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Lifestyle - Entretien

« Détruit » par la polémique de l’été, Mashrou’ Leila « se ressource » à l’étranger

Carl Gerges, batteur, raconte à « L’Orient-Le Jour » comment il a vécu l’annulation du concert à Jbeil et comment la tournée nord-américaine a sauvé le groupe qui s’est remis en question plus d’une fois.

Mashrou’ Leila lors d’un concert à San Francisco. Photo Mashrou’ Leila

Privés d’une représentation dans leur propre pays, c’est à des milliers de kilomètres de Beyrouth que Firas Abou Fakhr, Carl Gerges, Haig Papazian et Hamed Sinno ont fêté les dix ans de leur groupe, Mashrou’ Leila. En quatorze jours, le quatuor a donné huit concerts dans huit villes différentes, aux États-Unis et au Canada.

« Ce qui s’est passé au Liban nous a complètement détruits. Cette tournée nous a sauvés, nous a permis de nous ressourcer et faire le plein d’énergie positive », confie à L’Orient-Le Jour Carl Gerges, batteur de Mashrou’ Leila. En effet, la tournée intervient presque deux mois après la polémique qui a mené à l’annulation du concert du groupe libanais à Jbeil. En pensant à cette période, Carl Gerges affirme avoir vécu une phase « psychologiquement difficile », « trop rapide, intense et violente ».

Le Festival de Byblos avait été contraint l’été dernier d’annuler le concert de Mashrou’ Leila, accusé d’atteinte aux valeurs et symboles chrétiens et victime d’une campagne de menaces et d’incitations à la violence. « Nous avons eu très peur, nous avons reçu beaucoup de menaces, entendu beaucoup de fausses informations », dit Carl. Si le jeune homme assure avoir fait de « mon mieux pour garder mon calme », il reconnaît qu’il était « effrayé et frustré de me sentir si impuissant face à l’effet boule de neige des mensonges » qu’il a entendus.



(Lire aussi : Le groupe Mashrou' Leila à New York : plus grand, plus fort)



« Tout arrêter »
Est-ce que le groupe a pensé tout arrêter ? « Oui, bien sûr, à plusieurs reprises. Lorsqu’on est au fond du gouffre, on a du mal à voir comment on peut continuer à faire ce qu’on fait », lâche-t-il, disant être reconnaissant pour tout le soutien qu’a reçu Mashrou’ Leila. « Nous essayons toujours de voir le côté positif des choses, poursuit le musicien de 31 ans. Et ce qui s’est passé a, au final, fait naître un débat, lancé une conversation » au Liban.

Ce n’est pas la première fois que les quatre jeunes gens se retrouvent bien malgré eux au cœur de polémiques. En juin 2017, après des protestations de parlementaires conservateurs, la Jordanie avait interdit à Mashrou’ Leila de donner un concert à Amman. En septembre de la même année, le groupe avait été banni en Égypte, après un concert au Caire qui a été l’occasion, pour les autorités égyptiennes, de lancer une campagne de répression contre la communauté LGBT. « Nous venions de vivre un moment magique devant 35 000 personnes qui connaissaient toutes nos chansons par cœur, se souvient Carl Gerges. Et le lendemain, nous apprenions l’arrestation de dizaines de personnes présentes au concert. Ça a été un choc pour nous. »

Après cet épisode, les musiciens ne sont « pas inspirés ». Mais plutôt que de se laisser mourir, ils conçoivent un nouvel album. Beirut School voit le jour. « C’est une sorte de rétrospective qui nous représente et raconte notre évolution à Beyrouth », cette ville qui leur ressemble tant.



(Lire aussi : Hamed Sinno, le chanteur de Mashrou' Leila, a "le cœur brisé" par la montée de l'homophobie au Liban)



Nouvelles chansons
C’est donc dans le cadre de la sortie de Beirut School qu’a lieu la tournée nord-américaine du groupe. Du 28 septembre au 12 octobre, les musiciens ont joué à Hanovre, Cambridge, Los Angeles, San Francisco, New York, Washington, Toronto et Montréal.

Pour ne pas cesser d’innover, Mashrou’ Leila a profité de la tournée pour dévoiler plusieurs nouvelles chansons, alors qu’en général, elles sont gardées secrètes jusqu’à la sortie d’un nouvel album. L’une d’elles, intitulée Sand King, est en anglais, une première pour le groupe qui chante en arabe. Le public a aussi eu l’occasion de découvrir Moustahil, qui est née d’une collaboration avec un membre du groupe anglais Hot Chip, Joe Goddard, qui a apporté une touche électro à la chanson.

De ces derniers jours, Carl Gerges se souviendra de « l’énergie sublime » du public et des « salles de concert remplies ». Car si c’est la cinquième tournée américaine de Mashrou’ Leila, c’est la première fois que le groupe joue dans « d’aussi grandes salles », notamment celle de New York où 3 000 billets ont été vendus.

La tournée s’est clôturée samedi 12 octobre avec un dernier concert à Washington. Mais « de nouveaux projets très intéressants attendent le groupe, notamment une performance au Grand Palais, à Paris », confie le batteur. Aujourd’hui, Mashrou’ Leila ne semble vouloir qu’une chose : retrouver son chemin musical et créatif. « Au final, nous sommes des musiciens, dit Carl Gerges. Oui, nous en profitons pour parler de ce qui nous tient à cœur car nos valeurs ne changeront pas : nous sommes pour la liberté d’expression, la préservation de l’environnement, les droits de la femme, des LGBT… »

À bientôt à Beyrouth ? « Le Liban est notre pays. C’est de là que l’on vient, c’est là où tout a commencé. Nous ne l’abandonnerons pas. »



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commentaires (6)

Bravo! Ca fait plaisir!

Michele Aoun

20 h 24, le 14 octobre 2019

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Commentaires (6)

  • Bravo! Ca fait plaisir!

    Michele Aoun

    20 h 24, le 14 octobre 2019

  • Une prevue de plus que le libanais est pourri dans son pays et grandiose hors de ses frontieres

    LA VERITE

    15 h 08, le 14 octobre 2019

  • IL VAUT MIEUX QU,ILS SE PRODUISENT LABAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 12, le 14 octobre 2019

  • L'OLJ a maintenant une cause à défendre. Lol

    Tina Chamoun

    09 h 43, le 14 octobre 2019

  • I had the chance to see Mashrou' Leila for the first time on their recent North American tour. It was a magical experience. They have created their own unique sound and are a breath of fresh air in the Lebanese and Middle East pop/rock landscape. They are extremely talented and deserve all the plaudits and awards they've been showered with. And they deserve to have their music played on every Arabic music station, and to have their concerts shown on TV in Lebanon and the Middle East. Congratulations on a very successful tour !

    Mireille Kang

    03 h 07, le 14 octobre 2019

  • Pufffff... un non événement.

    FRIK-A-FRAK

    00 h 33, le 14 octobre 2019

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