Une icône, offerte par l'évêque du diocèse maronite de Saïda et Deir el-Qamar, le père Maroun Ammar, au président libanais, Michel Aoun, et sur laquelle ce dernier apparaît aux côtés de la Vierge Marie et du Christ, a provoqué un nouveau débat au Liban, où les utilisations ou détournements de symboles religieux sont régulièrement condamnés.
Des internautes n'ont pas tardé à critiquer cette image et dénoncé l'hypocrisie des responsables qui ont condamné d'autres détournements d'images religieuses.
"S'agit-il des mêmes aounistes qui se sont violemment soulevés contre Mashrou' Leila ? Ils n'ont pas de problème avec cela ?", a notamment écrit sur Facebook le fondateur et directeur de la Fondation arabe pour les libertés et l'égalité, Georges Azzi.
Il y a plusieurs semaines, c'est notamment le détournement d'une icône de la Vierge, sur laquelle avait été collée le visage de la chanteuse Madonna, et qui avait été partagée par le chanteur du groupe de rock libanais Mashrou' Leila, qui avait entre autres causé une vaste polémique et mené à l'annulation du concert de ce groupe au festival de Byblos.
Plusieurs responsables religieux ont rapidement tenu à clarifier les circonstances dans lesquelles cette icône a été offerte au président Aoun lors d'une messe, dimanche dernier.
"Il s'agit d'une ancienne coutume"à Deir el-Qamar, a justifié le directeur du Centre catholique d'information, le père Abdo Abou Kasm, expliquant qu'avec cette image de la vierge Marie enlaçant le chef de l'Etat, celui-ci bénéficie de sa protection. Le curé de la paroisse de Deir el-Qamar, le père Joseph Bou Aoun, a, lui, souligné que cette tradition avait commencé avec l'ancien président Camille Chamoun, qui avait reçu une icône pareille. "Il ne s'agit pas d'une icône consacrée mais d'une image commémorative", a-t-il ajouté.
commentaires (6)
Tout ce folklore est "kitsch" ..... Le kitsch est, par nature, une des sous-cultures du fascisme. Pour la salubrité d'une pensée politique saine, les libanais chrétiens sont invités à désacraliser la fonction présidentielle dévolue à un citoyen maronite. En termes d'esthétique, l'image profane de Madonna (cf. affaire Machrou3 Layla) sur le visage de l'icône byzantine de la Vierge Marie est, au moins, plus élégante que ce bricolage autoshoppé de mauvais goût, cautionné apparemment par des autorités ecclésiastiques.
COURBAN Antoine
10 h 52, le 28 août 2019