Rechercher
Rechercher

Liban - Focus

Ce qu’il faut savoir sur le nouveau plan directeur des carrières... et ses « exceptions »

Le nouveau décret déplace la majorité des sites d’extraction vers la chaîne de l’Anti-Liban, sauf les exploitations en rapport avec de grands projets d’État et certains sites industriels, notamment ceux des cimenteries.

Les carrières géantes de Chekka. Photo Live Love Beyrouth

Cette semaine a été marquée par l’adoption du plan directeur des carrières présenté par le ministère de l’Environnement (même si la carte des sites n’est pas définitive selon certaines informations). Ce plan est le premier à être adopté depuis celui de 2009 qui n’a jamais été appliqué, laissant des plaies géantes dans nos montagnes.

Le point central de ce nouveau plan est le déplacement de la majorité des sites d’extraction vers la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban. Ce plan ouvre également la voie à l’importation de certaines matières premières, ce qui ne se faisait pas jusqu’à aujourd’hui.

Le décret, qui devrait entrer en vigueur dès son adoption en Conseil des ministres, prévoit que les exploitations existantes (qui bénéficiaient d’un délai de fonctionnement qui a expiré récemment, accordé en raison du retard dans l’adoption du plan qui aurait dû intervenir plusieurs semaines auparavant) sont habilitées à transporter leurs stocks de gravier et de rocs conformément à des autorisations du ministère de l’Intérieur, et ce jusqu’au 31 décembre de cette année. Suivra une période de réhabilitation suivant les lois en vigueur, pour laquelle les propriétaires doivent obtenir une autorisation de la part du Conseil supérieur des carrières, le délai de réhabilitation expirant le 31 décembre 2020.

Sollicité par L’Orient-Le Jour, le ministère de l’Environnement n’a pas donné suite à nos questions sur le décret et son application. Mais il apparaît, selon le texte, que les futurs sites d’exploitation, qui pourraient se trouver sur des terrains privés, gouvernementaux, municipaux ou domaniaux, seront répartis en parcelles qui seront soumises à des adjudications en direction des futurs exploitants. La répartition des exploitations et le choix des terrains sortiront-ils de l’habituel cercle d’intérêts étroits qui a souvent caractérisé ce secteur ? Selon une source ministérielle, il y a eu débat au sein du Conseil des ministres autour des sites proposés. Ce qui ressort cependant de ce nouveau décret, c’est la mention des « exceptions » à la règle générale des nouveaux sites d’exploitation, qui garde manifestement la porte ouverte à une activité minière hors du périmètre déterminé par le plan directeur. Le texte évoque les grands projets étatiques : barrages, ports, aéroports, routes maritimes, pour lesquels des carrières pourraient être spécifiquement ouvertes, hors Anti-Liban, en raison des besoins en matières premières. Il spécifie que « ces matières premières ne sont pas destinées à être vendues », précisant que ces exploitations en particulier feront l’objet de règles strictes au niveau du permis, des choix des sites qui doivent répondre à des impératifs comme celui de se trouver le plus possible près des chantiers, ou encore privilégier les sites déjà dégradés… ce qui ne dissipe pas les inquiétudes déjà formulées par des environnementalistes soucieux de l’ampleur que peuvent prendre ces « exceptions ».



(Pour mémoire : Le plan directeur des carrières adopté en Conseil des ministres)



Deux ans pour les cimenteries
Parmi les exceptions, celles liées aux exploitations industrielles, et notamment les carrières des grandes cimenteries. Un paragraphe leur est consacré, dans lequel apparaît l’expression pour le moins intrigante d’« exploitation réhabilitatrice ». Cette partie du décret est manifestement une modification du texte initialement présenté par le ministère, survenue au gré des consultations, suivant les informations disponibles. Certes, le texte reconnaît la nécessité de réhabiliter les sites très dégradés de ces grandes cimenteries (qui sont au nombre de trois, deux à Chekka et une à Sibline) et leur demande de préparer un plan en ce sens. Ces dispositions viennent cependant satisfaire une revendication de ces entreprises qui ne désiraient pas déplacer leurs carrières hors de la proximité des usines vers les contrées lointaines de l’Anti-Liban.

Voilà ce qu’en dit Pierre Doumet, PDG de la Cimenterie nationale, répondant aux questions de L’Orient-Le Jour. « Le gouvernement a considéré qu’il n’était pas possible de déplacer les carrières des cimenteries vers la chaîne de l’Anti-Liban car une activité minière nécessite un site d’extraction minière à proximité », dit-il. Il explique que « l’exploitation réhabilitatrice » consistera à mettre ces carrières sous la surveillance d’un bureau de consultants international spécialisé. « Durant les trois prochains mois, les cimenteries pourront déplacer leurs stocks existants, poursuit-il. Le bureau de consultants préparera entre-temps un plan de réhabilitation qu’il leur faudra suivre par la suite. Dans une seconde étape, les cimenteries auront deux ans pour réhabiliter les surfaces exploitées selon les normes internationales, suite à quoi une évaluation sera faite pour le renouvellement – ou non – des permis qui leur auront été accordés par le Conseil supérieur des carrières. Et entre-temps, les cimenteries pourront exploiter certaines surfaces restreintes identifiées avec les consultants. » Le ministère de l’Environnement précise dans le décret qu’il effectuera des contrôles réguliers sur les sites.


(Lire aussi : Pour une autre vision de développement de Chekka et du Koura)



« Légalisation masquée »
En pratique donc, les carrières des cimenteries, sous quelque appellation que ce soit, poursuivront leur activité sur place durant les deux prochaines années au moins. Ce qui, naturellement, déplaît profondément aux détracteurs de ces exploitations. Interrogé par L’OLJ, Georges Inati, coordinateur du Comité de protection de l’environnement à Kfarhazir (Koura), dénonce ce qu’il appelle « une légalisation masquée de ces activités qui détruisent l’environnement du Koura et la santé des habitants ». « Je les mets au défi de pouvoir réaliser une étude d’impact environnemental, poursuit-il. Quel consultant international pourra certifier que la sécurité des habitants est assurée dans ces conditions ? »

Le nouveau plan directeur des carrières est donc en voie d’application. L’avenir dira s’il aura permis d’ouvrir une brèche dans le mur de ce secteur miné par les irrégularités et le clientélisme.



Pour mémoire

Jreissati annonce une distribution prochaine des stocks

Jreissati : Pas de nouveau délai pour les carrières illégales


Cette semaine a été marquée par l’adoption du plan directeur des carrières présenté par le ministère de l’Environnement (même si la carte des sites n’est pas définitive selon certaines informations). Ce plan est le premier à être adopté depuis celui de 2009 qui n’a jamais été appliqué, laissant des plaies géantes dans nos montagnes. Le point central de ce nouveau plan est...

commentaires (2)

PORTES FERMEES. FENETRES OUVERTES ! ET LES POCHES AUSSI !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 46, le 21 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • PORTES FERMEES. FENETRES OUVERTES ! ET LES POCHES AUSSI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 46, le 21 septembre 2019

  • AU MOINS NOTRE NEO MINISTRE FORT DE SON APPARTENANCE AU LIBAN FORT N'Y VA PAS COMME SES PREDECESSEURS : LUI AU MOINS LE DIT TOUT OUVERTEMENT : ATTENDEZ VOUS A DES MAGOUILLES ET SURTOUT QU'ELLES SONT D'ORS ET DEJA LEGALISEES. merci de tt coeur.

    Gaby SIOUFI

    12 h 05, le 21 septembre 2019

Retour en haut