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Liban - Manifestations

Pourquoi les chaînes de télévision ont-elles arrêté de couvrir en direct les protestations ?

Aucune pression n’a été exercée, assurent les chaînes MTV, LBCI et al-Jadeed.

Une manifestante au niveau du pont du Ring, mardi 29 octobre. Photo René Mawad

Depuis jeudi, les chaînes de télévision locale, qui avaient jusque-là assuré une couverture marathon en direct des protestations populaires qui ont éclaté le 17 octobre, ont recommencé à diffuser leurs programmes normaux. Or, mercredi dernier, des rumeurs avaient circulé sur les réseaux sociaux sur une demande adressée par la présidence de la République aux chaînes présentes sur le terrain pour qu’elles mettent un terme à leur couverture des manifestations.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Georges Eid, directeur des opérations à la MTV, assure que ces « rumeurs sont sans fondement ». « Lors des premiers jours du mouvement, nous avons couvert les manifestations 24 heures sur 24. Nous avons ensuite travaillé tous les jours de 6h du matin à minuit. Un rythme de travail qui pèse beaucoup sur les équipes, explique M. Eid. Certes, lorsque les protestations se sont calmées, nous avons décidé de déployer moins de personnes sur le terrain. Mais nous continuons bien sûr de couvrir les contestations dans le journal télévisé et nous nous adaptons aux changements de situation sur le terrain », ajoute-t-il. Georges Eid rappelle par ailleurs que les chaînes de télévision doivent au final respecter des impératifs liés à la publicité, afin d’assurer leur viabilité.

M. Eid rapporte également un fait marquant : pendant les deux semaines de mobilisation massive, les politiciens ont observé un silence radio... « Les hommes politiques ont complètement disparu pendant 14 jours. Aucun d’eux n’a essayé d’entrer en contact avec nous pour s’exprimer. C’est du jamais-vu ! » lance-t-il.


(Lire aussi : Paniers percésl'édito de Issa GORAIEB)



Des journalistes « épuisés »

Jean Féghali, rédacteur en chef à la LBCI, assure lui aussi à L’OLJ que la chaîne a pu travailler en toute liberté. « Nous étions totalement mobilisés durant les deux premières semaines du mouvement de contestation que nous avons couvert sans interruption. Mais les manifestations ont moins d’ampleur maintenant, ce qui explique qu’il y ait moins de couverture. Nous n’allons pas mobiliser une caméra ou des journalistes dans la rue en attendant qu’il se passe quelque chose, explique M. Feghali. Nous continuons à couvrir bien entendu, en fonction des développements qui pourraient survenir. » La LBCI a même consacré un reportage, cette semaine, aux différentes rumeurs dont les médias ont été victimes durant les manifestations.

Même son de cloche du côté de la chaîne al-Jadeed, qui a couvert l’ensemble des manifestations, à l’exception du saccage du centre-ville, mardi dernier, après avoir été empêchée de filmer par des sympathisants du tandem chiite Hezbollah-Amal, qui avaient attaqué les protestataires. « Les journalistes étaient libres lors de la couverture et aucune pression n’a été exercée sur nous. Sauf mardi dernier, lorsque les sympathisants du Hezbollah et d’Amal ont brûlé les tentes des manifestants à Riad el-Solh et place des Martyrs. Ils nous ont interdit de filmer », indique un responsable au sein d’al-Jadeed ayant requis l’anonymat.


(Lire aussi : Place des martyrs, un soutien moral et social assuré aux protestataires)



« Le rythme s’est ralenti ces derniers jours pour plusieurs raisons. D’abord, les manifestations se sont calmées. Ensuite, nos journalistes sont épuisés. Nous avons donc continué à couvrir uniquement dans les grandes villes, parce que nous n’avons pas de grandes équipes et pas assez de matériel », poursuit le responsable.

« Au bout d’un moment, les téléspectateurs ont commencé à nous contacter pour nous dire qu’ils n’en pouvaient plus, qu’ils étaient asphyxiés par la couverture des manifestations en continu. Ils demandaient que nous recommencions à diffuser des feuilletons, ajoute-t-il. En ce moment, nous gardons une présence à Beyrouth, au niveau du pont du Ring, de la place des Martyrs et de Riad el-Solh, à Saïda et à Tripoli, et continuons de suivre les derniers développements. »

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commentaires (5)

Merci sûrement aux chaines qui ont couvert en direct le reveil patriotique du peuple. Ça coûte cher surtout quand on n'est pas payer complètement par des supporters sur lesquels on est dependant corps et âmes du petits dejeuners jusqu'aux cahiers d'école et bien sûr l'intelligence des fusées! Merci aux chaines médiatiques et mabrouk au Libanais.

Wlek Sanferlou

16 h 22, le 02 novembre 2019

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Commentaires (5)

  • Merci sûrement aux chaines qui ont couvert en direct le reveil patriotique du peuple. Ça coûte cher surtout quand on n'est pas payer complètement par des supporters sur lesquels on est dependant corps et âmes du petits dejeuners jusqu'aux cahiers d'école et bien sûr l'intelligence des fusées! Merci aux chaines médiatiques et mabrouk au Libanais.

    Wlek Sanferlou

    16 h 22, le 02 novembre 2019

  • Ça coute cher de couvrir des événements, on le dit bien dans cet article, donc les financiers ont dû crever leur budget. Plus de sous pour continuer.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 30, le 02 novembre 2019

  • Ce qui est curieux c’est que les médias étrangers en aient à peine parlé, et CNN quasiment pas du tout...

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 03, le 02 novembre 2019

  • C,EST QU,ETANT DANS L,EXPECTATIVE LES PLACES SONT DEGONFLEES POUR LE MOMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 26, le 02 novembre 2019

  • Merci à MTV et LBCI d’avoir couvert ces manifestations. Cela a permis aux libanais de la diaspora de vivre ces évènements cruciaux de l’histoire du Liban, même à distance! Un grand merci à ces journalistes sur le terrain, cela n’a pas dû être facile pour eux, mais pour nous, c’était très apprécié.

    Abdul-Massih Nicole

    04 h 58, le 02 novembre 2019

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