Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a une nouvelle fois plaidé samedi pour le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, lors d'un discours prononcé au Caire devant ses pairs arabes qui ont condamné l'offensive lancée par la Turquie contre les forces kurdes en Syrie.
"N'est-il pas temps pour la Syrie de revenir au sein de la Ligue arabe ? N'est-il pas temps de mettre un terme au bain de sang, au terrorisme et aux vagues d'exil ? N'est-il pas temps d'une réconciliation entre les pays arabes ?", s'est interrogé M. Bassil dans son discours à l'occasion d'une réunion urgente au Caire des chefs de la diplomatie des pays membres de l'organisation panarabe, ajoutant que "tous les canaux de communication et de dialogue doivent être ouverts avec la Syrie".
La Syrie a été suspendue de la Ligue arabe en 2011 quelques mois après le début du conflit dans ce pays. La question de sa réintégration divise depuis plus d'un an les Etats membres de l'organisation.
Le Courant patriotique libre présidé par M. Bassil, allié au Hezbollah, prône une normalisation des relations avec le régime de Bachar el-Assad, une question qui ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement libanais.
Le ministre irakien des AE a également appelé à un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.
(Lire aussi : Offensive turque en Syrie : "un dangereux développement", selon Aoun)
La Ligue arabe condamne une "agression"
M. Bassil a également condamné l'offensive turque en Syrie. "Nous ne nous réunissons pas aujourd’hui pour attaquer la Turquie, mais en faveur de la Syrie. Nous réclamons non seulement des condamnations verbales et des positions dans les médias, mais une position arabe unanime en vue de la tenue d’un sommet urgent de la Ligue qui consacrerait la réconciliation et mettrait en place des plans de confrontation face aux complots", a déclaré le chef de la diplomatie libanaise.
"L'intérêt du Liban réside dans une unanimité arabe protégeant les pays arabes, grands comme la Syrie et petits comme le Liban, de toute agression contre leur territoire, leur peuple et leur dignité", a poursuivi le ministre libanais.
La Turquie a lancé mercredi une offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadiste, suscitant une volée de critiques internationales et des menaces de sanctions contre la Turquie par des sénateurs américains.
Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont condamné "l'agression de la Turquie" dans le nord-est de la Syrie, où les Kurdes ont établi une zone autonome à la faveur du conflit qui se déroule dans le pays depuis 2011, appelant au retrait immédiat des troupes d'Ankara.
L'offensive contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de "terroriste" par Ankara, a suscité un tollé international et des menaces de sanctions américaines contre la Turquie.
L'offensive turque constitue "une menace directe pour la sécurité nationale arabe", selon les ministres de la Ligue arabe, qui ont dit réfléchir à "des mesures urgentes pour faire face à l'agression turque". Ces mesures comprendraient des actions diplomatiques et économiques ainsi qu'une "coopération militaire pour faire face à l'agression turque", selon leur communiqué.
Au début de la réunion, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a qualifié l'offensive turque "d'agression" et "d'invasion d'une terre arabe".
Ankara, qui rejette toute critique depuis le début de son offensive, a condamné ces déclarations. "Je condamne fermement la Ligue arabe pour avoir qualifié à tort l'opération antiterroriste (...) dans le nord-est de la Syrie d'+invasion+", a déclaré Fahrettin Altun, un porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le ministère des Affaires étrangères turc a jugé "malencontreux" les propos de M. Aboul Gheit. "En accusant notre pays, au lieu d'accuser une organisation terroriste qui attente à l'intégrité territoriale de la Syrie d'être une force d'occupation, le secrétaire général de la Ligue arabe se fait complice des crimes perpétrés par cette organisation et commet une trahison envers le monde arabe", a-t-il affirmé.
Le Liban condamne une « agression contre un pays arabe frère »
commentaires (13)
Pas d'info inutile quand on sait lire entre les lignes. Je vous en prie!
Tina Chamoun
09 h 28, le 14 octobre 2019