Soumis à une pression intense de la rue, depuis le 17 octobre, pour démissionner, le chef du gouvernement Saad Hariri doit aussi composer avec le Hezbollah, qui souhaite le voir rester en place, estime-t-on de sources concordantes. Alors que la contestation dans la rue entre dans son douzième jour, l’idée d’un remaniement gouvernemental, qui aurait permis d’écarter les figures les plus contestées du gouvernement, dans un geste à l’égard des manifestants mobilisés en masse depuis onze jours à travers tout le pays, semble exclue, selon plusieurs sources politiques.
D’après ces sources, les tractations entre le Premier ministre et Baabda au sujet d’un tel remaniement auraient abouti à une impasse : le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil aurait purement et simplement refusé de sortir du gouvernement, affirmant qu’il « ne partirait qu’avec Saad Hariri », soit en conséquence d’une démission du cabinet. Le remaniement, rendu nécessaire par la démission des quatre ministres des Forces libanaises, devait permettre d’écarter, outre M. Bassil, des ministres contestés comme Mohammad Choucair (Télécoms, Futur), Fady Jreissati (Environnement, CPL) ou Ali Hassan Khalil (Finances, Amal).
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Le chef du gouvernement écoutera-t-il par conséquent la voix des manifestants qui l’appellent à démissionner, pour qu’un gouvernement d’experts soit formé et chargé d’assurer la transition vers des législatives anticipées ? Hier, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a appelé dans un tweet à « la formation d’un nouveau gouvernement, loin des courants politiques et des partis ».
Mais une « démission intempestive » du Premier ministre, qui interviendrait avant de trouver une solution pour combler le vide, « c’est la guerre civile », estime un analyste politique, soulignant que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a clairement affirmé qu’il était contre une démission du cabinet.
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Interrogée par L’Orient-Le Jour, une source proche du Hezbollah confirme que le parti « n’accepte absolument pas une démission, qui n’est pas dans l’intérêt du pays ». C’est pourquoi Saad Hariri, qui « étudie toutes les options et cherche une issue politique, joue un jeu très serré », affirme l’analyste. Il explique que le Premier ministre « fait attention à ne pas provoquer une réaction incontrôlée » du Hezbollah, dont les hommes avaient pris le 7 mai 2008 Beyrouth-Ouest « pour un simple conflit au sujet d’un officier » en charge de l’aéroport et des télécoms. Aujourd’hui, le parti est dans une situation autrement plus difficile, surtout qu’une partie de sa rue « a commencé à se soulever contre lui », comme le montrent les manifestations qui se poursuivent dans les zones sous son contrôle dans le Sud et la Békaa, ajoute cette source. Dans ce contexte, « c’est l’impasse totale », résume-t-elle.
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LE MALHEUR MEME S,IL Y A DEMISSION ET FORMATION DE NOUVEAU GOUVERNEMENT CE SONT LES MARCHANDAGES QUI VONT REPRENDRE AU NOM DU CONSENSUS. DE CHARYBDE EN SCYLLA ET DE SCYLLA EN CHARYBDE ! COMME J,AVAIS DIT AU DEBUT DE CETTE REVOLTE, DANS LE CONTEXTE SURTOUT ACTUEL DU PAYS, MALHEUREUSEMENT AUCUNE REVOLTE NE PEUT SE FAIRE AU LIBAN. C,EST LA MALEDICTION QUI PESE SUR LE PAYS.
LA LIBRE EXPRESSION
20 h 42, le 28 octobre 2019