan Khalil à la chaîne MTV, à l’issue d'une réunion tenue au palais de Baabda et consacrée à la crise de liquidités que traverse le secteur bancaire.
"Le Liban s'engage à rembourser les eurobonds aux dates prédéterminées, et cet engagement est confirmé", a-t-il ensuite affirmé à l'agence Reuters. Le ministre sortant a également annoncé que le Liban allait retarder la nouvelle émission d'eurobonds d'un montant de deux milliards de dollars et qui était prévue pour fin novembre.
Le Liban doit rembourser des eurobonds qui arrivent à maturité le 28 novembre, et doit également procéder ce mois-ci au paiement des coupons (les intérêts versés) aux détenteurs d’autres eurobonds.
"Une période de grâce de cinq jours existe pour le principal (les eurobonds arrivés à maturité) et cette période est de trente jours pour les coupons. Passés ces délais, le gouvernement sera en défaut de paiement", précise à L’Orient-Le Jour un expert du marché des eurobonds. Mais un retard de paiement, malgré la période de grâce, va affecter le marché secondaire et la confiance des investisseurs, car ces derniers savent pertinemment qu’un premier retard présage un défaut de paiement pour les futures échéances, poursuit l’expert. Un scénario plus qu’envisageable selon lui : "Le Liban arrivera à payer l’échéance de novembre, après il ne pourra plus être en mesure d’honorer les prochaines échéances. Les autorités n’auront d’autre choix que d’effectuer une restructuration de la dette".
(Lire aussi : Seules au front, les banques engagées dans une course contre la montre)
La Banque du Liban, qui a couvert les deux premières échéances d’eurobonds de l’année en cours, en puisant dans ses réserves en devises, est censée couvrir celle de novembre aussi.
Selon Moody's, la BDL n’a plus que 5 à 10 milliards de dollars de réserves de devises utilisables, une enveloppe qui sera probablement utilisée pour régler le financement du service de la dette en devises entre 2019 et 2020, lequel s’élève à 6,5 milliards de dollars en comptant les 1,5 milliard de dollars d’eurobonds qui arrivent à maturité le 28 novembre. Selon les derniers chiffres disponibles, les réserves totales en devises de la BDL s’élevaient à 37,9 milliards de dollars, qui ont baissé de 12,1 % par rapport à la même période un an plus tôt. L'agence de notation a dégradé mardi la notation souveraine du Liban de "Caa1" à "Caa2", tout en renouvelant la période de mise sous surveillance du pays. C’est la deuxième fois cette année que Moody’s dégrade la note du pays, après un premier abaissement en janvier. Elle a justifié sa décision en invoquant la possibilité "accrue" que le pays procède à un "rééchelonnement de la dette ou toute autre opération de gestion de passif qui constitue un défaut", selon sa définition.
Une série de mesures concernant le secteur bancaire libanais ont été prévues samedi à l'issue d'une réunion au palais de Baabda entre le président de la République, Michel Aoun, et plusieurs acteurs de ce secteur, alors que les banques sont sous forte tension.
La dette du Liban a atteint 86 milliards de dollars cette année, soit environ 150 % du PIB, et les banques font face à une importante crise de confiance depuis la fin de l’été. Le mouvement de contestation, qui a débuté le 17 octobre, a mobilisé des centaines de milliers de Libanais toutes communautés confondues et a réussi à pousser le cabinet de Saad Hariri à démissionner. La formation d’un nouveau gouvernement se fait attendre.
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LA BLAGUE DE CE DIMANCHE, CE MONSIEUR ALI HASSAN KHALIL, DEMANDE L'ACCÉLÉRATION DE LA FORMATION D'UN GOUVERNEMENT QUI POURRA REGAGNER LA CONFIANCE DES LIBANAIS ! HIHIHIIIIIII
16 h 36, le 10 novembre 2019