Rechercher
Rechercher

Liban - Budget 2020

Face aux obstacles, Hariri met les bouchées doubles...

Après son entretien avec Nabih Berry, le Premier ministre se réunit avec Gebran Bassil.

Saad Hariri s’entretenant avec Gebran Bassil, hier au Sérail. Photo Dalati et Nohra

Tout prêtait à croire que le Premier ministre, Saad Hariri, gagnerait son pari et que le gouvernement soumettrait le projet de budget 2020 au Parlement dans les délais, le 22 octobre. Sauf que, subitement, l’atmosphère s’est électrisée lundi lors du Conseil des ministres qui devait finaliser la nouvelle loi de finances, poussant M. Hariri à multiplier les efforts pour redynamiser son partenariat avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, tenter de lever les obstacles et gagner encore ce pari.

Le Conseil des ministres a poursuivi hier ses débats autour du nouveau projet de budget lors d’une séance tenue au Sérail, au cours de laquelle l’atmosphère était « excellente », selon le ministre des Télécoms Mohammad Choucair. Tout le contraire de celle de lundi, qui s’était tenue dans une atmosphère tendue, notamment entre le chef du CPL et les ministres du Parti socialiste progressiste, avec, en toile de fond, l’escalade verbale de M. Bassil. Ce dernier avait annoncé la veille dans un discours son intention de se rendre en Syrie, suscitant ainsi l’ire de ses collègues joumblattistes, dans la mesure où il s’agit d’une grave entorse à la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes régionaux, respectée par le gouvernement Hariri. D’ailleurs, le ministre de l’Industrie, Waël Bou Faour, a critiqué le leader du CPL sans mâcher ses mots et s’est livré à une violente diatribe contre le tandem Baabda-CPL lors d’une manifestation organisée par le PSP, place des Martyrs, ce jour-là. Le Conseil des ministres de lundi a en outre été envenimé par le désaccord entre M. Hariri, d’une part, et les ministres du CPL et des Forces libanaises, de l’autre, autour d’une éventuelle majoration de la TVA dans le cadre du budget 2020. D’après des sources politiques, certains ministres se sont rétractés au cours de la réunion après avoir accepté la majoration. Contactée par L’Orient-Le Jour, une source proche du Premier ministre confie que ce dernier a clairement fait savoir aux membres de son équipe que si le processus d’adoption du budget était encore entravé par les querelles relevant de la politique politicienne, il n’y avait aucun intérêt à ce que le Conseil des ministres se réunisse. Et d’insister une fois de plus sur l’importance d’adopter les réformes que devrait inclure la nouvelle loi de finances, un point qui, en principe, fait l’unanimité des composantes du gouvernement.

C’est donc dans le but de relancer l’activité du cabinet dans une atmosphère calme afin de lui permettre de soumettre le budget au Parlement dans les délais que le Premier ministre s’est entretenu avec le président de la Chambre, Nabih Berry, mardi à Aïn el-Tiné. Selon la source proche du Premier ministre, ce dernier a réitéré sa détermination à faire adopter le nouveau budget dans les délais. Le Premier ministre a également assuré qu’en dépit de toutes les querelles politiques, il ne fallait pas mettre des bâtons dans les roues du cabinet.

C’est dans le même cadre qu’il faut placer l’entretien, hier au Sérail, entre Saad Hariri et son partenaire Gebran Bassil. Mais les proches du chef de la diplomatie ne perçoivent pas les choses sous cet angle. Il s’agit, selon eux, d’une « réunion tout à fait ordinaire » entre le Premier ministre et le chef d’un des plus grands groupes parlementaires et ministériels. Assurant que les rapports entre les deux hommes sont « plus que bons », une source proche de M. Bassil souligne à L’OLJ que l’entretien d’hier s’est tenu dans une atmosphère positive et que MM. Hariri et Bassil ont évoqué « tous les sujets d’actualité ». Mais la source n’a pas voulu confirmer une éventuelle entente entre les deux partenaires autour de nouvelles nominations, celles-ci se faisant toujours attendre en l’absence d’un accord politique élargi.


(Lire aussi : Le FMI rappelle aux dirigeants libanais que le budget 2020 doit être voté dans les délais)


Berry revient à la charge

Parallèlement aux efforts de Saad Hariri, Nabih Berry poursuit son forcing dans le sens de l’adoption d’un budget dans les plus brefs délais. Six jours après son dernier entretien avec le chef de l’État, Michel Aoun, le président de la Chambre a plaidé pour la tenue d’une réunion de la commission d’urgence formée lors du dialogue économique de Baabda, le 2 septembre dernier. « Si le budget n’arrivait pas au Parlement d’ici à lundi, il serait impératif que le comité d’urgence se réunisse à Baabda sous la présidence du chef de l’État », a déclaré Nabih Berry lors des audiences du mercredi à Aïn el-Tiné. Et de rappeler que, lors du dialogue de Baabda, tous les protagonistes se sont entendus sur 22 réformes, dont celle de l’électricité (…). Se disant « étonné » de constater que ce point continue de faire l’objet de tractations, il a appelé à ce que la question soit tranchée dans les « deux prochains jours », c’est-à-dire lors des séances ministérielles prévues aujourd’hui et demain. « Sinon, on devrait recourir au vote », a encore dit M. Berry.

