Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a réagi dimanche aux indignations provoquées au Liban par le discours du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, devant la Ligue arabe, au cours duquel il avait réclamé la réintégration de la Syrie, suspendue depuis 2011, au sein de cette institution. M. Hariri a rappelé que la déclaration ministérielle libanaise ne contient aucune référence au retour de Damas au sein de la Ligue, mais promeut la distanciation (des conflits régionaux).
"Suite aux réactions aux prises de positions du Liban lors de la réunion de la Ligue arabe, le bureau de presse de Saad Hariri réaffirme l'engagement du Liban au principe du consensus arabe sur la crise syrienne, et au communiqué publié à l'issue de sa dernière réunion au Caire", dans lequel les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de la Ligue arabe ont condamné "l'agression de la Turquie" dans le nord-est de la Syrie et appelé au retrait immédiat des troupes d'Ankara. Au sujet de cette offensive, le texte du bureau de M. Hariri appelle à se référer uniquement au communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères en début de semaine dernière. Dans ce communiqué, la diplomatie libanaise condamnait l'"agression contre un pays arabe frère" et appelait "les dirigeants turcs à reconsidérer leur décision". "La déclaration ministérielle du Liban ne traite pas de la question du retour de la Syrie au sein de la Ligue, mais réitère la politique de distanciation et de non-ingérence dans les affaires arabes", ajoute le communiqué de M. Hariri.
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"N'est-il pas temps pour la Syrie de revenir au sein de la Ligue arabe ?", s'était interrogé M. Bassil dans son discours à l'occasion d'une réunion urgente au Caire des chefs de la diplomatie des pays membres de l'organisation panarabe, ajoutant que "tous les canaux de communication et de dialogue doivent être ouverts avec la Syrie".
La Syrie a été suspendue de la Ligue arabe en 2011 quelques mois après le début du conflit dans ce pays. La question de sa réintégration divise depuis plus d'un an les Etats membres de l'organisation. Le Courant patriotique libre présidé par M. Bassil, allié au Hezbollah, prône une normalisation des relations avec le régime de Bachar el-Assad, une question qui ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement libanais.
Critiquant les propos de Gebran Bassil, et établissant un parallèle avec la commémoration du 13 octobre 1990, date de l’éviction du palais de Baabda de Michel Aoun, alors chef du gouvernement de transition et commandant en chef de l’armée, sous les bombardements de l’aviation syrienne, l'ancien ministre libanais Achraf Rifi a souligné : "En cette journée de commémoration du 13 octobre, des couronnes de lauriers sont déposées pour les martyrs de l'armée libanaise qui ont résisté contre les troupes de Hafez el-Assad", ancien président syrien et père du président actuel, Bachar el-Assad. "Pendant ce temps, la honte s'abat sur ceux qui se présentent comme des porte-paroles d'Assad fils devant la Ligue arabe", faisant un jeu de mots en arabe entre les mots lauriers (ghar) et honte (Aar).
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commentaires (11)
Comme Galileo le disait avant sa mort et pourtant la Syrie vit et vit encore plus forte que jamais. Le Liban a les moyens d'être à lavant l'avant-garde d'une politique que l'Occident a raté.
FRIK-A-FRAK
22 h 27, le 13 octobre 2019