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À La Une - Situation économique

Notations de Fitch et S&P pour le Liban : comment les responsables ont-ils réagi ?

"Nous allons sortir de cette situation économique difficile à travers des décisions indispensables pour obtenir à nouveau la croissance", promet le chef de l'Etat, Michel Aoun.

Le président libanais, Michel Aoun. Photo d'archives REUTERS/Mohamed Azakir

Quelques heures après les décisions de Fitch et Standard & Poor’s (S&P), deux des trois principales agences de notation américaines, avec Moody’s, qui ont publié vendredi soir, peu après 23 heures, les mises à jour de leurs évaluations respectives de la notation souveraine du Liban, les réactions sur la scène libanaise ont commencé à fuser.

Alors que S&P a décidé de maintenir la note du pays du cèdre à "B-" avec perspective "Négative", Fitch a, pour sa part, décidé de dévaluer les obligations du pays, désormais notées "CCC" (les perspectives ne s’appliquent plus dans cette catégorie de notes, selon la nomenclature de l’agence). Avec Moody’s, qui avait déclassé en janvier dernier la note souveraine du pays d’un cran, à "Caa1" avec perspective "Stable", ce sont désormais deux des trois principaux observateurs étrangers de la situation financière du pays qui ont déclassé les obligations libanaises. Dans son rapport, S&P laisse clairement entendre que sa décision de maintenir la notation souveraine n’est ni plus ni moins qu’un sursis accordé au gouvernement libanais. Fitch de son côté dresse un constat plus dur, soulignant d’emblée que la dégradation de la note qu’elle attribue au Liban reflète "la pression croissante sur le modèle financier libanais et les risques concernant la capacité du gouvernement à assurer le service de la dette".

"Nous allons sortir de cette situation économique difficile à travers des décisions indispensables pour obtenir à nouveau la croissance", a promis samedi matin le chef de l'Etat, Michel Aoun, devant une délégation d'élus municipaux de villages du Chouf qu'il a reçus en sa résidence estivale au palais de Beiteddine. Toutefois, le chef de l'Etat ne mentionne pas expressément la question de la note souveraine libanaise.

Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a pour sa part déclaré, lors d'une cérémonie en l'honneur des scouts islamiques, que le gouvernement libanais "s'engage à lancer un véritable chantier de réformes afin de poursuivre ce qui a été entamé dans le budget 2019 et à tout faire pour se retrouver en position de force devant les institution internationales".

"Qu'il s'agisse de la notation de Fitch ou celle de S&P, la conclusion est la même : il faut faire preuve de sérieux en assumant les responsabilités, en appliquant des réformes et en se chargeant des dossiers urgents afin de regagner la confiance", a pour sa part estimé le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair. "Il ne suffit pas que la communauté internationale soit avec nous. Nous devons nous-mêmes nous aider afin de ne pas rater une nouvelle fois l'opportunité et que nous ne perdions pas espoir", a-t-il ajouté.

Pour sa part, le député Ibrahim Kanaan, membre du Courant patriotique libre fondé par le président Aoun, a estimé que les rapports de Fitch et S&P "mettent en relief de manière positive les réformes et mesures d'austérité que nous avons commencé à appliquer dans le cadre du budget de 2019 et que nous devons poursuivre et adopter dans les délais (...), dans le cadre du budget de 2020, loin des polémiques et du blocage, afin de regagner la confiance en l'Etat, car cette confiance a été remise en question par ces agences". "Il faut faire le suivi de cette affaire après les notations des agences, et le président Aoun est le garant de la stabilité politique", a jouté Ibrahim Kanaan, dans le cadre d'un déplacement partisan à Aintoura, dans le Metn.

Par ailleurs, le député Kassem Hachem, membre du bloc parlementaire du président du Parlement, Nabih Berry, a appelé le gouvernement à assumer ses responsabilités : "Les notations des agences américaines correspondent à ce que nous attendions, surtout après le succès des efforts déployés par le ministère des Finances (dirigé par Ali Hassan Khalil, également membre de la formation politique de M. Berry) afin de répondre avec des vérités et des faits. Durant la prochaine étape, le gouvernement doit assumer encore plus ses responsabilités afin d'appliquer le plan économique de sauvetage pour regagner la confiance dans le Liban tant sur le pan national qu'international. Pour faire cela, de vraies réformes réalistes sont indispensables, loin de l'improvisation et sans cibler les classes moyennes ou pauvres", a estimé le député.

Vendredi soir, le ministre des Finances était le premier responsable libanais à réagir aux notations de Fitch et S&P. "Le Liban reste engagé dans les réformes et traitera de manière responsable le rapport de Fitch", a déclaré Ali Hassan Khalil, à l’agence Reuters. "Nous sommes convaincus que nous pouvons sortir de la crise vers davantage de stabilité", a-t-il ajouté, soulignant que "ces notations illustrent la réalité de la situation que nous connaissons et que le gouvernement œuvre à régler".

La dette publique du pays a flirté avec la barre des 86 milliards de dollars à fin juin (+3,4 % en un an pour un ratio dette/PIB gravitant autour de 150 % selon les estimations).

Dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour, le directeur du département de recherche de la Byblos Bank Nassib Ghobril a estimé que "la réaction de Fitch démontre que les mesures adoptées dans le budget 2019 sont peu convaincantes et que les dirigeants doivent redoubler d’efforts pour réduire les dépenses publiques, et ce dès 2020". "Les priorités du pays sont claires depuis longtemps et il est regrettable qu’on en soit arrivé à ce point", se désole-t-il, citant par exemple la nécessité d’améliorer la gouvernance ou de lutter contre la corruption (qui a coûté 5 milliards de dollars au Liban en 2018, selon une étude du gouvernement).


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commentaires (8)

L'argentine ou la Grèce sont-ils moins respectables que le Liban? A quand la livre à 5'000 pour un misérable dollar?....

TrucMuche

15 h 59, le 25 août 2019

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Commentaires (8)

  • L'argentine ou la Grèce sont-ils moins respectables que le Liban? A quand la livre à 5'000 pour un misérable dollar?....

    TrucMuche

    15 h 59, le 25 août 2019

  • Comment ça Monsieur le Président ? C’est quoi la base de votre optimisme ? La Moumanaa a asphyxié le pays pendant deux ans et demi jusqu’à ce que vous êtes devenu Président de la République. Sept mois pour avoir un gouvernement, quatre mois pour le budget, et six semaines dans l’affaire Qabr Chmoun. Notre Premier Ministre est absent, notre ministre de l’économie est inexistant, et notre ministre des finances fait parti d’un groupe qui n’accepte pas les réformes. Depuis vous “one-way ticket” à Hariri en 2011, la croissance de l’économie Libanaise a chuté de 6% à 1% par an. Jusqu’à présent, la Présidence, l’Exécutif, et le Législatif confondent « diminution du déficit budgétaire de l’état » avec « croissance économique ». Ce n’est pas avec des taux d’intérêts débiteurs de 15% et des taux créditeurs de 8%-13% que l’économie va démarrer. Moody’s, Fitch, et S&P ont besoin de voir une croissance soutenue de l’économie ce qui nécessite une stimulation du secteur privé. La baisse du déficit budgétaire n’est qu’une composante… ratée jusqu’à présent.

    Zovighian Michel

    05 h 32, le 25 août 2019

  • Le déficit abyssal, sans un investissement significatif dans les infrastructures un minimum pour un climat d’affaire pour booster la croissance. Que voulez–vous, une pauvre gouvernance corrompue. L’état libanais même à la fin de la guerre, avait ZERO dette.

    DAMMOUS Hanna

    16 h 09, le 24 août 2019

  • Pays d'assistés!

    TrucMuche

    15 h 20, le 24 août 2019

  • NOUS NE POUVONS PAS SORTIR DE CETTE PENIBLE SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE AVEC LES MAIGRES MESURES ET REFORMES DU BUDGET 2019. IL FAUT DES MESURES ET DES REFORMES EN PROFONDEUR ET CONCRETES POUR REDUIRE LA DETTE ENORME DU PAYS. IL FAUT PARALLELEMENT ET POUR SATISFAIRE L,OPINION PUBLIQUE POURSUIVRE NOS ABRUTIS CORROMPUS... GRANDS REQUINS AVANT LES PETITS POISSONS ... EN JUSTICE ET FERMER ET CONTROLER LES POINTS DE PASSAGE AUX FRONTIERES TOUT COMME ASSAINIR ET CONTROLER L,AEROPORT ET LES PORTS. ETC... ETC... ETC...

    ARABOS-SIONISTES, L,ARTICLE DISPARAIT DES ECRANS

    13 h 46, le 24 août 2019

  • Tant qu il y aura des Hommes .... Tant qu il y aura des Princes de l Emigration Libanaise à travers les Mers et les Continents L Australie L Afrique L Asie L Europe etc... Cœurs et âmes indéboulonnables de la Mere Patrie , en permanence , au Liban.... Notes d annotations positives ou négatives ... Fitch ou S & P ... Que dalle , Le Liban grâce à ses libanais à travers le monde demeurera ce qu il a toujours été par le passé présents sur le terrain au moment voulu... Nous supplions encore une fois les responsables politiques au pouvoir d en tirer les leçons, d instaurer d urgences une fois pour toute le STOP à la corruption .... La confiance renaîtra du jour au lendemain et la note A+ ne sera plus une chimère....

    Menassa Antoine

    12 h 28, le 24 août 2019

  • "...nous allons sortir de cette situation économique difficile à travers des décisions indispensables pour obtenir à nouveau la croissance..." Comment ??? Vous pensez sérieusement que nous pouvons encore vous croire ? Pourquoi n'avez-vous pas pris ces "décisions indispensabbles" depuis bientôt 3 ans que vous êtes à la tête de notre Etat, le Liban ? Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 11, le 24 août 2019

  • Pouett pouett cacahouette ..pshittttttttttttttttt………….

    FRIK-A-FRAK

    12 h 08, le 24 août 2019

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