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Culture - L’artiste de la semaine

Zayn Alexander, loin mais si proche du Liban

Après le Festival international du film de Venise 2019 qui lui a donné l’occasion de présenter son court-métrage « Manara », le jeune cinéaste est sélectionné pour le Tanit aux Journées cinématographiques de Carthage. Passionné de cinéma, il a fait, avec le temps, de cette plateforme artistique son aire de liberté.

Zayn Alexander, un cinéaste pressé. Photo DR

Natif du Liban-Sud, Zayn Alexander quitte son pays en 2010 pour s’installer aux États-Unis. Il commence par s’orienter vers des études de psychologie à l’Université de Columbia. Mais après avoir obtenu son master, l’étudiant est titillé par le 7e art. Déjà, à l’université, à ses heures perdues, il s’initie au cinéma et tient des rôles dans des films auxquels il participe avec plaisir. Comme en 2012 avec The Defector de Lit Kilpatrick ou en 2018 dans Like Salt de Darine Hotait.

Rapidement, il se fait totalement happer par le cinéma. Mais il n’abandonne pas tous les acquis des cours de psychologie, dont il se servira comme support à ses scénarios. Ainsi, dans Abroad, le premier court-métrage qu’il réalise et où il joue également et qui a fait sa première au festival du film international de Santa Barbara, il évoque les problèmes de jeune émigré qui l’obsèdent et le hantent. « Lorsque j’ai commencé à m’orienter vers le cinéma, j’étais à mille lieues de croire que je ferais du cinéma “libanais”. Et pourtant me voilà devenu le témoin de cette vérité, enfouie en moi et qui porte quand même mon identité. » Après Abroad qui évoque donc la vie des émigrés, et qu’il a écrit avec la jeune artiste pluridisciplinaire Pascale Seigneurie, il réitère l’expérience et signera, avec elle, Manara, où la co-auteure partage avec lui l’affiche. « Pascale et moi avons travaillé sur le premier court-métrage Abroad et quand je l’ai retrouvée au Liban, je lui ai proposé de m’accompagner sur ce nouveau projet, poursuit-il. J’ai toujours été intrigué par le noyau familial, surtout au Liban, et plus particulièrement dans une société comme celle du Liban-Sud où les rapports entre les membres d’une famille m’ont souvent semblé faux. La société libanaise, bien que libérale en apparence, est bourrée de tabous, de non-dits, de préjugés qui souvent cassent l’individu. »

Manara lui éclaire la route

« Mon cinéma est une plateforme d’ouverture, d’expression libre, une aire où je m’oxygène et je souffle, dit Alexander, 30 ans. Où tout dialogue est permis et où les masques tombent. » Son film Manara, qui signifie (est-ce prémonitoire ?) « phare », porte sur ce thème-là et parle de l’éclatement d’une cellule familiale à la suite de la mort du père qui ouvre le tiroir de tous les secrets.

« On se permet de se jeter toutes les vérités à la face au sein d’une famille parce que l’on croit que tout est acquis et que l’on peut tout se dire alors que l’on joue le jeu des apparences au sein de la société. » Le jeune cinéaste trouve dans son cursus de psychologie le terreau nécessaire pour construire la structure de son court-métrage et sonder l’intérieur de ses personnages, mais aussi dans des faits divers dont il a entendu parler au Liban et qui sont restés tabous et tus. « Mes films sont “homemade” », dit-il. « Ainsi, ma tante Hala Basma Safieddine y joue aussi le rôle principal car j’aime me sentir en famille dans un film. Je sens que ma voix porte plus loin ainsi », ajoute le jeune réalisateur.

Loin du Liban, Zayn Alexander a suivi les événements douloureux qui s’y jouent de près. Comme toute personne qui a été obligée de quitter son pays, « parce que je n’y voyais pas d’avenir pour nous les jeunes », il a une blessure béante au cœur. Difficilement cicatrisable. Mais aujourd’hui, alors que le Liban est le théâtre d’une mobilisation massive, il se dit très confiant car pour la première fois, les jeunes Libanais et Libanaises ont réussi à casser toutes les barrières, toutes sans exception, du confessionnalisme au clientélisme, pour enfin clamer leur liberté et leur dignité de citoyen. « C’est un mouvement issu du peuple seul et qui, dans une unité nationale sans précédent, a pu rejeter un système pourri qui a forcé un jour tous ces jeunes, entre autres moi-même, à quitter le pays. Pour la première fois, je suis optimiste. Je vois une lumière au bout de ce tunnel d’obscurantisme. Ce sera bien sûr long car l’histoire nous apprend que les révolutions n’opèrent pas un changement radical du jour au lendemain. Mais il n’y aura certainement pas de retour en arrière. »

7 août 1989

Naissance à Saïda (Liban-Sud).

2002

Sa tante, l’actrice principale de son film « Manara », lui offre sa première caméra, une VHS Camcorder.

Un cadeau prémonitoire.

2007

Études secondaires au pays.

2010

Départ du Liban.

Novembre 2012

Premiers cours d’actorat à New York.

Juillet 2017

Réalisation de son premier court métrage « Abroad ». Un film personnel où il raconte son expérience d’émigré et d’acteur arabe aux États-Unis.

4 septembre 2019

Il présente son second court-métrage « Manara » dans le cadre de Venice Days à la 76e édition de la Mostra de Venise. Une date considérée comme un tournant dans sa carrière.




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