Antonió Guterres a exprimé sa « préoccupation » face à « l’implication continue du Hezbollah dans le conflit en Syrie et dans la région ». Photo d’archives L’Orient-Le Jour
Le secrétaire général de l’ONU, Antonió Guterres, a exprimé une nouvelle fois son inquiétude face à la capacité militaire du Hezbollah et à son implication dans les conflits régionaux. Dans ce contexte, il s’est attardé sur le dernier discours du chef de la formation chiite, Hassan Nasrallah, qui avait affirmé que son parti ne restera pas les bras croisés si jamais l’Iran est attaqué, le jugeant particulièrement préoccupant.
« Depuis l’adoption de la résolution 1559 (2004) par le Conseil de sécurité, sa mise en œuvre n’a guère progressé. Un certain nombre de dispositions, notamment en ce qui concerne l’existence et les activités des milices libanaises et non libanaises, sont en suspens. Le fait que le Hezbollah et d’autres groupes aient décidé de conserver des armes et que le Hezbollah ait accru son arsenal compromettent sérieusement la capacité de l’État d’exercer pleinement sa souveraineté et son autorité sur son territoire », souligne le secrétaire général de l’ONU dans son trentième rapport semestriel au Conseil de sécurité sur l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité.
Ce rapport, qui évalue la mise en œuvre de la résolution du 25 avril 2019 jusqu’au 30 septembre 2019, fera l’objet aujourd’hui de consultations à huis clos du Conseil de sécurité en présence de la secrétaire générale adjointe aux Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, qui vient de rentrer d’une visite au Liban et dans la région.
M. Guterres affirme qu’il « reste gravement préoccupé » par les incidents survenus à Beyrouth le 25 août et le 1er septembre de l’autre côté de la ligne bleue « entre le Hezbollah et Israël », en allusion à l’affaire des drones israéliens au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth et au pilonnage hezbollahi d’une position israélienne. Ces deux incidents démontrent, selon lui, « la nécessité de progresser dans le traitement de certaines des dispositions de ladite résolution, à savoir le désarmement et le démantèlement des milices libanaises et non libanaises et le strict respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban ». Il appelle l’État libanais à « redoubler d’efforts pour obtenir le monopole des armes et du recours à la force sur tout son territoire », et « exhorte le gouvernement et l’armée à prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire au Hezbollah et à d’autres groupes armés d’acquérir des armes et de se doter de capacités paramilitaires en dehors de l’autorité de l’État ». Et pour éviter toute escalade dans un contexte régional tendu, M. Guterres appelle à la fois Israël et le Hezbollah à faire preuve de retenue.
(Pour mémoire : Guterres réclame à nouveau un désarmement du Hezbollah)
Implication dans les conflits régionaux
Dans le même ordre d’idées, le chef de l’ONU exprime sa « préoccupation » face à « l’implication continue du Hezbollah dans le conflit en Syrie et dans la région ». Pour lui, il s’agit non seulement d’une « violation de la politique de distanciation et des principes de la déclaration de Baabda », mais l’immixtion du parti de Dieu dans les crises régionales « risque également d’entraîner le Liban dans les conflits régionaux et d’ébranler la stabilité du Liban et de la région ». « Le discours du 12 juillet du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, suggérant qu’une guerre contre l’Iran déboucherait sur une guerre régionale, suscite de vives inquiétudes », souligne-t-il.
Dans la perspective d’une consolidation de la souveraineté libanaise, Antonió Guterres plaide pour la délimitation et la démarcation des frontières du Liban avec la Syrie. « Bien que la délimitation des frontières soit une question bilatérale, les progrès sur la question restent une obligation pour le Liban et la Syrie, conformément à la résolution 1680 », commente-t-il.
Le chef de l’ONU évoque aussi « l’occupation israélienne de la partie nord du village de Ghajar et une zone adjacente au nord de la ligne bleue ». Il constate que la question de la région des fermes de Chebaa n’a pas progressé, avant de « condamner toutes les violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban et d’appeler Israël à mettre immédiatement fin à son survol de l’espace aérien libanais ».
Se basant sur ces observations, et « pour éviter le spectre d’une nouvelle confrontation, tout en renforçant les institutions de l’État », le secrétaire général de l’ONU juge « indispensable de procéder à la tenue d’un dialogue national sur l’élaboration d’une stratégie de défense nationale dans le cadre d’un processus dirigé par le Liban conformément aux obligations internationales du pays ». M. Guterres « réitère les encouragements adressés au président Michel Aoun pour qu’il lance un dialogue renouvelé sur une stratégie de défense nationale et aux dirigeants politiques pour le soutenir dans cette entreprise ».
Dans son rapport, le chef de l’ONU salue par ailleurs « les mesures prises par les dirigeants libanais pour s’attaquer aux problèmes économiques urgents » et estime que « le même sentiment d’unité devrait guider la préparation et la conclusion rapide d’un accord sur le budget 2020, conformément au calendrier constitutionnel ». Il les exhorte à maintenir cet « esprit d’unité et d’urgence dans la mise en œuvre des réformes fiscales, structurelles et sectorielles cruciales », et réitère ses appels aux donateurs pour qu’ils soutiennent les institutions de l’État libanais.
Pour mémoire
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19 h 14, le 18 octobre 2019