À son tour, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a plaidé pour l’adoption des réformes, manifestant son soutien au chef du gouvernement en dépit de toutes leurs divergences, notamment au sujet des relations libano-syriennes. « Le PSP déploiera des efforts pour soutenir le Premier ministre afin de faire adopter le budget en dépit de certaines failles et de la polémique au sujet du régime syrien à propos duquel le parti prendra une position claire », a écrit le leader druze sur son compte Twitter.

Siniora, Mikati et Salam

Entre-temps, et comme à chaque impasse politique dans laquelle il se trouve dans le collimateur de ses adversaires, mais aussi de ses partenaires, Saad Hariri a, une fois de plus, bénéficié de l’appui de trois de ses prédécesseurs, en l’occurrence Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam. À l’issue de leur réunion hier, les trois anciens chefs de gouvernement ont réagi à la dernière escalade verbale de Gebran Bassil et sa volonté de se rendre à Damas. » Les intérêts de l’État ne devraient aucunement être gérés via des surenchères. Et un responsable ne devrait pas opter pour l’incitation (aux dissensions), alors qu’il fait partie intégrante de l’État », souligne le communiqué. « Un ministre et chef d’un parti politique ne devrait pas inciter le président de la République à revenir sur son serment de protéger la Constitution », ont encore martelé MM. Siniora, Mikati et Salam. Et d’insister sur l’importance de préserver les relations arabes et internationales du Liban, « loin des décisions unilatérales et des actes et déclarations populistes et confessionnelles ».



Pour mémoire

Les « mesures drastiques » au centre des discussions sur le budget 2020

Budget 2020 : retour sur la feuille de route des Forces libanaises

Ce que propose Gebran Bassil pour le budget 2020

Budget 2020 : ce que propose Ali Hassan Khalil

Tout prêtait à croire que le Premier ministre, Saad Hariri, gagnerait son pari et que le gouvernement soumettrait le projet de budget 2020 au Parlement dans les délais, le 22 octobre. Sauf que, subitement, l’atmosphère s’est électrisée lundi lors du Conseil des ministres qui devait finaliser la nouvelle loi de finances, poussant M. Hariri à multiplier les efforts pour redynamiser son...

commentaires (5)

Les bouchées doubles ? Il serait temps Mais a t il l'autorisation de Bassil? Le gouverneur Aoun a t il donné son accord? Le Président HN est il également d'accord des mots, que des mots

FAKHOURI

19 h 24, le 17 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Les bouchées doubles ? Il serait temps Mais a t il l'autorisation de Bassil? Le gouverneur Aoun a t il donné son accord? Le Président HN est il également d'accord des mots, que des mots

    FAKHOURI

    19 h 24, le 17 octobre 2019

  • BOUCHEES DOUBLES OUI BIEN SUR. LE CHEF DOIT SE CASSER LA TETE AFIN DE SAVOIR LUI PREPARER LES METS LES PLUS FINS ET low carbs POUR PRESERVER LA LIGNE DE SON PATRON.

    Gaby SIOUFI

    18 h 49, le 17 octobre 2019

  • Madame, j'ai attentivement lu votre artcile. ou voyez-vous Harriri mettre des bouchees doubles ? ou simples ? ou meme mastiquer un petit chicklets ? que du verbiage, de la prose, pour accoucher d'un budget a propos duquel on s'est deja fait traiter d'"insincere" (les francais voulant rester poli)

    Lebinlon

    11 h 27, le 17 octobre 2019

  • HARIRI POUSSE LE COCHE EN AVANT ET LE GENDRE LE TIRE EN ARRIERE. AVEC DE TELS PARTENAIRES LES REFORMES SONT DIFFICILES ET TRES SOUVENT IMPOSSIBLES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 19, le 17 octobre 2019

  • Le Président pense qu'il a tout pouvoir, Bassil veut gérer le pays, et Hariri s'esquive au lieu de remplir son rôle de premier ministre. Il y en a ceux qui ne veulent pas admettre qu'avec Taef nous sommes passés d'un régime présidentiel à un régime parlementaire. Ceci veut dire que les décisions exécutives sont prises au sein du gouvernement puis soumises au vote du parlement, et non pas en coulisse comme cette réunion semble l'indiquer. Le vrai problème du Liban vient du fait que la majorité de nos dirigeants sont impulsifs, ils n'arrivent pas à se contenir et ne respectent plus la constitution. Les hommes d'états ne bafouent pas la constitution...

    Zovighian Michel

    07 h 58, le 17 octobre 2019

Retour en haut