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À La Une - Diplomatie

Echange historique de prisonniers entre Russie et Ukraine après cinq ans de conflit

Les capitales occidentales saluent l'échange, "peut-être un premier pas de géant vers la paix" selon le président américain Donald Trump et "signe d'espoir" pour la chancelière allemande Angela Merkel. 

Le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov serre sa fille Alina Sentsova, le 7 septembre 2019 à l'aéroport international Boryspil à Kiev. AFP / Sergei SUPINSKY

Les portes des avions se sont ouvertes, et ils sont descendus libres sur les tarmacs ensoleillés. L'Ukraine et la Russie ont effectué un échange sans précédent de 70 prisonniers, un "premier pas", selon Kiev, vers la fin de la guerre dans l'est du pays. Deux avions transportant 35 prisonniers chacun, dont notamment le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, ont atterri simultanément en milieu de journée à Moscou et à Kiev.

"Nous avons fait le premier pas", s'est félicité le président ukrainien après avoir serré la main sur la piste de l'aéroport principal de Kiev à chacun des Ukrainiens rendus par Moscou. "Nous devons faire tous les autres pas pour mettre fin à cette horrible guerre", a-t-il ajouté devant un parterre de journalistes. "Je félicite tout le monde pour la libération de nos héros!"

A côté de lui, des dizaines de proches dont beaucoup d'enfants se sont rués vers les leurs pour les serrer dans les bras. Beaucoup pleuraient, parmi eux des journalistes et le commandant des forces navales ukrainiennes, Igor Vorontchenko.

Les capitales occidentales ont aussitôt salué l'échange, "peut-être un premier pas de géant vers la paix" selon le président américain Donald Trump et "signe d'espoir" pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui a appelé à la poursuite du processus de la paix avec les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

La France a salué, par la voix de son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, une "volonté" de Kiev et Moscou de renouer le dialogue. De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a salué sur Facebook un "pas très important", soulignant la "nécessité de maintenir cette volonté à résoudre les problèmes".

Le plus célèbre parmi les prisonniers échangés, le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, dont la libération était exigée par la communauté internationale, a appelé à son arrivée à la libération "des prisonniers restants" en Russie. "J'espère que les prisonniers restants seront bientôt libérés. Même avec la libération du dernier prisonnier, notre lutte ne s'achève pas", a-t-il lancé, aux côtés de sa cousine, et serrant dans ses bras sa fille adolescente en larmes.

Après l'échange de samedi, Kiev demande aussi la libération des quelque 90 de ses ressortissants détenus en Russie et en Crimée et les 130 à 220 Ukrainiens retenus dans les territoires séparatistes, selon l'ONG ukrainienne spécialisée Centre des libertés civiques.

Oleg Sentsov, 43 ans, avait été arrêté en 2014 en Crimée après avoir protesté contre l'annexion par la Russie de cette péninsule ukrainienne. Il avait été condamné ensuite à 20 ans dans un camp de la région arctique russe pour préparation "d'attaques terroristes".


Ex-chef militaire des séparatistes

En échange, l'Ukraine a notamment relâché Volodymyr Tsemakh, 58 ans, un ex-chef militaire des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine dont le nom a été cité dans l'enquête sur le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu il y a cinq ans par un missile russe au-dessus de la zone de guerre dans l'est de l'Ukraine.

Dans une lettre au président Zelensky, quarante députés européens ont qualifié cette semaine M. Tsemakh de "suspect clé" dans l'affaire du MH17. La décision de le remettre à Moscou a crispé les Pays Bas dont 196 ressortissants ont péri dans cette catastrophe et qui a fait au total 298 morts.

Le gouvernement néerlandais regrette "profondément" cette décision et a consulté Kiev "à plusieurs reprises et au plus haut niveau" afin d'empêcher qu'il soit remis à la Russie, a écrit le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok dans une lettre à la Chambre basse, alors que Moscou rejette farouchement son implication dans la catastrophe du MH17.

D'après M. Blok, le parquet néerlandais a bel et bien eu l'occasion d'interroger M. Tsemakh avant son départ pour la Russie, mais souhaitait "l'entendre à nouveau".

Le président russe Vladimir Poutine avait annoncé jeudi un prochain échange "massif" de prisonniers entre les deux pays, sans préciser de date, affirmant que ce serait "un grand pas vers la normalisation des relations" entre les deux pays, après l'arrivée au pouvoir en Ukraine de l'ancien comédien Zelensky en mai.


24 marins ukrainiens

Parmi les autres prisonniers relâchés, figurent 24 marins ukrainiens dont la Russie avait capturé les navires au large de la Crimée en novembre dernier au cours du plus grave affrontement direct entre les deux pays depuis des années. Parmi eux, deux sont agents des services ukrainiens de sécurité SBU, selon une source gouvernementale.

Il s'agit du premier échange de prisonniers de cette envergure entre l'Ukraine et la Russie depuis le début en 2014 du conflit dans l'est de l'Ukraine, précédé par l'annexion de la Crimée.

Kiev et l'Occident accusent Moscou de soutenir militairement les séparatistes, une guerre qui a fait près de 13.000 morts. Le Kremlin dément toute implication.

L'arrivée au pouvoir à Kiev de M. Zelensky, en poste depuis mai, a facilité quelque peu les relations entre Kiev et Moscou. Un sommet de paix dit de "format de Normandie" et réunissant les chefs d'Etat ukrainien, russe, allemand et français pourrait être organisé ce mois ci, pour la première fois depuis plusieurs années. 


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