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Nos Lecteurs ont la Parole - par Pr Pascal MONIN

Le sursaut national

C’est historique ce qui se passe, quel que soit notre point de vue politique. Il faut toujours prendre en compte tous les avis... avec respect et ouverture d’esprit. D’autre part, il faut commencer à faire des propositions constructives. On ne peut bâtir l’avenir ni en ressassant le passé ni uniquement en dénonçant la classe politique.

Taper sur les dirigeants seulement ne suffira pas à reconstruire nos institutions, ni même le régime politique, ni notre contrat social.

C’est encore plus inutile, et contre-productif, de dénoncer le régime sans avancer des propositions et solutions constructives.

Ce que nous vivons est bien plus important : nous avons essentiellement un problème de confiance, un problème profond dans ce cadre. Nous avons perdu toute confiance en notre classe politique, qui ne fait que se succéder, à elle-même, depuis 30 ans et qui est responsable de cette situation. Certes, à des degrés différents, mais tous ceux qui ont exercé le pouvoir en sont responsables et doivent rendre des comptes.

Sans une justice indépendante et irréprochable, point de salut. La lutte contre la corruption doit commencer par là. C’est le temps également de trouver le moyen de récupérer une partie (au moins ce qui est encore possible) des richesses nationales volées, spoliées et détournées.

Un électrochoc positif à ce niveau à adresser aux jeunes et à l’opinion publique s’impose. Poursuivre également en justice les corrompus. Ce ne sera pas mettre en cause leurs communautés, mais au contraire, protéger tous les citoyens et leur rendre ce qui leur appartient.

Changer les têtes. S’ouvrir à la société civile. Aller même jusqu’à la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale irréprochable.Faire participer les jeunes et les experts...

Il est grand temps de donner la chance à nos diplômés et à notre jeunesse pour réaliser leurs rêves ici, au Liban, au lieu d’émigrer et de faire profiter les autres pays de leur savoir-faire, de leurs compétences et de leurs formations. Sortir du système confessionnel et clientéliste qui bloque toute évolution de la société et aller vers un réel État de droit, un État civil. En d’autres termes, rebâtir la confiance pas à pas.

C’est notre dernière chance aujourd’hui de réaliser ce sursaut national. Chacun de nous, chaque citoyen à son niveau doit participer à cette bataille salvatrice. Un espoir est né dans ce qui se passe aujourd’hui.

La décentralisation du mouvement dans toutes les régions, aux quatre coins du Liban, et la participation de toutes les communautés libanaises sont remarquables. D’ailleurs la faim, le chômage, les difficultés des fins de mois, les dépenses de santé, l’émigration et la fin de la vie dans la misère touchent autant une confession qu’une autre, une région qu’une autre, un citoyen qu’un autre.

Sans réformes radicales, sans une politique de lutte contre la corruption impitoyable et un changement drastique des comportements et du personnel politiques, la série de réformes économiques, quoique ambitieuses, annoncées à l’issue du Conseil des ministres ne réussira probablement pas à satisfaire les manifestants et l’opinion publique. Comment le pourrait-elle, alors qu’elle doit être exécutée par la même équipe, déjà en place depuis des années pour la plupart et en qui les manifestants mobilisés n’ont plus aucune confiance ?

Le ras-le-bol est général. Sachons en tirer le meilleur et ne nous laissons pas récupérer par les « vautours » toujours prêts à confisquer et à détourner ce formidable mouvement. Dans le passé, de nombreux mouvements et révoltes furent confisqués et détournés de leurs objectifs premiers par ces mêmes forces politiques qui doivent, avec d’autres, rendre des comptes aujourd’hui.

Ne laissons pas aujourd’hui cet élan et ce sursaut national sans réalisations, sans réformes et sans changements. Ne laissons pas partir en fumée les sacrifices des citoyens, aujourd’hui si nombreux à s’exprimer et à se faire entendre. Il est temps ! Que Dieu protège notre pays.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

C’est historique ce qui se passe, quel que soit notre point de vue politique. Il faut toujours prendre en compte tous les avis... avec respect et ouverture d’esprit. D’autre part, il faut commencer à faire des propositions constructives. On ne peut bâtir l’avenir ni en ressassant le passé ni uniquement en dénonçant la classe politique.Taper sur les dirigeants seulement ne suffira pas...

commentaires (2)

LE MANQUE DE TRAVAIL, LA FAIM ET L,INCERTITUDE DU FUTUR SONT LES GRANDS MOTEURS DE TOUTE REVOLTE.

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 51, le 22 octobre 2019

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Commentaires (2)

  • LE MANQUE DE TRAVAIL, LA FAIM ET L,INCERTITUDE DU FUTUR SONT LES GRANDS MOTEURS DE TOUTE REVOLTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 51, le 22 octobre 2019

  • Je salue le discours unanime ce matin dans la presse. Je vous cite : ""Changer les têtes. S’ouvrir à la société civile. Aller même jusqu’à la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale irréprochable. Faire participer les jeunes et les experts..."" Et ailleurs dans : ""Le Monde"" de ce matin : ""Jamais la confiscation du pouvoir, depuis la fin de la guerre civile, en 1990, par la même clique d’anciens chefs miliciens reconvertis en notables affairistes, n’a paru aussi indécente."" Absolument, il fait changer les têtes, surtout de ces chefs de formations qui sapent la confiance des Libanais. Non, il ne faut pas avoir la vocation d’un Robespierre pour couper les têtes et jeter les troncs en haute mer, pour nourrir les poissons, ça non. Par contre, changer les têtes, oui bien sûr. Jamais la confiance ne s’établira avec la vieille méthode : ""on reprend les mêmes et on recommence"". C’est un pas de géant que les Libanais sont en train de faire, et que ce soit clair, on ne fait plus de la politique comme on fait du business, marchandage, alliance électorale, sans tenir compte des revendications des Libanais, du magnifique peuple libanais comme chacun le sait… C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    01 h 59, le 22 octobre 2019

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