Rechercher
Rechercher

Liban - Témoignage

« Tarek, ne t’inquiète pas, je m’en occupe ! »

Poignée de mains entre Jacques Chirac et Tarek Mitri.

Nombreux sont les Libanais qui ont connu Jacques Chirac de près et qui témoignent de l’amitié qu’il portait pour le Liban. Parmi eux, l’ancien ministre de la Culture, Tarek Mitri. Avec L’Orient-Le Jour, il partage quelques souvenirs.

« Je me souviens en particulier de deux anecdotes à propos de Jacques Chirac. Je ne les oublierai pas, raconte Tarek Mitri. La première remonte à 2006, durant la guerre de juillet. C’était au cours du onzième sommet de la francophonie de Bucarest où je représentais le Liban. Nous avions élaboré un projet de résolution de solidarité avec le Liban, alors victime de l’agression israélienne, mais le Premier ministre canadien de l’époque, Stephen Harper, s’était opposé à la dénomination du Liban comme “victime”. Il avait affirmé qu’au contraire, le Liban était l’agresseur et Israël était en état de légitime défense. Et c’est là que Jacques Chirac est venu jusqu’à moi pour me dire : “Tarek, ne t’inquiète pas, je m’en occupe !” »


(Lire aussi : Chirac et le monde arabe : plus qu’une histoire d’amitiés)



Et l’ancien ministre de poursuivre : « Effectivement, il s’en était bien occupé. Le Premier ministre canadien devait ensuite invoquer le principe du consensus par rapport à la résolution en soutenant qu’au sein de l’Organisation de la francophonie, on ne votait pas, mais qu’il fallait un consensus. Or, sur la question du Liban, il n’y a pas de consensus, devait-il relever. Je m’apprêtais à lui répondre lorsque Jacques Chirac s’est de nouveau approché de moi : “Tarek, je m’en occupe.” S’adressant à M. Harper, il lui dit : “Il faut que vous fassiez une distinction, qui a l’air de vous échapper, entre consensus et unanimité. Nous sommes 60 pays ici présents et il est évident que sur tous les sujets, il n’y a pas d’unanimité. Mais s’il y a une majorité écrasante en faveur d’une résolution, et si celle-ci a été suffisamment discutée, on peut dire qu’il y a eu consensus.” Des applaudissements retentirent dans la salle et le texte fut adopté. C’était symbolique, mais cela montrait l’intérêt que Jacques Chirac portait à à notre pays. Jacques Chirac s’était comporté comme un avocat du Liban, et cela m’avait beaucoup touché. »


(Lire aussi : Homme de cœur, homme d’État, l'éditorial de Issa GORAIEB)


Égrenant ses souvenirs, Tarek Mitri raconte la seconde anecdote. « C’était durant la conférence de Paris III, que Jacques Chirac avait présidée, en janvier 2007. Il avait alors essayé de mobiliser le soutien des quarante États – qui y étaient représentés – envers le Liban. Il s’agissait alors d’obtenir des fonds ou des prêts à long terme pour le pays, un peu à l’instar de ce que la CEDRE fait aujourd’hui. Jacques Chirac avait fait un travail remarquable en allant voir directement les représentants des délégations de ces pays, en tentant parfois même de les intimider. Je ne me souviens plus de quel pays il s’agissait, mais il était allé voir ses représentants. Ils discutaient ensemble du montant accordé au Liban. Ses interlocuteurs ont avancé le chiffre de 5 millions. Chirac a réagi au quart de tour en lançant : “5 millions ? Vous plaisantez ! C’est 20 millions pour le Liban.”

Il avait mené cette réunion avec une dextérité inégalable pour en sortir avec un bilan intéressant pour le Liban, du moins quantitativement. Mais nous n’avons pas été à la hauteur de la politique que nous avons choisi de mener, c’est-à-dire une politique de réforme », déplore Tarek Mitri. « Aujourd’hui, même si le président Emmanuel Macron se dit l’ami du Liban et s’investit beaucoup pour le pays, il ne le fait pas de la même manière que Jacques Chirac qui, lui, s’était inébranlablement engagé en faveur du Liban », commente l’ancien ministre.


Lire aussi
Une sollicitude toute naturellele billet d'Elie MASBOUNGI

Chirac, ce « Libanais »...le commentaire d'Elie Fayad

Chirac, un "fidèle ami" pour Aoun, "l'un des plus grands" de France pour Hariri

Chirac et le Liban en quelques dates

Jacques Chirac, grand fauve de la politique française, est mort

Nombreux sont les Libanais qui ont connu Jacques Chirac de près et qui témoignent de l’amitié qu’il portait pour le Liban. Parmi eux, l’ancien ministre de la Culture, Tarek Mitri. Avec L’Orient-Le Jour, il partage quelques souvenirs.« Je me souviens en particulier de deux anecdotes à propos de Jacques Chirac. Je ne les oublierai pas, raconte Tarek Mitri. La première remonte à...

commentaires (3)

C'est vrai qu'il a été bon en politique étrangère. Par contre, ici en France, il ne laisse que des souvenirs pittoresques comme : Ses bons mots, Ses aptitudes gastronomiques légendaires ("une entrecôte de 600 gr à 8 heures du matin", "tête de veau", etc.), Ses claques sur le cul des vaches, etc. Bof...

BOUIX Philippe

12 h 52, le 27 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • C'est vrai qu'il a été bon en politique étrangère. Par contre, ici en France, il ne laisse que des souvenirs pittoresques comme : Ses bons mots, Ses aptitudes gastronomiques légendaires ("une entrecôte de 600 gr à 8 heures du matin", "tête de veau", etc.), Ses claques sur le cul des vaches, etc. Bof...

    BOUIX Philippe

    12 h 52, le 27 septembre 2019

  • Merci M. Chirac. Vous avez fait pour le Liban bien plus que ses propres élus, rassemblés. Paix à ton âme.

    Khalil S.

    12 h 19, le 27 septembre 2019

  • CE NE SONT PAS DES ANECDOTES. CE SONT DES FAITS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 15, le 27 septembre 2019

Retour en haut