Le projet de création de « l’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue », adopté lundi par l’Assemblée générale de l’ONU, est « une victoire pour le Liban qui reste un phare et un message de coexistence, malgré les difficultés inhérentes à son histoire », souligne la représentante permanente du Liban aux Nations unies Amal Moudallali, dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, à New York, quelques heures après le vote. Il s’agit d’un vote « historique », 178 pays on coparrainée cette Académie, souligne Mme Moudallali, qui salue une « initiative très importante portée par le président Michel Aoun depuis 2017 ».
Ce vote (165 pour, 2 contre et 0 abstention), ajoute-t-elle, est aussi le fruit d’un travail acharné et inlassable de la diplomate libanaise et de toute son équipe. Une équipe qui, pour en arriver à ce résultat, « a commencé à travailler il y a cinq mois pour mettre en place une stratégie qui détermine les différentes étapes à suivre », explique la diplomate. « Nous avons commencé à prendre contact avec nos partenaires les plus proches, afin d’obtenir leur soutien, et élargi ensuite le cercle pour englober l’ensemble des 192 pays membres des Nations unies », précise-t-elle.
Parcours et écueil
Le chemin vers le succès n’a pas été simple. C’est donc grâce à un travail minutieux et professionnel que la diplomate, aidée de son équipe, a pu mener à bien cette tâche. « C’était difficile au début car il existe déjà une Université pour la paix au Costa Rica », dit-elle. « Chaque fois que nous proposions ce projet aux différents pays, nous nous heurtions à la même réponse : pourquoi voulez-vous créer une académie au Liban alors qu’il en existe une au Costa Rica? Je leur répondais : “Le Liban n’est pas le Costa Rica. Nous avons une expérience différente. Nous sommes dans une région qui a besoin de dialogue. Les jeunes doivent apprendre qu’il existe une alternative à la violence, aux discours de haine et à l’extrémisme. Nous avons ciblé différents groupes en leur adressant différents messages, adaptés, dans différentes langues” », précise la diplomate.
(Lire aussi : L’Assemblée générale approuve la création au Liban de « l’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue »)
Des contacts assidus
Pour assurer le succès de cette initiative, il fallait rassembler le soutien d’un grand nombre de pays. La diplomate a fait appel aux suffrages des groupes régionaux géopolitiques des États membres des Nations unies, à savoir le groupe arabe dont le Liban fait partie, puis le groupe Asie-Pacifique, puis le Mouvement des pays non alignés (NAM). « Nous avons même réussi à faire libeller dans une résolution du NAM une mention sur l’Académie », assure-t-elle. Le Liban a pu obtenir, par la suite, le soutien des groupes d’Amérique latine et des Caraïbes, le groupe Europe occidentale, ainsi que le groupe des petits États insulaires de l’ONU et le groupe africain. « J’ai consulté l’ensemble du système des Nations unies pour obtenir l’appui nécessaire », explique la diplomate.
Le financement
Quelles sont les ressources pour le financement de cette initiative ? Dans la résolution portant création de l’Académie, il est stipulé qu’il s’agit « d’un financement dans les limites des ressources existantes », répond-elle. « Cela ne signifie pas que les Nations unies pourvoiront automatiquement à son financement. C’est l’une des principales questions soulevées par les États membres. Beaucoup d’entre eux nous ont soutenus une fois rassurés sur le fait que les Nations unies n’engageront pas un financement pour sa mise en place. Le Liban trouvera les ressources nécessaires pour son établissement », estime la diplomate, qui estime que « cette initiative est vraiment positive pour la région ». Quelle est la date butoir pour le démarrage des travaux? « Le projet étant approuvé, sa mise en œuvre se fera par une lettre d’accord », répond-elle.
Après cette victoire pour le Liban, le président Aoun arrivera la semaine prochaine à New York pour prendre part aux travaux de la 74e session de l’Assemblée générale. Un programme bien chargé l’attendra avec de nombreuses réunions bilatérales avec ses homologues mondiaux. Il sera accompagné d’une délégation composée notamment des ministres de l’Environnement, de la Santé et des Finances, qui prendront part aux sommets organisés en marge de cette session : sommets sur le changement climatique, l’environnement, la santé, les finances et le développement durable. Michel Aoun donnera enfin une conférence de presse au siège de l’ONU, prévue le 26 septembre, et ayant pour thème « L’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue ».
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commentaires (4)
Il aurait mieux fallu demander à la Ligue Arabe de transferer son siège au Liban , où tous les arabes se battent , et leur dire venez dialoguer dans ce pays et laissez-le tranquille
Chucri Abboud
23 h 53, le 18 septembre 2019